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L'administration Trump met sur pause l'octroi de visas médicaux pour les Gazaouis

«Il s'agit d'un programme de soins médicaux, et non d'un programme de réinstallation de réfugiés.»

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6ee07292d7bf811a695c7d359901ecbe232eb9a1413b2187479fa7c45abe881a.jpg Le président américain Donald Trump sort d'Air Force One alors qu'il arrive au Maryland après sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, le 16 août 2025. (Photo AP/Manuel Balce Ceneta)

Un jour après que l'activiste conservatrice Laura Loomer a publié sur les réseaux sociaux des vidéos d'enfants de Gaza arrivant aux États-Unis pour des soins médicaux, où elle s'interrogeait sur la manière dont ils avaient obtenu leurs visas, le Département d'État a annoncé la suspension de tous les visas de visiteur pour les Gazaouis jusqu'à ce qu'un examen de la situation soit fait.

Le Département d'État a annoncé samedi que les visas seraient suspendus pendant qu'il enquête sur la manière dont «un petit nombre de visas temporaires pour des raisons médicales humanitaires» ont été délivrés ces derniers jours. Le secrétaire d'État Marco Rubio a affirmé dimanche à l'émission Face the Nation sur CBS que cette mesure faisait suite à «des démarches de plusieurs bureaux du Congrès posant des questions à ce sujet».

M. Rubio a déclaré que «seul un petit nombre» de visas avaient été délivrés à des enfants nécessitant une aide médicale, mais qu'ils étaient accompagnés d'adultes. Les bureaux du Congrès ont présenté des preuves que «certaines des organisations qui se vantent d'avoir obtenu ces visas et qui sont impliquées dans leur obtention entretiennent des liens étroits avec des groupes terroristes comme le Hamas», a-t-il affirmé, sans fournir ces preuves ni nommer les organisations. En conséquence, a-t-il déclaré, «nous allons suspendre ce programme et réévaluer la manière dont ces visas sont examinés et, s'il y en a, la participation de ces organisations au processus d'obtention de ces visas.»

Vendredi, Mme Loomer a publié des vidéos sur X montrant des enfants de Gaza arrivés plus tôt ce mois-ci à San Francisco et Houston pour y être soignés avec l'aide d'une organisation appelée HEAL Palestine. «Même si les États-Unis disent que nous n'acceptons pas de "réfugiés" palestiniens sous l'administration Trump», ces personnes de Gaza ont pu se rendre en Amérique, a-t-elle déclaré.

Elle a affirmé qu'il s'agissait d'une «menace pour la sécurité nationale» et a demandé qui avait approuvé les visas, appelant à son licenciement. Elle a mentionné M. Rubio, le président Donald Trump, le vice-président J.D. Vance, le gouverneur républicain du Texas Greg Abbott et le gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom dans sa publication.

Le président Trump a minimisé l'influence de Mme Loomer sur son administration, mais plusieurs responsables ont rapidement quitté leur poste ou ont été démis de leurs fonctions peu après ses critiques publiques. Dimanche, le Département d'État a refusé de commenter le nombre de visas accordés et de préciser si la décision de suspendre l'octroi de visas aux personnes originaires de Gaza avait un lien avec les publications de Mme Loomer.

Manque d'aide humanitaire

Dimanche, HEAL Palestine s'est dit consterné par la décision du Département d'État de suspendre l'octroi de visas de visiteur en provenance de Gaza. Le groupe a affirmé être «une organisation humanitaire américaine à but non lucratif fournissant une aide d'urgence et des soins médicaux aux enfants de Palestine».

Une publication de jeudi sur la page Facebook de l'organisation montre la photo d'un garçon de Gaza quittant l'Égypte et se dirigeant vers la ville de Saint-Louis pour y être soigné. Il est indiqué qu'il s'agit du «15e enfant évacué arrivant aux États-Unis ces deux dernières semaines».

L'organisation fait venir aux États-Unis des «enfants gravement blessés» avec des visas temporaires pour qu'ils puissent recevoir des soins qu'ils ne peuvent pas recevoir chez eux, précise le communiqué. Après les soins, les enfants et les membres de leur famille qui les accompagnaient retournent au Moyen-Orient, assure le communiqué.

«Il s'agit d'un programme de soins médicaux, et non d'un programme de réinstallation de réfugiés», précise-t-il. L'Organisation mondiale de la Santé a appelé à plusieurs reprises à davantage d'évacuations médicales depuis Gaza, où la guerre de plus de 22 mois menée par Israël contre le Hamas a lourdement endommagé le système de santé du territoire.

«Plus de 14 800 patients ont encore besoin de soins médicaux vitaux qui ne sont pas disponibles à Gaza», a indiqué mercredi le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur les réseaux sociaux. Il a appelé davantage de pays à apporter leur soutien.

Une description du processus d'évacuation médicale de Gaza, publiée l'année dernière, expliquait que l'OMS soumettait des listes de patients aux autorités israéliennes pour obtenir une autorisation de sécurité. Elle soulignait qu'avant le début de la guerre à Gaza, 50 à 100 patients quittaient Gaza chaque jour pour se faire soigner, et elle appelait à un taux d'approbation plus élevé de la part des autorités israéliennes.

L'ONU et ses partenaires affirment que les médicaments et les fournitures médicales de base sont rares à Gaza, depuis qu'Israël a interrompu toute aide à ce territoire de plus de 2 millions d'habitants pendant plus de 10 semaines plus tôt cette année.