La Corée du Nord enverra des milliers d'ouvriers du bâtiment et de démineurs pour soutenir les travaux de reconstruction dans la région russe de Koursk, a annoncé mardi un haut responsable russe, signe d'un renforcement de la coopération entre les deux pays.
La Corée du Nord a déjà fourni des milliers de soldats et une importante quantité d'armes conventionnelles pour soutenir la guerre de la Russie contre l'Ukraine. En avril, Pyongyang et Moscou ont affirmé que leurs soldats avaient combattu ensemble pour repousser une incursion ukrainienne dans la région frontalière russe de Koursk, bien que l'Ukraine ait insisté sur la présence de troupes sur place.
À l'issue d'une visite d'une journée à Pyongyang, le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Sergueï Choïgou, a indiqué que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un avait décidé d'envoyer 1000 démineurs pour déminer la région de Koursk et 5000 ouvriers du bâtiment pour y restaurer les infrastructures, selon l'agence de presse officielle russe Tass.
Une autre agence de presse officielle russe, RIA Novosti, a publié des informations similaires.
«À la suite de l'expulsion des envahisseurs du territoire russe, nous avons convenu de poursuivre notre coopération constructive, la Corée du Nord apportant son aide à la restauration de la région de Koursk, a mentionné M. Choïgou, selon RIA Novosti. Il s'agit d'une forme d'aide fraternelle envoyée par le peuple coréen et son dirigeant, Kim Jong-un, à notre pays.»
Selon M. Choïgou, Moscou et Pyongyang avaient convenu d'ériger des monuments commémoratifs dans les deux pays en hommage aux soldats nord-coréens morts au combat dans la région de Koursk, ont rapporté Tass et RIA Novosti.
Kim réitère son soutien total
L'agence de presse centrale nord-coréenne (KCNA) a souligné mercredi que Kim Jong-un avait confirmé le contenu de la coopération de la Corée du Nord avec la Russie concernant la situation actuelle à Koursk, mais n'a pas mentionné l'envoi d'ouvriers du bâtiment et de démineurs de l'armée cités par les médias russes.
KCNA a cité Kim Jong-un exprimant sa détermination à «soutenir invariablement et inconditionnellement» ce qu'il a qualifié d'efforts russes pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale. Kim Jong-un a déjà tenu des propos similaires en faveur de la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine.
KCNA a également indiqué que MM. Kim et Choïgou avaient approuvé des plans visant à «perpétuer les exploits héroïques accomplis» par les troupes nord-coréennes lors des opérations de libération de la région de Koursk, une référence apparente au projet de construction d'un mémorial.
La Corée du Nord et la Russie n'ont jamais révélé le nombre de soldats nord-coréens envoyés en Russie ni le nombre de morts. Cependant, selon les estimations de la Corée du Sud, des États-Unis et de l'Ukraine, environ 15 000 soldats nord-coréens ont été déployés en Russie. L'agence de renseignement sud-coréenne a déclaré en avril qu'environ 600 soldats nord-coréens avaient péri sur les fronts russo-ukrainiens.
Le renforcement des liens entre la Corée du Nord et la Russie a suscité des inquiétudes chez les États-Unis, la Corée du Sud et leurs partenaires, qui craignent que le président russe Vladimir Poutine ne fournisse en retour à Kim Jong-un des technologies sophistiquées indispensables à l'avancement de ses programmes nucléaire et balistique.
Il s'agissait de la troisième visite de M. Choïgou en Corée du Nord en environ trois mois.
Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a exprimé mercredi sa «grave préoccupation» face à ce qu'il a qualifié de coopération illicite continue entre la Corée du Nord et la Russie.
Le Département d'État américain a déclaré à l'agence de presse sud-coréenne Yonhap que le recours continu de la Russie à des travailleurs et soldats nord-coréens était «profondément préoccupant» et a ajouté que Pyongyang «compte désormais sur la Russie pour lui fournir les fonds dont elle a désespérément besoin en échange de main-d'œuvre et de soldats à louer».
Le premier ministre japonais Shigeru Ishiba a aussi fait part de sa vive inquiétude, affirmant que le renforcement de la coopération entre la Russie et la Corée du Nord menace la sécurité mondiale.
La Corée du Sud, les États-Unis et le Japon ont effectué mercredi un entraînement aérien trilatéral au large de l'île de Jeju, dans le sud de la Corée du Sud, dans le cadre de leurs efforts visant à renforcer la coopération en matière de sécurité afin de faire face à l'évolution des menaces nucléaires nord-coréennes, selon l'armée de l'air sud-coréenne.
