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Depuis le début de la pandémie de COVID-19, en mars 2020, la médecine à distance a connu une popularité exponentielle. Deux ans plus tard, la vérificatrice générale craint que cet essor soudain ait un impact négatif sur la qualité des soins offerts à la population.
Dans son rapport annuel 2021-2022, rendu public mercredi, Guylaine Leclerc ne cache pas son inquiétude en constatant que le ministère de la Santé n’a pas prévu l’encadrement nécessaire à apporter aux médecins pour qu’ils effectuent les consultations à distance dans les règles de l’art, donc uniquement quand un examen physique n’est pas requis.
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De plus, elle constate que le ministère de la Santé, pas plus que les établissements de santé, n’était pas prêt à effecteur un tel changement dans ses pratiques.
Depuis, le ministère dirigé par Christian Dubé n’a toujours pas évalué dans quelle mesure la médecine à distance a pu contribuer à améliorer la qualité des soins dispensés aux patients.
Résultat: dans l’état actuel des choses, la pratique de la médecine à distance «pourrait avoir des conséquences sur la qualité des soins offerts», conclut-elle dans son rapport déposé à l’Assemblée nationale.
Le décret d’urgence sanitaire, adopté par le gouvernement Legault en mars 2020, a permis aux médecins d’être rémunérés pour les actes médicaux effectués à distance, ce qui n’était pas le cas auparavant. En moins de deux, la pratique s’est répandue comme une traînée de poudre, mais sans véritable encadrement.
Ces consultations à distance auprès d’un médecin de famille ont été faites par téléphone, dans 99 % des cas. Or, souligne Mme Leclerc, «certains actes médicaux requièrent un contact visuel avec le patient, voire un examen physique».
Depuis le printemps 2020, la consultation par téléphone est devenue la norme pour un grand nombre de médecins. En avril 2021, 293 médecins disaient effectuer plus de 90 % de leurs consultations à distance. Cette pratique était privilégiée dans plus de 40 % des cas pour 2367 médecins, selon les données obtenues du ministère.
La pratique de la médecine à distance n’est pas nouvelle, cependant. Sur une base expérimentale, elle est dans le décor depuis de nombreuses années, dans le but de favoriser une meilleure accessibilité aux soins de santé. Plusieurs initiatives ont été menées au cours des 20 dernières années pour accélérer son expansion, mais aucune n’a donné les résultats escomptés à ce jour, dit la vérificatrice. Certaines n’ont même pas fait l’objet de suivi.
En 2018, le gouvernement s’était fixé l’objectif d’augmenter de 40 % le nombre de téléconsultations dans les régions éloignées avant 2020. L’objectif n’a pas été atteint. Souvent, le problème est lié à la technologie. Les infrastructures ne sont pas là.
La vérificatrice générale en conclut que le ministère devra à l’avenir mieux encadrer la télémédecine, notamment en précisant quels actes peuvent être effectués à distance, en toute sécurité pour le patient.
Le ministère a réagi aux constats et recommandations du Vérificateur général du Québec, en faisant valoir que la télésanté s’était développée dans un contexte exceptionnel d’urgence sanitaire, et en admettant que les changements survenus n’ont «pas pu être déployés de la façon souhaitée».