Victoria Mboko semble en mesure de tirer des leçons de ses défaites, même contre des adversaires parmi les plus réputées de la WTA. Après Coco Gauff samedi soir dernier, ç'a été au tour de la Kazakhe Elena Rybakina d'en faire le constat, mercredi soir.
La Canadienne de 18 ans a ajouté une couche spectaculaire à un parcours déjà remarquable à l'Omnium de tennis Banque Nationale en sauvant une balle de match lors de son duel de demi-finale avant d'éliminer Rybakina en trois manches de 1-6, 7-5, 7-6 (4) devant une salle comble au stade IGA.
Jeudi soir, Mboko participera à une première finale en carrière à un tournoi WTA-1000, le niveau situé tout juste sous les tournois du Grand Chelem. Elle affrontera alors la Japonaise Naomi Osaka, qui a défait la Danoise Clara Tauson 6-2, 7-6 (7) lors de l'autre demi-finale.
Avant même de jouer ce match, Mboko est assurée d'occuper le 34e rang du classement de la WTA. Si elle gagne la finale, elle se hissera au 25e rang, tout juste derrière Osaka, et devant sa compatriote canadienne Leylah Annie Fernandez.
«Ç'a été une soirée folle pour moi. De jouer ma première finale d'un (WTA) 1000, c'est incroyable juste d'y penser. Je suis simplement heureuse d'être ici et de célébrer avec tous les supporteurs canadiens qui sont venus voir le match», a déclaré Mboko en conférence de presse.
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Environ deux semaines après leur premier duel au tournoi de Washington, que Rybakina avait gagné en deux manches, Mboko a connu un premier set laborieux. Tellement qu’elle a été incapable de gagner le moindre de ses services.
«Elena jouait de l'excellent tennis. Je n'avais pas vraiment le temps de réfléchir à la manière d'améliorer mon jeu», a expliqué Mboko en décrivant son état d'esprit après la manche initiale.
Puis, le match est devenu spectaculaire et enivrant. Il pourrait bien passer comme un classique de l’histoire de l’Omnium canadien, versions féminine et masculine confondues.
Le duel s'est étiré pendant 2 h 46 minutes. Et si l'on retranche les 30 minutes qu'a duré la première manche, il devient possible de déduire le temps exact des deux autres sets.
Face à la 12e joueuse mondiale, réputée pour la puissance de ses frappes, Mboko s’est relevée avec cran et ténacité pour d’abord forcer Rybakina à jouer un troisième et décisif set qui a gardé les 11 991 spectateurs au bout de leur siège.
«Je me suis mis dans la tête d'essayer de lui tenir tête, de lui retourner autant de balles que possible, même si ses coups étaient nets et puissants. Cette mentalité au deuxième set m'a aidée à traverser les points difficiles.»
La deuxième manche a mené les deux joueuses dans une randonnée en montagnes russes. Mboko a gagné les trois premiers jeux et Rybakina l'a imitée lors des trois suivants.
Mboko a finalement arraché cette deuxième manche avec son troisième bris du set, à la suite d'un coup droit trop long de Rybakina.
«Je savais qu'elle est une adversaire coriace», a répondu Rybakina lorsqu'elle s'est fait demander si elle s'attendait à voir Mboko rebondir comme elle l'a fait après la première manche.
«J'ai trouvé qu'elle a très bien servi dans les moments importants», a aussi noté Rybakina qui, par ailleurs, n'a pas semblé apprécier l'appui constant des spectateurs pour la Canadienne. «Ce n'était pas très gentil, c'est sûr. J'ai joué dans beaucoup de situations où la foule appuyait une joueuse, mais je dirais qu'ici, c'était difficile dès le début. Je l'ai senti dès le premier jeu que nous avons joué, et surtout entre les services.»
Mboko a complété sa remontée au troisième set malgré une blessure au poignet droit, survenue tôt au début du set à la suite d'une chute loin derrière la ligne de fond. L'incident a nécessité un temps d'arrêt médical, et un bandage autour du poignet, entre les troisième et quatrième jeux du set.
«Ça va nettement mieux», a déclaré Mboko lors de sa conférence de presse. «Quand je suis tombée, bien sûr, ç'a été beaucoup d'émotions. C'était pendant le match, il y avait beaucoup d'adrénaline. C'était un peu douloureux, mais ça s'est apaisé. Je vais en prendre soin ce soir et me reposer.»
Ce set a d’abord tourné à l’avantage de Rybakina à l'aide d'un bris de service. La Kazakhe a pris l’avance 3-2 à sa troisième opportunité du jeu, avec un revers en croisé tout juste à l’intérieur de la ligne, sur une première balle de Mboko.
Au jeu suivant, la Kazakhe a résisté à toutes les charges de sa jeune rivale et consolidé le bris au terme d’une intense bataille qui a duré plus de 10 minutes et qui a nécessité 18 points.
Toutefois, en plus d’être talentueuse, Mboko semble extrêmement tenace. Face à un déficit de 5-4 et au service de Rybakina, la Canadienne a résisté à une balle de match avant de récolter son cinquième bris de la soirée.
Les rebondissements n’étaient pas terminés, bien au contraire. Le 11e jeu du set décisif a nécessité 14 points, et Rybakina est allée le chercher au service de Mboko à sa seule chance de bris du jeu.
Puis, au jeu suivant, Mboko a riposté en gagnant les quatre points au service de Rybakina pour forcer la présentation du bris décisif.
Le match s'est terminé sur un coup droit trop long de Rybakina, et une explosion de joie dans les gradins du stade IGA.
Quand elle a vu la balle aboutir plusieurs pieds derrière la ligne de fond, Mboko a laissé tomber sa raquette au sol, a pris son visage entre ses mains et s'est accroupie.
Selon des statistiques de la WTA, Mboko est la première Canadienne à vaincre trois anciennes championnes de tournois du Grand Chelem en simple lors d’un même tournoi de la WTA dans l’ère des professionnels, soit Sofia Kenin, en deuxième ronde, Gauff et maintenant Rybakina.
Mboko est aussi la première Canadienne dans l'ère des professionnels à remporter une demi-finale de l’Omnium canadien après avoir perdu la première manche.

