Économie

La Caisse n’appuie Israël «d’aucune façon», défend son PDG

La Caisse a été montrée du doigt, au début du mois de juillet, dans un rapport de la rapporteuse spéciale de l’ONU.

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b13871aedaab10ddf7670c520ca0e279549acec921a553c98a31207da8d488ad.jpg Le président et chef de la direction de la Caisse, Charles Emond, en conférence de presse mardi à Montréal le mardi 12 août 2025. (LA PRESSE CANADIENNE/Christopher Katsarov)

Critiquée par un rapport de l’ONU et par des membres de la société civile, la Caisse de dépôt et placement du Québec se défend de profiter financièrement de la guerre à Gaza. 

«On condamne profondément ce qui se passe à Gaza, a insisté le président et chef de la direction, Charles Emond, lorsqu’il a été questionné sur le sujet en conférence de presse mardi, en marge du dévoilement des résultats financiers de l’institution. C'est un drame humain sans nom.»

«Je veux être clair sur une chose: la Caisse, elle n’appuie pas ce conflit-là d'aucune façon.»
- Charles Emond, PDG de la Caisse

La Caisse a été montrée du doigt, au début du mois de juillet, dans un rapport de la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de la personne dans les territoires palestiniens, Francesca Albanese, qui accuse l’institution québécoise de participer à «l’économie du génocide». 

Le rapport estime que la Caisse a investi près de 9,6 milliards $ dans des sociétés qui ont profité financièrement de l’intervention militaire israélienne. 

Pour sa part, M. Emond a assuré que la Caisse a pour politique de ne pas investir directement dans la région. «On est un des seuls investisseurs au monde qui l'a fait.»

La rapporteuse spéciale de l’ONU considère que la Caisse profite financièrement de la guerre en ayant des investissements dans des fournisseurs de l’armée israélienne. 

Le rapport cite l’exemple de l’investissement dans Lockheed Martin, qui a triplé de 2023 à 2024. Le rapport accuse la société américaine de profiter de la vente de ses avions militaires à Israël.

M. Emond a rétorqué que les détracteurs de la Caisse font des «amalgames». Il a dit qu’il était «extrêmement difficile de tracer la ligne» dans le secteur de la défense, qui a des ramifications importantes dans l’industrie aérospatiale québécoise. 

Il a pris l’exemple des avions militaires F-35 de Lockheed Martin, qui ont fait figure de symbole en permettant le bombardement de Gaza. «Un F-35, ça contient un train d'atterrissage d’Héroux-Devtek à Longueuil, puis un moteur de Pratt & Whitney sur la Rive-Sud également.»

La Caisse pourrait éviter complètement le secteur de la défense, mais cela aurait pour effet d’exclure d’importantes sociétés québécoises qui ont un volet civil et militaire, a avancé M. Emond.

«(Si) on exclut la défense, on va exclure des noms comme Bombardier, on va exclure CAE, on va exclure Airbus, on va exclure Héroux-Devtek», a-t-il énuméré. 

Pour la Coalition du Québec urgence Palestine, la Caisse a franchi une ligne éthique et se retrouve à participer à un système qui profite financièrement de la guerre à Gaza.  «On ne peut pas regarder ailleurs et dire que, finalement, nos investissements dans ces compagnies-là n'ont aucun rapport avec les crimes qui sont en train d'être commis», avait déploré son porte-parole, Raymond Legault, en entrevue en juillet. 

Stéphane Rolland

Stéphane Rolland

Journaliste