International

La flottille pour Gaza «en cours d'arraisonnement», selon la France

Plusieurs gouvernements européens ont appelé la Global Sumud Flotilla à ne pas s’approcher davantage du territoire palestinien.

Mis à jour

Publié

Un bateau faisant partie de la flottille pour Gaza afin d'acheminer de l'aide humanitaire malgré le blocus israélien sur le territoire palestinien, dans le port tunisien de Bizerte, le 13 septembre 2025. Un bateau faisant partie de la flottille pour Gaza afin d'acheminer de l'aide humanitaire malgré le blocus israélien sur le territoire palestinien, dans le port tunisien de Bizerte, le 13 septembre 2025. (AP Photo)

Les bateaux de la flottille pour Gaza, qui se trouvaient mercredi soir au large de l'Égypte, sont «en cours d'arraisonnement par les autorités israéliennes», a annoncé le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot. 

«La France appelle les autorités israéliennes à assurer la sécurité des participants, à leur garantir le droit à la protection consulaire, et à permettre leur retour en France dans les meilleurs délais», a affirmé sur X le ministre, qui avait «formellement déconseillé à tout ressortissant français de se rendre dans la zone».

Selon la diplomatie française, l’ambassade et le consulat de France à Tel Aviv sont «en contact constant avec les autorités israéliennes compétentes afin de solliciter, dès l’arrivée de nos compatriotes sur le sol israélien, l’exercice de la protection consulaire et permettre leur libération et leur retour en France dans les meilleurs délais».

Plusieurs gouvernements européens ont appelé la Global Sumud Flotilla («sumud» signifie «résilience» en arabe) à ne pas s’approcher davantage du territoire palestinien.

Lancée à partir de l’Espagne début septembre, cette flottille qui se présente comme une «mission pacifique et non violente d’aide humanitaire», compte environ 45 bateaux avec des centaines de militants propalestiniens originaires de plus de 40 pays.

Interrogée par l’AFP via whatsapp sur les risques d’interception par la marine israélienne, la députée française LFI (gauche radicale), Marie Mesmeur, a indiqué vers 17H00 GMT qu’«au moins 12 bateaux apparaissent sur nos radars, face à nous et se rapprochent vite».

«Dans tous les cas, ce soir c’est la dernière nuit, quoiqu’il se passe, soit nous arriverons à Gaza demain matin, soit nous serons interceptés avant», a-t-elle ajouté.

Deux heures plus tôt, la flottille était selon les organisateurs à moins de 90 milles nautiques (environ 170 km) de la bande de Gaza, où Israël mène une offensive dévastatrice en représailles à l’attaque sans précédent du Hamas palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

La Global Sumud se trouve au cœur «de la zone à haut risque», où la marine israélienne avait intercepté deux voiliers d’aide humanitaire, le Madleen et le Handala en juin et juillet derniers.

Le petit-fils de Nelson Mandela et ex-député sud-africain Mandla Mandela, la militante suédoise Greta Thunberg, la députée européenne franco-palestiniennne Rima Hassan et l’ancienne maire de Barcelone Ada Colau participent à cette action destinée «à briser le blocus de Gaza» et fournir «une aide humanitaire à une population assiégée confrontée à la famine et au génocide».

Les «tactiques d’intimidation israéliennes» de la nuit dernière «n’ont fait que renforcer notre détermination à poursuivre notre route», selon un communiqué publié par la flottille.

«Manœuvres de harcèlement»

Mercredi à l’aube, «les forces navales de l’occupation israélienne ont lancé une opération d’intimidation» contre la flottille, selon le texte. Un navire de guerre a fait des cercles «pendant plusieurs minutes» autour de l’un des principaux bateaux, Alma.

Les communications ont été «désactivées à distance» et le capitaine a «dû effectuer une manœuvre brusque pour éviter une collision» avec le navire israélien.

«Peu après, le même navire (israélien) a pris pour cible Sirius, répétant les mêmes manœuvres de harcèlement pendant une période assez longue avant de repartir», d’après la même source.

Marie Mesmeur, qui se trouve à bord du Sirius, a dit à l’AFP avoir vu au moins deux navires non identifiés dont un «très proche» et «un bateau militaire avec une énorme lumière pointée sur nous».

L’Italie et l’Espagne avaient dépêché des navires militaires pour escorter la flottille après des «attaques par drones» dans la nuit du 23 au 24 septembre, dénoncées par l’ONU et l’Union européenne, similaires à deux attaques attribuées à Israël par la flottille quand elle était ancrée le 9 septembre près de Tunis.

Mais mercredi, le gouvernement espagnol a demandé à Global Sumud «de ne pas entrer dans les eaux désignées comme zone d’exclusion par Israël» et souligné que le navire espagnol ne franchirait pas cette limite.

Zone «critique»

La veille, la flottille avait dénoncé une décision de l’Italie de stopper, à la limite de la zone «critique» des 150 milles nautiques, la frégate chargée de les accompagner, afin «de dissuader et miner une mission humanitaire pacifique».

Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a dit espérer «que le gouvernement de (Benjamin) Netanyahou ne représentera pas non plus une menace pour cette flottille».

La première ministre italienne Giorgia Meloni a demandé à la flottille de cesser son action pour permettre des discussions sur le plan américain visant à mettre fin à la guerre à Gaza.

«Face à une opportunité historique, je ne comprends pas l’insistance sur une initiative qui comporte une marge de danger et d’irresponsabilité», a-t-elle dit.