Il n'y a pas d'unanimité dans les rangs libéraux concernant la résurrection éventuelle du projet de pipeline Keystone XL entre le Canada et les États-Unis, mais les conservateurs se réjouissent du retour de ce projet potentiel.
Le premier ministre Mark Carney a discuté d'un intérêt pour le projet mardi à la Maison-Blanche avec le président américain Donald Trump, qui s'est montré «très réceptif».
Le Parti conservateur (PCC) a soutenu pour sa part jeudi que ce n'est ni un gain ni une concession pour le Canada dans les négociations avec le voisin américain: Donald Trump avait déjà appuyé le projet, mais il avait été sabordé par l'administration Biden dès son arrivée au pouvoir en janvier 2021.
Des élus libéraux ont réagi avec prudence en se rendant à leur caucus hebdomadaire mercredi.
Le député et ancien ministre Marc Miller s'est permis de soulever certains doutes.
«Il me semble qu'il faudrait que (le projet) soit viable», a-t-il répondu en mêlée de presse mercredi matin.
«C'est ça le point de départ. On n'avait pas cette assurance, surtout avec l'acceptabilité sociale aux États-Unis mêmes.»
Il s'est également inquiété de l'impact d'un tel projet de transport d'hydrocarbures sur les cibles de réduction de gaz à effet de serre (GES) que se fixe le Canada.
«Ce serait évidemment potentiellement problématique», a-t-il conclu.
Cela dépend des détails du projet, a plutôt argué son collègue, le secrétaire parlementaire du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Corey Hogan, un élu de l'Alberta, qui n'y voit pas nécessairement d'incompatibilité.
Le lieutenant du Québec pour le gouvernement et ancien titulaire du portefeuille de l'Environnement, Steven Guilbeault, a refusé de commenter le projet potentiel en qualifiant l'information de rumeur.
Pour sa part, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, a été lui-même circonspect, tout en renvoyant la presse parlementaire aux déclarations de son collègue Dominic LeBlanc, ministre responsable du Commerce Canada-États-Unis.
«Il faudrait voir», a déclaré laconiquement M. Champagne.
«L'idée, c'est d'avoir une bonne entente (de libre-échange), la meilleure entente pour le Canada. Donc je vais les laisser s'exprimer sur cette question.»
Corey Hogan a de son côté manifesté une certaine ouverture.
«Ça pourrait être un des projets qui accroîtrait la sécurité énergétique de l'Amérique du Nord», a-t-il commenté.
«Mais le diable est dans les détails, alors il faut voir dans quel contexte cela a été soulevé dans la conversation», a-t-il mis en garde.
M. Hogan a rappelé que les oléoducs peuvent également servir à diversifier les marchés pour le pétrole canadien.
«On accueille favorablement cet intérêt renouvelé», a pour sa part énoncé le leader parlementaire de l'opposition officielle, Andrew Scheer, en mêlée de presse.
Il a toutefois rappelé que M. Trump avait déjà appuyé le projet, laissant donc entendre que M. Carney ne pouvait y voir un gain.
Par ailleurs, M. Scheer a plaidé que le plafonnement des émissions de GES imposé à l'industrie pétrolière allait nuire à la renaissance éventuelle de ce projet.
À l'origine, le projet Keystone X était mené par l'entreprise TC Énergie et devait transporter jusqu’à 830 000 barils de pétrole lourd de l’Alberta jusqu’aux raffineries du golfe du Mexique.
La saga de Keystone a duré pas moins de 13 ans et a été marquée par des retards et des contestations en cour, jusqu'à ce que le président Biden lui retire son permis.
Une source gouvernementale canadienne a confirmé que le président américain a été très réceptif à la possible relance du projet Keystone, dans le contexte d'une coopération énergétique potentielle, ajoutant que, si le Canada soutient le redémarrage du projet, cela permettrait de faire des progrès dans les négociations commerciales sur les secteurs canadiens de l'acier et de l'aluminium.
Avec des informations d'Émilie Bergeron
