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L'ambassadeur américain dit garder un oeil ouvert le budget de la défense

Il a également affirmé que l'objectif de l'alliance militaire de l'OTAN est de se défendre mutuellement en cas d'attaque.

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L'ambassadeur des États-Unis au Canada, Pete Hoekstra, à l'ambassade américaine à Ottawa, le 6 juin 2025. L'ambassadeur des États-Unis au Canada, Pete Hoekstra, à l'ambassade américaine à Ottawa, le 6 juin 2025. (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)

L'ambassadeur des États-Unis au Canada maintient que son pays ne dictera pas à son voisin du nord le montant qu'il doit consacrer à sa défense, mais il rappelle qu'il surveille la situation de près.

Pete Hoekstra dit que la Maison-Blanche n'a pas d'attentes précises envers les engagements pris par le Canada lors de la dernière rencontre de l'OTAN. 

«Nous n'attendons rien. Ce n'est pas notre rôle de créer des attentes», a-t-il déclaré dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne vendredi.

Il a également affirmé que l'objectif de l'alliance militaire de l'OTAN est de se défendre mutuellement en cas d'attaque.

Il a indiqué que les Américains n'ont pas oublié «l'investissement et le sacrifice» des troupes canadiennes en Afghanistan lorsque les États-Unis ont invoqué l'article du traité de l'OTAN sur la défense collective.

«Ils ont respecté l'engagement qu'ils avaient pris envers l'OTAN, à savoir que, lorsque l'un d'entre nous est attaqué, nous sommes tous attaqués et nous nous défendons les uns les autres», a ajouté M. Hoekstra à propos des soldats canadiens.

Il n'a pas commenté directement la déclaration du président américain Donald Trump en mars, selon laquelle Washington ne viendrait pas nécessairement en aide aux pays qui ne paient pas leur juste part en matière de défense et que le Canada a profité de la défense américaine du continent.

Il a toutefois souligné que le fait qu'Ottawa n'ait jamais atteint sa cible est «un irritant» dans les relations canado-américaines.

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Réunis cette semaine à Bruxelles, les ministres de la Défense de l'OTAN ont discuté de la possibilité de porter les dépenses de défense à 5 % du PIB, soit une hausse de trois points de pourcentage par rapport à l’objectif actuel. 

Le Canada n'a jamais atteint la cible de 2 % établie en 2006.

Donald Trump et le premier ministre Mark Carney sont engagés dans ce que les deux parties ont qualifié de discussions «intensives» en vue d’un nouvel accord économique et de sécurité sur lequel les deux dirigeants ont convenu de travailler une fois les élections canadiennes terminées en avril.

Les chiffres de l'OTAN indiquent que les dépenses de défense du Canada sont passées d'environ 1 % en 2014 à 1,33 % en 2023. Le rapport annuel du secrétaire général de l'OTAN, publié en avril, montre que les dépenses de défense du Canada atteindront 1,45 % en 2024.

Une analyse réalisée l'année dernière par l’Institut canadien des affaires mondiales indique que le Canada se classe au septième rang des pays membres de l'OTAN et au quatorzième rang des pays du monde en dollars absolus.

M. Carney a promis, au cours de la récente campagne électorale, de devancer de 2032 à 2030, voire plus tôt, la date limite à laquelle le Canada devra atteindre le seuil de 2 %, mais il n'a pas encore présenté de plan sur la façon d'y parvenir. Pour ce faire, le Canada devra injecter des milliards de dollars supplémentaires chaque année.

Des dépenses en forte hausse 

Les dirigeants des pays alliés se réuniront à la fin du mois aux Pays-Bas pour le sommet annuel de l’OTAN, où ils devraient convenir d’une augmentation massive de leurs engagements en matière de dépenses de défense.

Le nouveau plan prévoit que les pays membres investissent 3,5 % de leur PIB dans les dépenses de défense de base et 1,5 % dans les investissements liés à la sécurité, comme les infrastructures. Cette proposition survient dans un contexte d'affaiblissement des engagements américains et d'une Russie revancharde.

Ces dernières années, tant les démocrates que les républicains ont exhorté le Canada à renforcer sa défense de l'Arctique, et la précédente administration Biden a fait l'éloge d'une grande partie de ce qu'Ottawa a présenté dans sa politique étrangère pour l'Arctique l'année dernière.

M. Trump a laissé entendre que la défense de l'Arctique faisait partie de son projet de «Dôme doré», un bouclier antimissile continental. Le 27 mai, le président a déclaré qu'il avait dit à Ottawa que la participation au projet coûterait 61 milliards $ US.

M. Hoekstra a indiqué qu'il n'avait pas vu la ventilation des coûts, mais que le montant payé par le Canada serait «proportionnel à ce que nous pensons que la part canadienne devrait être».

Le ministre de la Défense, David McGuinty, a affirmé que le Canada réexamine actuellement ses dépenses de défense «de fond en comble» et qu'il en dirait davantage sur ses projets bientôt, même si le gouvernement Carney ne présentera pas de budget avant l'automne.

M. Hoekstra a présenté l'OTAN comme un élément du vaste partenariat que les États-Unis entretiennent avec le Canada en matière de sécurité, qui comprend également la sécurisation des flux d'énergie et la lutte contre les drogues illicites.

«Nous devons prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de nos concitoyens», a déclaré M. Hoekstra.

Il a ajouté que M. Trump essayait de sortir les États-Unis d'une trajectoire insoutenable, qu'il a décrite comme des millions de personnes traversant la frontière américaine sans papiers, des dépenses dépassant largement les revenus du gouvernement et d'importants déficits commerciaux.

«Le président est en train de transformer cela, parce que nous en avons besoin», a-t-il dit. 

Les discussions entre Donald Trump et Mark Carney porteront probablement sur la vaste réforme de la sécurité aux frontières que les libéraux ont présentée au Parlement la semaine dernière. Vendredi, M. Hoekstra n'avait pas encore examiné la législation.

L'ambassadeur a soutenu qu'il se concentrait sur des politiques gagnant-gagnant pour les deux pays et non sur la perspective que le Canada devienne un État américain, même si M. Trump a évoqué cette idée comme un moyen pour les Canadiens d'économiser sur le coût de l'adhésion à son projet de «Dôme doré».

L'ancien diplomate canadien Colin Robertson a déclaré que M. Hoekstra était limité dans sa capacité à s'écarter des commentaires de M. Trump, mais il a ajouté que l'ambassadeur avait un accès privilégié au président et que son message public révélait probablement la manière dont il conseillait M. Trump.

Dylan Robertson

Dylan Robertson

Journaliste