La police israélienne a fait usage de canons à eau sur la foule et procédé à des dizaines d'arrestations dimanche, alors que des manifestants réclamant un accord sur la libération des otages intensifiaient leur campagne avec une journée de grève nationale, bloquant des routes et fermant des commerces.
Cette «journée de grève» a été organisée par deux groupes représentant des familles d'otages et des familles endeuillées, quelques semaines après la diffusion par des groupes militants de vidéos d'otages émaciés et l'annonce par Israël de son intention de lancer une nouvelle offensive.
Les manifestants craignent que de nouveaux combats ne mettent en danger les otages capturés par le Hamas le 7 octobre 2023 qui seraient toujours en vie. Israël estime qu'une vingtaine d'otages sont vivants, tandis que le Hamas détient les restes d'une trentaine d'autres.
Les manifestants se sont rassemblés à des dizaines de points à travers Israël, notamment devant les domiciles de responsables politiques, les quartiers généraux de l'armée et sur les principaux axes routiers, où ils ont été aspergés par des canons à eau alors qu'ils bloquaient des voies et allumaient des feux. Certains restaurants et théâtres ont fermé en signe de solidarité.
Parmi les manifestants à Tel-Aviv se trouvait une femme portant la photo d'un enfant émacié de Gaza. De telles images, autrefois rares lors des manifestations israéliennes, apparaissent désormais plus fréquemment, l'indignation grandissant face aux conditions de vie dans le territoire.
La police a rapporté avoir arrêté 38 personnes lors de cette manifestation nationale, l'une des plus violentes depuis le tollé suscité par la mort de six otages à Gaza en septembre dernier.
«La pression militaire ne ramène pas les otages, elle les tue seulement», a déclaré l'ancien otage Arbel Yehoud, lors d'une manifestation sur la place des otages de Tel-Aviv. «Le seul moyen de les ramener est de parvenir à un accord, d'un seul coup», a-t-il ajouté.
Le premier ministre Benyamin Nétanyahou et ses alliés s'opposent à tout accord qui maintiendrait le Hamas au pouvoir.
La fin du conflit ne semble donc pas proche. M. Nétanyahou a exigé la libération immédiate des otages, mais il doit composer avec des pressions contradictoires, hanté par le risque de mutinerie au sein de sa coalition.
«Ceux qui appellent aujourd'hui à la fin de la guerre sans vaincre le Hamas non seulement durcissent la position du Hamas et retardent la libération de nos otages, mais ils garantissent également que les horreurs du 7 octobre se reproduiront», a affirmé M. Nétanyahou dimanche, faisant apparemment référence aux manifestations.
La dernière fois qu'Israël a accepté un cessez-le-feu ayant permis la libération d'otages, des membres d'extrême droite de son cabinet ont menacé de renverser le gouvernement Nétanyahou.
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a qualifié dimanche la journée de grève de «campagne néfaste et nuisible qui fait le jeu du Hamas, enfouit les otages dans les tunnels et tente d'amener Israël à se rendre à ses ennemis, mettant ainsi en péril sa sécurité et son avenir».
Décès près de points d'aide humanitaire
Des hôpitaux et des témoins oculaires à Gaza ont signalé qu'au moins 17 demandeurs d'aide humanitaire avaient été tués par les forces israéliennes dimanche, dont neuf qui attendaient des camions d'aide près du corridor de Morag.
En réponse aux questions concernant les décès signalés par l'hôpital à la suite de deux incidents survenus à proximité de ses sites, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), qui gère les points de distribution, a déclaré qu'il n'y avait pas eu de coups de feu dimanche «sur ou à proximité» de ses sites, qui se trouvent dans des zones contrôlées par l'armée.
L'armée israélienne n'a pas immédiatement répondu aux questions concernant les frappes dans ces trois zones.
La guerre aérienne et terrestre d'Israël a déjà tué des dizaines de milliers de personnes à Gaza et déplacé la majeure partie de la population. Les Nations unies alertent sur le fait que les niveaux de famine et de malnutrition à Gaza sont à leur plus haut niveau depuis le début de la guerre.
Dimanche, deux enfants sont morts de malnutrition à Gaza, portant le total à sept au cours des dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé, qui fait partie du gouvernement dirigé par le Hamas et dont le personnel est composé de professionnels de la santé. L'ONU et des experts indépendants le considèrent comme la source la plus fiable concernant le nombre de victimes. Israël conteste ses chiffres, mais n'a pas fourni les siens.
