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Le bastion libéral de LaSalle—Émard—Verdun pourrait bien tomber lundi prochain.
Le bastion libéral de LaSalle—Émard—Verdun pourrait bien tomber lundi prochain: un récent sondage de la firme Mainstreet Research révèle que le candidat du Bloc québécois, Louis-Philippe Sauvé, est en avance dans les intentions de vote dans cette circonscription où doivent se tenir des élections partielles dont le résultat aura une portée nationale.
Le coup de sonde donne 29,6 % des appuis au bloquiste. La candidate du Parti libéral du Canada, Laura Palestini, arrive deuxième avec 24,1 %, et celui du Nouveau Parti démocratique (NPD), Craig Sauvé, obtient la faveur de 23,0 % des répondants. Le candidat du Parti conservateur du Canada, Louis Ialenti, n'est pratiquement pas dans la course avec 7,3 %.
Le sondage a été réalisé de samedi à lundi par des appels automatisés auprès de 443 adultes qui résident dans la circonscription. Sa marge d'erreur est de 4,7 %, 19 fois sur 20.
Il confirme que le Bloc québécois maintient sa position de tête, alors qu'un autre sondage réalisé les 3 et 4 septembre par la même firme donnait 30,7 % au bloquiste, 23,3 % à la libérale, 19,4 % au néo-démocrate et 8,1 % au conservateur. La Presse Canadienne a pu consulter ce sondage dont les résultats n'avaient pas été rendus publics.
Mercredi, le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, reniflait déjà l'odeur de la victoire. «Ça sent bon, ça sent très bon», a-t-il lancé à des bénévoles en entrant dans le bureau de campagne. Et aux journalistes, il expliquait être «rendu au point où on court vers la ligne d’arrivée, sans regarder la distance de ceux qui sont peut-être en arrière».
Mais en entrevue avec La Presse Canadienne, mercredi soir, le président de Mainstreet Research, Quito Maggi, a prévenu que «rien n'est encore joué».
Selon lui, l'élément le plus intéressant du sondage est la forte progression du NPD en à peine quelques jours, une situation qu'il attribue à l'annonce par Jagmeet Singh que son parti déchire l'entente qui permettait aux libéraux de Justin Trudeau de se maintenir au pouvoir sans trop de craintes.
Il a raconté que son équipe et lui ont décidé de réaliser le deuxième sondage après avoir observé lors du premier que les intentions de vote pour les néo-démocrates augmentaient significativement au deuxième jour de la cueillette, soit le lendemain de l'annonce.
Et cette hausse du NPD pourrait se poursuivre, croit-il. «Pourraient-ils rattraper cette avance? Oui, c'est possible.»
À l'inverse, M. Maggi estime que le Bloc a fait «une grosse erreur» et pourrait perdre des plumes après avoir signalé dans les derniers jours qu'il envisage d'appuyer les libéraux lors de votes de confiance en échange d'éléments qui lui tiennent à cœur, comme augmenter les pensions des aînés ou davantage de pouvoirs en immigration pour le Québec.
«Des électeurs se disaient: "Nous n’allions pas voter pour le NPD parce qu’ils appuyaient les libéraux. Et maintenant, notre parti, le Bloc, va soutenir les libéraux? Peut-être devrais-je changer mon vote dans ce contexte"», a-t-il illustré.
Quant aux libéraux, leur «chemin» vers la victoire repose selon lui sur une division du vote et l'espoir que le vote d'opposition ne se «coagule» pas autour d'un des autres partis.
La sortie de vote, soit les efforts pour inciter les électeurs à aller voter le jour du scrutin, est un élément important lors des élections, particulièrement dans des partielles, alors que le résultat ne changera pas grand-chose à la composition de la Chambre des communes, a expliqué la politologue Geneviève Tellier de l'Université d'Ottawa.
Et, au-delà des machines électorales, les bloquistes bénéficient d'une prime à l'urne. Leur carte cachée réside dans le fait que leurs électeurs sont généralement plus âgés que ceux de leurs adversaires.
C'est qu'il s'avère qu'une étude d'Élections Canada publiée l'an dernier a estimé que 46,7 % des personnes âgées de 18 à 24 ans se sont rendues aux urnes lors des dernières élections générales, par rapport à 74,9 % chez leurs concitoyens âgés de 65 à 74 ans.
Il se jouera, lundi, dans LaSalle—Émard—Verdun bien plus qu'une course régionale, a insisté la professeure Tellier, alors que tous les observateurs décortiqueront le message qu'enverra le résultat.
«On veut savoir si les libéraux sont capables de garder des châteaux forts et si ce qui est arrivé dans Toronto–St. Paul's (où ils ont subi une cuisante défaite en juin) c’était juste un accident de parcours ou si c’est une tendance lourde qui se dessine», a-t-elle résumé.
Selon elle, une défaite serait «dramatique» pour les libéraux. Quant au Bloc et au NPD, il s'agira de déterminer qui se positionne comme la meilleure alternative aux libéraux.
Lors du dernier scrutin, l’ancien ministre de la Justice David Lametti avait été réélu avec 42,9 % des voix, terminant loin devant ses adversaires. Le candidat bloquiste avait recueilli 22,1 % des suffrages, celui du NPD était arrivé troisième (19,4 %) et le conservateur en avait obtenu 7,5 %. Le candidat du Parti populaire avait obtenu 3,4 % et celui du Parti vert 3,0 %.