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«Clairement, nous continuons à nous diriger vers des machines qui seront au même niveau que nous et même bien au-delà», dit pour sa part Joshua Bengio.
Le premier ministre Justin Trudeau n’a pris aucune question des journalistes à l’issue d’une discussion publique sur l’intelligence artificielle (IA) où il s’est exprimé uniquement en anglais, vendredi, au sommet One Young World au Palais des congrès de Montréal.
M. Trudeau était accompagné de Yoshua Bengio, directeur scientifique et fondateur de Mila, l’institut québécois d’intelligence artificielle, pour cette discussion animée par la présidente et cheffe de la direction de Mila, Valérie Pisano.
La discussion a porté essentiellement sur les bienfaits et dangers de l’IA et visait particulièrement ce forum de jeunes leaders d’organisations diverses provenant de plus de 190 pays.
Le point de départ, plutôt original, fut d’explorer l’influence de la science-fiction sur la pensée du premier ministre et du professeur Bengio en matière d'IA. M. Trudeau a ainsi évoqué l’auteur Isaac Asimov et ses trois lois de la robotique qui sont devenues une référence en matière d’intelligence artificielle: «Un robot ne peut porter atteinte à un être humain; Un robot doit obéir aux humains, sauf si ça entre en conflit avec la première loi; Un robot doit protéger son existence, sauf si ça entre en conflit avec la première loi ou la deuxième loi.»
Yoshua Bengio, lui, qui met le monde en garde depuis des années maintenant sur les dangers potentiels de l’IA, a plutôt évoqué 2001, l’Odyssée de l’espace, de l’auteur Arthur C. Clarke, qui, dit-il, offre «la plus scientifiquement réaliste description de comment l’IA serait entraînée et comment les choses pourraient mal tourner». Revenant aux lois de la robotique, il en a rappelé les limites et la possibilité que les choses tournent mal. «Il est en fait subtil et compliqué de fabriquer des machines qui auront un sens moral», a-t-il dit.
«Clairement, nous continuons à nous diriger vers des machines qui seront au même niveau que nous et même bien au-delà de plusieurs façons», a averti le chercheur.
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Justin Trudeau a profité de l’occasion pour signaler aux jeunes présents qu’ils seraient la dernière génération qui se rappellerait comment était le monde avant l’IA, tout comme la sienne était la dernière à se rappeler ce qu’était le monde avant l’informatique et l’internet.
L’occasion était belle pour qu’il lance une flèche au candidat républicain Donald Trump – sans jamais le nommer – en disant qu’il était plus facile d’être nostalgique devant le changement et de se tourner vers le passé en voulant «Make America Great Again», (rendre sa grandeur à l’Amérique, le slogan de Donald Trump), alors qu’il est plutôt nécessaire d’avoir un regard tournée vers l’avenir, même s’il est «certainement plus épeurant de plonger vers l’avenir».
Yoshua Bengio a renchéri en faisant valoir que, s’il est difficile d’accepter que «le futur, dans cinq, dix ou vingt ans pourrait être incroyablement différent de ce que nous connaissons maintenant», ce sont les jeunes qui sont les plus flexibles et peuvent envisager un avenir complètement différent. Ce sont eux, a fait valoir le chercheur, qui peuvent orienter le développement de l’IA afin d’éviter de créer des monstres ou d’en faire une arme dangereuse.
Mais l’avertissement demeure, a reconnu le premier ministre, soulignant que les différents acteurs se bousculent et créent de plus en plus d’outils sans réfléchir à ce qu’ils vont devenir. «Nous le faisons parce que nous le pouvons, nous créons ces nouvelles technologies fantastiques sans penser à ce que cela voudra dire dans cinq ans et encre moins dans 50 ans», a dit M. Trudeau.
Étonnamment, dans ce contexte, il a conclu son intervention en faisant valoir qu’il fallait développer l’IA dans une optique positive car «l’usage responsable de l’IA sera l’un des outils les plus puissants au monde pour contrer l’IA utilisée pour causer de la violence, de la négativité ou de la désinformation».