Un expert en sécurité des jeunes sur Internet et les réseaux sociaux affirme que les élèves qui participent à la tendance TikTok connue sous le nom de «the pisser» ne comprennent peut-être pas les conséquences auxquelles ils s'exposent s'ils se font prendre, notamment des poursuites pénales.
«Nous envisageons des accusations potentielles d'intrusion et de méfait», a indiqué Paul Davis à CTVNews.ca lors d'une entrevue mercredi. «Je connais personnellement deux cas de suspension qui se sont produits à l'école, et... j'ai aidé un directeur à identifier la personne qui se trouvait à l'école.»
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Cette tendance, qui a vu le jour sur TikTok aux États-Unis le mois dernier, consiste pour des utilisateurs anonymes à se filmer en train d'uriner sur ou autour de l'enceinte de l'école, avec en fond sonore un extrait de la série télévisée Dexter dans lequel un homme dit : «Ce soir, c'est le grand soir, et ça va se reproduire encore et encore.»
Les vidéos sont souvent tournées à l'extérieur des écoles la nuit, ce qui équivaut à une intrusion dans la plupart des juridictions. M. Davis, qui parcourt le pays pour sensibiliser les enfants et les jeunes à la sécurité numérique, a déclaré avoir commencé à voir des vidéos de « pisseurs » en Ontario au début du mois.
«J'ai remarqué que, généralement, lorsqu'une tendance apparaît sur TikTok aux États-Unis, il faut environ trois semaines pour qu'elle arrive au Canada, et cela a été le cas ici. Cela a pris environ trois semaines, peut-être quatre, avant que je commence à voir ces vidéos», a-t-il expliqué.
«La vidéo originale montrait une personne qui se rendait sur le campus d'une université et urinait ou faisait semblant d'uriner à l'aide d'une bouteille d'eau. Mais bien sûr, on ne voit rien. Tout ce qu'on voit, c'est la caméra dans le bâtiment, puis un jet, si vous voulez.» -
Au Canada, M. Davis a affirmé avoir également vu des vidéos au Québec et en Alberta, ajoutant que la « tendance à l'imitation » se propageait rapidement.
«Ce que font les enfants, c'est qu'ils regardent ces vidéos, puis ils reproduisent ces actes dans leur école. Si vous regardez les commentaires, d'autres enfants disent: "Hé, viens dans mon école, on a besoin de toi"», a-t-il soutenu.
«Ensuite, un imitateur de cette école crée un compte.»
Une recherche sur TikTok jeudi a permis de trouver des dizaines de comptes «pisseurs» associés à différentes écoles ou lieux, avec des vidéos prises à l'extérieur et à l'intérieur de lycées et d'universités.
Un porte-parole du service de police de Toronto a indiqué à CTVNews.ca qu'il n'avait pas connaissance de poursuites judiciaires liées à cette tendance, mais a souligné que le fait d'uriner en public est illégal en vertu de la loi provinciale sur les infractions de l'Ontario.
La police régionale de Peel, en Ontario, a déclaré à CTVNews.ca qu'elle était au courant de cette tendance et que le bureau des enquêtes du service enquêtait sur un incident à Mississauga, sans toutefois pouvoir confirmer s'il était directement lié à cette tendance, car l'affaire est toujours en cours d'enquête.
«Responsabilité de leurs actes»
M. Davis a affrmé que lors de ses présentations aux élèves, il passe beaucoup de temps à parler de ce qu'il appelle la réalité par opposition à la fiction en matière d'empreintes numériques.
«Je leur dis: "Je sais que vous croyez que les choses disparaissent sur Snapchat, mais ce n'est pas le cas. Je sais que vous croyez être invincibles lorsque vous prenez votre téléphone et que vous êtes seuls dans votre chambre, mais ce n'est pas le cas"», a-t-il dit.
«Ma présentation comprend plusieurs diapositives qui traitent des traces numériques et du fonctionnement de la technologie, et cela devient technique, car ce que je voudrais inculquer aux enfants, c'est qu'ils sont responsables de leurs actes au quotidien.»
Il rappelle également aux élèves que, dans la plupart des cas, leurs téléphones appartiennent techniquement à leurs parents et que toute enquête policière impliquant un téléphone portable commence par le propriétaire avant d'atteindre l'utilisateur principal de l'appareil.
«Lorsque vous utilisez cet appareil, vos actions ont un impact qui va bien au-delà de vous-même. Cela concerne vos parents, vos tuteurs, vos aidants. Cela peut même concerner votre école», a ajouté M. Davis.
Dans une publication Facebook publique le 5 octobre, Davis a mis en garde les directeurs d'école contre cette tendance. La publication a reçu de nombreux commentaires de parents affirmant que leurs enfants leur avaient parlé de vidéos similaires enregistrées dans leur école ou aux alentours.
Davis a exprimé qu'il espérait que sa discussion franche avec les élèves sur les conséquences de leurs actions en ligne dissuaderait la plupart d'entre eux de participer à cette tendance et à d'autres similaires, même si certains continueront probablement à ignorer son message.
«Ils savent que cela se produit... mais grâce à l'éducation, ils sauront comment l'éviter. Si aucune éducation n'est mise en place, ils risquent de défier le système et de passer à l'acte», a-t-il dit.
«Nous n'allons donc pas changer l'humanité. Nous allons changer la majorité grâce à l'éducation et en leur inculquant le sens des responsabilités, en leur faisant comprendre que leurs mauvais choix ont des conséquences.»

