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«Cette situation soulève une fois de plus la question de la formation continue des policiers.»
Le rapport d’enquête de Me Luc Malouin sur la mort de Koray Kevin Celik, 28 ans, conclut que l’intervention policière «n’a pas été faite en application des principes élémentaires d’une bonne intervention».
Aucun policier participant à l’intervention n’avait reçu la formation en désescalade et en intervention auprès des personnes en crise, et ce, malgré leur nombre d’années d’expérience au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
«Cette situation soulève une fois de plus la question de la formation continue des policiers», peut-on lire dans le rapport.
Le coroner rappelle l’existence du principe selon lequel les policiers peuvent utiliser la force nécessaire pour «contrer une situation qui met en danger leur vie». Cependant, il estime qu’il n’est pas applicable dans les circonstances.
«Je considère que ce principe et cette justification de la force ne peuvent trouver application dans une situation où les policiers se sont eux-mêmes mis en danger et ont provoqué l’utilisation de la force», écrit-il.
Dans la nuit du 5 mars 2017, une dispute a éclaté entre M. Celik et ses parents. Le jeune homme a souhaité prendre la voiture pour aller acheter des pilules pour dormir, mais sa mère a refusé de lui donner les clés, considérant qu’il se trouvait dans un état de capacités affaiblies. Inquiets, les parents de M. Celik ont appelé le 911.
Aussitôt sur les lieux, un conflit verbal puis physique a éclaté entre l’homme de 28 ans et les policiers. Quatre agents l’ont finalement maîtrisé et menotté au sol. Selon ses parents, les policiers ont utilisé une force excessive, frappant à plusieurs reprises leur fils avec leurs pieds et leurs genoux.
Dans les instants suivants, les policiers ont remarqué que M. Celik ne respirait plus. Les autorités ont tenté de le maintenir en vie pendant plusieurs heures, durant lesquelles ses signes vitaux étaient aléatoires.
Finalement, un médecin de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal a constaté le décès du jeune homme à 5h11, le même matin.
Le coroner relève également des lacunes au niveau de la communication. Durant l’enquête, des témoignages ont mis en lumière le fait que des informations supplémentaires auraient pu être utiles aux policiers.
La collecte de renseignements permet de mieux comprendre la situation en jeu afin d’établir un plan d’action, souligne Me Malouin. «Or, ici, hormis pour les renseignements sommaires de la carte d’appel, il n’y a eu aucune collecte d’information et aucune planification entre les deux agents arrivés premiers sur les lieux.»
Durant les interrogatoires, les quatre policiers impliqués dans cette intervention ont soutenu qu’au départ, il ne s’agissait que d’un appel de routine, selon leur compréhension.
Le corps de M. Celik présentait des lésions superficielles, et une hypertrophie cardiaque a été observée à l’autopsie. Des analyses ont révélé un taux d’alcoolémie à 47 mg/100 mL, la présence de deux médicaments à taux thérapeutique et un à taux thérapeutique élevé, de la cocaïne, de la MDA et du métabolite de cannabis.
«Le pathologiste a conclu à un décès attribuable à une intoxication/réaction adverse à un mélange d’alcool, de médicaments et de drogues d’abus dans le cadre d’un syndrome du délirium agité», peut-on lire dans le rapport du coroner.
Enfin, Me Malouin a formulé une seule recommandation à la Ville de Montréal et à l’École nationale de police du Québec: analyser la possibilité de mettre en place un protocole de communication afin de transmettre la bonne information aux policiers, notamment lorsque ceux-ci répondent à un appel qui concerne l’état mental d’une personne et son agressivité.
L'enquête s'est déroulée sans la participation de la famille Celik, qui croit que le processus a été monté contre elle.
La police de Montréal a refusé de commenter le rapport, vendredi.
La famille Celik poursuit séparément la Ville de Montréal et le service ambulancier de la municipalité. Le dossier est toujours devant les tribunaux.
La famille a par ailleurs obtenu 30 000 $ en dommages-intérêts après avoir poursuivi le BEI au sujet d'un communiqué de presse qui ne donnait que la version policière des événements, alléguant que M. Celik avait agi de manière agressive -- une version qui contredisait celle de ses parents.
Le tribunal a donné raison à la famille, estimant que la déclaration de l'organisme de surveillance de la police n'était ni neutre ni impartiale.
Avec des informations de la Presse canadienne.