L'Université Harvard n'en a pas fait assez pour protéger les étudiants juifs contre le harcèlement, révèle une enquête menée par l'administration Trump, qui menace désormais de couper tous les financements fédéraux de l'université si celle-ci ne prend pas de mesures adéquates.
Un groupe de travail fédéral a adressé une lettre à Harvard lundi, affirmant que la prestigieuse institution avait violé les lois sur les droits civiques exigeant des universités qu'elles protègent les étudiants contre la discrimination fondée sur l'origine ethnique ou nationale.
Selon le groupe de travail, les enquêteurs ont constaté que Harvard avait parfois «participé délibérément au harcèlement antisémite des étudiants, des professeurs et du personnel juifs» et que les dirigeants avaient laissé l'antisémitisme se propager sur le campus de Cambridge, dans le Massachusetts.
«L'absence de changements adéquats dans l'immédiat entraînera la perte de toutes les ressources financières fédérales et continuera d'affecter les relations de Harvard avec le gouvernement fédéral», ont soutenu des responsables dans la lettre, obtenue par l'Associated Press et initialement rapportée par le «Wall Street Journal».
Harvard n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.
Cette enquête s'ajoute aux frictions entre la Maison-Blanche et Harvard, qui a perdu plus de 2,6 milliards $ US en subventions fédérales pour la recherche après avoir rejeté une série de demandes exigeant des changements radicaux dans sa gouvernance, son recrutement et ses admissions.
L'administration Trump accuse Harvard depuis des mois de tolérer l'antisémitisme sur son campus, mais les conclusions de l'enquête officielle ouvrent la voie à la négociation d'un accord ou, à défaut, à une tentative de priver l'université de financements fédéraux.
L'enquête porte principalement sur les manifestations qui ont eu lieu sur le campus en lien avec la guerre entre Israël et le Hamas. Elle indique que le campus a été «envahi par un campement illégal pendant plusieurs semaines» qui a semé la peur chez les étudiants juifs et israéliens et perturbé leurs études.
L'enquête accuse Harvard d'avoir imposé une discipline laxiste et incohérente envers les étudiants ayant participé à ces campements, précisant qu'aucun de ceux-ci n'avait été suspendu.
Le président de Harvard, Alan Garber, a reconnu les problèmes d'antisémitisme et de préjugés antimusulmans sur le campus, mais affirme que Harvard a fait des progrès à cet égard. Il a annoncé de nouvelles initiatives en avril, après la publication par Harvard de rapports internes faisant état d'antisémitisme et d'islamophobie sur le campus.
«Harvard ne peut pas – et ne tolérera pas – le sectarisme», avait alors écrit M. Garber en publiant ces rapports.
La lettre de lundi conclut que Harvard a violé le Titre VI de la loi sur les droits civiques de 1964. De telles conclusions ont presque toujours été résolues par des accords volontaires entre les établissements et le gouvernement fédéral. L'administration Trump a toutefois adopté une position beaucoup plus ferme que ses prédécesseurs.
Cela fait des décennies qu'une administration n'a même pas tenté de priver totalement une école de son financement fédéral pour violation des droits civiques.
