Pas de répit pour le sud de l’Europe face aux incendies: le Portugal, la Grèce, l’Italie et surtout l’Espagne, où un troisième décès a été enregistré, continuent jeudi de combattre les flammes, en pleine canicule.
Le premier ministre Pedro Sánchez a déploré «la mort d’un deuxième volontaire à León» — un homme de 36 ans, décédé jeudi matin en Castille-et-León (nord ouest) — et souligné que «la menace reste extrême» en Espagne, où Paris a envoyé deux Canadair.
Onze incendies sont classés au niveau 2 (sur 4) et celui de Zamora (en Castille-et-Léon), «où une superficie importante a brûlé (…) inquiète» beaucoup, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, à la télévision publique.
Quelque 10 700 personnes ont été évacuées depuis le début de cet épisode d’incendies, selon le ministère de l’Intérieur.
«Les pires pronostics»
Pays en première ligne du réchauffement climatique en Europe, l’Espagne est habituée aux températures extrêmes, mais elle fait face depuis quelques années à une multiplication et une intensification des vagues de chaleurs.
Plus de 157 000 hectares sont partis en fumée dans ce pays depuis janvier, ce qui fait déjà de 2025 la pire année après 2022 et 2012, depuis le début de l’existence (en 2006) des données du Système européen d’information sur les feux de forêt (EFFIS).
En outre, août arrive d’ores et déjà en deuxième place des pires mois enregistrés pour les incendies avec 115 191 hectares brûlés. Plus de 70 000 hectares ont brûlé au cours des derniers jours.
La Galice (nord-ouest), la région de Valence (est) et l’Estrémadure (ouest) préoccupent également les autorités, et une quinzaine d’axes routiers sont coupés.
«Cette nuit, les pires pronostics se sont réalisés», a écrit sur X Abel Bautista, un responsable du gouvernement régional d’Estrémadure, plaçant désormais toute la région en alerte incendie 2 et demandant à la population la «prudence maximale».
Une trentaine de personnes soupçonnées d’être à l’origine des incendies, soit par négligence ou imprudence, soit intentionnellement, ont été arrêtées.
Au Portugal voisin, une quinzaine d’appareils aériens sont mobilisés pour combattre quatre importants feux de forêt dans le nord et le centre du pays. Dans le centre, le foyer d’Arganil requiert à lui seul plus de 800 pompiers, tandis que le brasier de Trancoso, qui fait rage depuis samedi, continue de progresser jeudi.
De l’autre côté de la Méditerranée, au Maroc, les pompiers luttaient jeudi contre un important incendie de forêt dans une zone montagneuse autour de la ville touristique de Chefchaouen, au sud de Tanger (nord-ouest du pays).
Amélioration en Grèce
En Grèce, où 20 000 hectares ont été détruits par le feu depuis juin, les pompiers sont parvenus à circonscrire l’incendie qui menaçait Patras, troisième ville du pays et principal port vers l’Italie.
Il y a des foyers «épars», même si le feu est «toujours actif» dans les faubourgs est de la ville de plus de 200 000 habitants, selon les pompiers.
Ailleurs dans le pays, 600 équipes au sol et près de 30 avions bombardiers d’eau luttaient notamment sur trois autres fronts, l’île ionienne de Zante (ouest), l’île égéenne de Chios (est) et près de la ville occidentale de Preveza.
Dans les Balkans, les incendies ont tué au moins deux personnes et entraîné l’évacuation de milliers d’habitants.
En Albanie, l’un des pays les plus durement touchés, les pompiers ont lutté inlassablement contre les incendies, tandis qu’au Monténégro voisin, les conditions climatiques et le dispositif aérien engagé ont permis de maîtriser les principaux feux de forêt.
L’Angleterre a elle aussi eu à combattre un incendie, dans les landes du Yorkshire du Nord, sur environ cinq kilomètres carrés.
Une chaleur torride continue de peser sur l’Italie, relativement épargnée par les feux cet été, et où 16 villes dont Rome et Venise sont placées en alerte rouge. À Florence, le thermomètre devrait monter jusqu’à 39°C, et à Milan, jusqu’à 38°C.
Un septième jour d’une vague de chaleur encore écrasante a aussi frappé les trois quarts de la France.
Même le nord de l’Europe est affecté par la canicule: la météo exceptionnellement chaude en juillet en Finlande, en Norvège et en Suède a entraîné, selon le réseau scientifique World Weather Attribution (WWA), de nombreux évanouissements lors d’événements en plein air, saturé et surchauffé les hôpitaux, provoqué des incendies de forêt, causé de multiples noyades ou encore poussé les rennes à chercher de l’ombre dans les villes.