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Les agressions seraient perpétrées principalement par des élèves.
Malgré les gestes posés par le gouvernement Legault ces dernières années, la violence envers le personnel de soutien scolaire ne cesse d'augmenter, affirment deux syndicats.
Un sondage mené auprès de quelque 6000 membres de la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN) suggère que 52 % d'entre eux auraient subi de la violence physique.
En 2022, c'était plutôt 37 %, selon une enquête similaire de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Les agressions seraient perpétrées principalement par des élèves, mais aussi, dans de plus faibles proportions, par des parents, des collègues et des membres de la direction, selon la FEESP.
En plus des attaques avec objets, le syndicat déplore les cris, le langage grossier, les menaces de mort ainsi que les gestes à caractère sexuel.
Il rappelle que la grande majorité des personnes ayant répondu au sondage sont des femmes.
Plus de 700 personnes auraient été menacées de mort, et 247 se seraient fait toucher les parties intimes, selon ce plus récent coup de sonde.
Une situation complètement inacceptable, dénonce en entrevue la présidente de la FEESP pour le secteur scolaire, Annie Charland.
Elle reconnaît que le gouvernement Legault a déployé en 2023 un Plan de prévention de la violence et de l'intimidation à l'école, et instauré cette année une semaine thématique.
Un protocole visant à uniformiser les pratiques en matière de prévention et d’intervention face à la violence a également été introduit.
Or, «ça ne change pas grand-chose», laisse tomber Mme Charland, disant avoir elle-même essuyé des coups, s'être fait cracher dessus et traiter de tous les noms.
«Se faire dire: "T'es laide, t'es innocente", c'est une chose. Mais se le faire dire à tous les jours, ça devient dur psychologiquement», illustre-t-elle.
Des quelque 6000 employés qui ont répondu au sondage, 26 % songent désormais à quitter leur emploi. Le chiffre obtenu en 2022 par l'INSPQ était de 19 %.
Le constat de la FEESP comme quoi la situation s'aggrave est partagé par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). Son président, Éric Gingras, tire la sonnette d'alarme.
«Peu importe la catégorie d'emploi, que ce soit le personnel de soutien, les professionnels ou les profs, tous les chiffres à l'interne sont en train d'augmenter», a-t-il déclaré en entrevue.
«Tout le monde maintenant trouve que c'est grave, qu'on doit s'en occuper. Par contre, le problème qu'on a, c'est que ça sort des murs de l'école. C'est un problème de société», a-t-il ajouté.
Les syndicats demandent à court terme au gouvernement d'inclure le secteur de l'éducation dans son projet de loi 101, Loi visant l'amélioration de certaines lois du travail.
Cela permettrait d'augmenter la protection en santé et sécurité au travail pour l'ensemble des employés du réseau de l'éducation, soutiennent-ils.
Réactions à l'Assemblée nationale
Les résultats du sondage de la FEESP ont fait réagir à l'Assemblée nationale, les partis d'opposition réclamant une intervention de la ministre de l'Éducation, Sonia LeBel.
«C'est vraiment une horreur. Ça n'a pas de bon sens que des gens viennent travailler dans nos écoles publiques puis se fassent violenter», a réagi en point de presse la cheffe parlementaire de Québec solidaire, Ruba Ghazal.
«Les gens qui (...) tiennent à bout de bras nos écoles (...) ont besoin de renforts et d'investissements en éducation. (...) Il est où, le plan? Est-ce que Sonia LeBel peut (...) avoir un plan?» a-t-elle demandé.
«Sonia LeBel se retrouve à peu près devant une page blanche dans ce dossier-là», a déploré le député péquiste Alex Boissonneault, qui exhorte la ministre à agir «puis que ça aille au-delà d'une simple campagne de sensibilisation».
«C'est dramatique, croit également le chef libéral Pablo Rodriguez. Il y a un travail à faire à tous points de vue, notamment au niveau des parents à la maison, (...) les réseaux sociaux qui véhiculent énormément aussi de violence.
«Il faut que les parents puissent avoir un dialogue avec les enfants, parce que ça ne peut pas continuer», a-t-il affirmé.
Lors d'une brève mêlée de presse mardi, Mme LeBel a dit trouver la situation «inacceptable». «Tout cas de violence dans une école est préoccupant. Je pense qu'il faut comprendre que c'est l'affaire de la communauté», a-t-elle dit.
«On a mis en place des plans (...), on a ajouté du personnel. Je pense qu'il va falloir en faire un suivi serré. Il faut laisser le temps à tout ça aussi (...) de bien implanter et agir», a-t-elle ajouté.