Victoria Mboko s'attendait sans doute à une soirée stressante jeudi au stade IGA, où elle allait participer au match de tennis le plus important de sa jeune carrière. Mais quelques heures plus tôt, la Canadienne de 18 ans avait traversé des moments inquiétants avant de finalement vivre, en milieu de soirée, l'extase.
Dans un dénouement totalement inattendu, non seulement en début d’année, mais il y a 12 jours à peine, Mboko a remporté la grande finale de l’Omnium de tennis Banque Nationale grâce à une victoire en trois manches de 2-6, 6-4, 6-1 contre la Japonaise Naomi Osaka.
Devant une autre salle comble à l’un de ses matchs sur le court central, Mboko a pris deux heures quatre minutes pour mériter le premier titre de sa carrière à un tournoi de la WTA.
«Ça semble incroyable en ce moment. Les mots ne peuvent pas vraiment décrire comment la journée s’est passée. Aujourd’hui a été une journée tellement mouvementée, en fait.»
C'est que la blessure au poignet droit qu'elle avait subie tôt au troisième set lors de son match de mercredi contre Elena Rybakina lui a causé d'importants soucis à son réveil jeudi matin et l'a rendue très nerveuse, de son propre aveu.
Au point de devoir faire un détour inattendu.
«Nous sommes rapidement allés à l’hôpital pour passer une résonance magnétique et une radiographie», a expliqué Mboko, en ajoutant que son poignet était raide, jeudi matin, et qu'elle avait de la difficulté à le bouger.
«Une fois que nous avons eu le feu vert et qu'il n'y avait rien de trop grave avec le poignet, je suis venue ici, je me suis entraînée très vite et je me suis préparée pour mon match. Avec tout ce qui s'est passé, la sensation est beaucoup plus agréable», a ajouté Mboko avec le sourire.
À VOIR AUSSI |: À l'instar d'Eugenie Bouchard: la Mboko mania s'empare du Québec
Il y a eu des moments pendant le match où Mboko paraissait ennuyée par sa blessure. Il lui est arrivé, après certains coups, de faire tourner son poignet. Mais elle a tout fait pour faire abstraction de sa blessure pendant son duel contre Osaka.
«Je l’ai ressenti un peu pendant le match. Je ne dirais pas que je ne l’ai pas ressenti du tout. Il y a évidemment des moments où ça m’agaçait beaucoup, mais c’était la finale. Je n’arrêtais pas de me dire : 'Il ne t’en reste qu'un (match)'. J’avais, bien sûr, la motivation supplémentaire de la foule aussi pour continuer à pousser. J’ai essayé autant que possible de ne pas penser à la blessure.»
Mboko est la première Canadienne à remporter ce tournoi depuis Bianca Andreescu, en 2019 à Toronto. Elle est aussi la première Canadienne à gagner le tournoi à Montréal.
Sa victoire l'a propulsée au 24e rang au monde, immédiatement devant Osaka et la Lavalloise Leylah Annie Fernandez, selon le classement mis à jour par la WTA vendredi matin.
Soudainement, en ce moment, elle est la meilleure Canadienne au monde.
On l'a dit on ne sait trop combien de fois, mais on peut le répéter, car la donnée dépasse l'imaginaire; Mboko occupait le 333e échelon du classement mondial, en janvier.
De plus, Mboko sera l'une des têtes de série aux Internationaux des États-Unis, a confirmé à La Presse Canadienne Valérie Tétreault, directrice de l'Omnium Banque Nationale.
À VOIR AUSSI | Victoire de Mboko à l'OBN: «la foule a joué un point important»
Le tournoi new-yorkais doit commencer le dimanche 24 août. Deux jours plus tard, Mboko célébrera son 19e anniversaire de naissance.
Par ailleurs, Mboko a fait savoir qu'elle n'envisageait pas participer au tournoi de Cincinnati, dont le tableau principal s'est amorcé jeudi et pour lequel elle avait reçu un «laissez-passer de performance» directement au deuxième tour.
Son premier match était prévu samedi ou dimanche contre Diana Shnaider.
«Je veux simplement m’occuper un peu de mon poignet en ce moment, et je pense que c’est juste très proche et soudain pour moi d’aller là-bas et de jouer à nouveau dans environ deux jours. Je pense que je vais laisser passer celui-là et me préparer pour les tournois à venir.»
Quatre championnes
En Osaka jeudi soir, Mboko a ajouté à son tableau de chasse des 12 derniers jours le nom d’une quatrième ancienne championne d’un tournoi du Grand Chelem.
Auparavant, elle avait vaincu Sofia Kenin, Coco Gauff et Rybakina.
Brève dans son message de remerciements sur le court après l'affrontement, Osaka n'a pas pris part à une conférence de presse formelle.
La WTA a plus tard acheminé des commentaires de la Japonaise.
«Je pense que Victoria a vraiment bien joué. J’ai complètement oublié de la féliciter sur le terrain. Elle a fait un travail incroyable.»
Mboko a réalisé son exploit malgré une première manche laborieuse – un peu moins, peut-être, que celle de mercredi soir — mais laborieuse néanmoins.
Elle y est parvenue, aussi, malgré une multitude de doubles fautes, 13 pour être précis.
Le jeu pivot du match a été le quatrième du set décisif, lors duquel 18 points ont été disputés avec une intensité digne des finales de grands tournois. Ce qui était le cas jeudi soir.
Forte d’une avance de 2-1 et avec un bris en banque, Mboko a surmonté quatre chances de bris et accentué son avance à 3-1. Elle a enchaîné avec un autre bris de service pour porter le score à 4-1 avant d’accroître son avance à 5-1.
Le jeu final allait montrer toute la ténacité de Mboko et son sens du spectaculaire. En avance 40-15 à son service, Osaka a tenté un amorti qui est tombé tout près de la ligne du corridor de double, dans les limites du jeu, à la droite de la Canadienne.
Osaka semblait convaincue d’avoir gagné le point et le jeu, sauf que Mboko s’est rendue à la balle et, en plongeant, l’a retournée à l'intérieur des lignes, sous les yeux de la Japonaise, qui n’a jamais réagi.
«Durant ce jeu, je me disais, "Oh, je suis super proche". À ce moment-là, j’avais une mentalité de combattante. Je voulais simplement courir et remettre autant de balles dans le court que possible. Je le voulais tellement que je pense que tomber en valait la peine.»
«Dans cette situation, je voulais seulement tenir tête (à Naomi). Elle jouait de manière si combative et frappait des coups très nets. Je voulais courir et récupérer tout, même ce qui ne semblait pas possible», a renchéri la Canadienne.
Trois points plus tard, Mboko était couronnée championne quand Osaka a retourné un coup de la Canadienne dans le filet.


