Un tribunal sud-coréen a ordonné mardi l'arrestation de l'épouse de l'ancien président emprisonné Yoon Suk Yeol, les enquêteurs cherchant à l'inculper de divers crimes présumés, notamment de corruption, de manipulation boursière et d'ingérence dans la sélection d'un candidat.
En accédant à la demande d'un procureur spécial pour un mandat d'arrêt vers minuit, le tribunal du district central de Séoul a déclaré que Kim Keon Hee risquait de détruire des preuves.
L'enquête sur Mme Kim est l'une des trois enquêtes spéciales lancées par le nouveau gouvernement libéral de Séoul et visant la présidence de Yoon Suk Yeol, un conservateur démis de ses fonctions en avril et de nouveau arrêté le mois dernier pour sa brève instauration de la loi martiale en décembre.
Si la chute auto infligée de l'ancien dirigeant prolonge une série de présidences sud-coréennes qui ont mal tourné depuis des décennies, son épouse et lui sont le premier couple présidentiel à être arrêté de façon simultanée pour des accusations criminelles.
La prise de pouvoir surprenante et mal planifiée de Yoon Suk Yeol le 3 décembre est survenue dans un contexte de confrontation apparemment routinière avec les libéraux, qu'il a décrits comme des forces «anti-État» abusant de leur majorité législative pour bloquer son programme. Certains opposants politiques se sont demandé si les actions du président n'étaient pas, au moins en partie, motivées par les allégations croissantes contre sa femme, qui ont nui à sa cote de popularité et fourni des arguments politiques à ses rivaux.
Kim Keon Hee n'a pas parlé aux journalistes à son arrivée au tribunal de Séoul mardi pour une audience de plusieurs heures sur la demande de mandat. Elle sera détenue dans un centre de détention du sud de Séoul, distinct de celui où son époux est détenu.
L'équipe d'enquête dirigée par le procureur spécial Min Joong-ki, nommé en juin par le nouveau président libéral, Lee Jae Myung, a interrogé Mme Kim pendant environ sept heures mercredi dernier avant de décider de demander son arrestation.
L'ancienne première dame s'est brièvement adressée aux journalistes lors de son interrogatoire de la semaine dernière, présentant de vagues excuses pour avoir suscité l'inquiétude du public, mais laissant entendre qu'elle nierait les allégations portées contre elle, se présentant comme «quelqu'un d'insignifiant».
Les enquêteurs soupçonnent le couple Kim-Yoon d'avoir exercé une influence indue sur le parti du Pouvoir populaire afin de désigner un candidat spécifique aux élections législatives partielles de 2022.
Mme Kim est également liée à de multiples allégations de corruption, notamment des allégations selon lesquelles elle aurait reçu des cadeaux de luxe via un intermédiaire en échange de faveurs commerciales, et une possible implication dans un système de manipulation du cours de la bourse lié à un concessionnaire BMW local.
L'équipe d'enquête du procureur spécial Min a arrêté l'un des proches collaborateurs de Kim Keon Hee plus tôt mardi, après son arrivée du Vietnam, dans le cadre d'une enquête sur des soupçons selon lesquels il aurait utilisé ses relations avec l'ancienne première dame pour obtenir des millions de dollars d'investissements commerciaux pour son entreprise en difficulté financière.
Les enquêteurs ont également perquisitionné une entreprise de construction lundi à la suite d'allégations selon lesquelles le président de la compagnie aurait acheté un collier de luxe d'une valeur de 43 000 $ US, qui, selon eux, était le même que celui que Mme Kim portait lors de son voyage en Europe en 2022 avec le président Yoon. Les enquêteurs soupçonnent que ce collier pourrait être lié à l'embauche du gendre du président de l'entreprise en question comme chef de cabinet du premier ministre de l'époque, Han Duck-soo, peu avant le voyage présidentiel.
Kim Keon Hee aurait nié ces accusations, affirmant que le collier qu'elle portait en Europe n'était pas une pièce authentique, mais un faux emprunté.
Pendant son mandat, Yoon Suk Yeol a rejeté à plusieurs reprises les appels à enquêter sur sa femme, les dénonçant comme des attaques politiques infondées.
Le décret de loi martiale de l'ancien président n'a duré que quelques heures, après qu'un quorum de législateurs a réussi à briser un blocus de soldats lourdement armés et a voté la révocation de la mesure. Il a été destitué par les législateurs le 14 décembre et officiellement démis de ses fonctions par la Cour constitutionnelle en avril.
Yoon Suk Yeol a résisté à plusieurs reprises aux tentatives des enquêteurs de le contraindre à répondre aux questions sur son épouse.
