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Israël annonce des largages d'aide humanitaire à Gaza, alors que la faim s'aggrave

Cette déclaration, publiée samedi soir, faisait suite à des mois d'avertissements d'experts concernant la famine, dans un contexte de restrictions israéliennes sur les vivres.

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7c69fbd5f33e80f3ef17807dac40f29cfb387021756024a8c6d096537dd0c3aa.jpg Des Palestiniens luttent pour obtenir des dons de nourriture dans une cuisine communautaire, dans la ville de Gaza, au nord de la bande de Gaza, le samedi 26 juillet 2025. (Photo AP/Abdel Kareem Hana)

L'armée israélienne a annoncé que des dépôts aériens d'aide humanitaire commenceraient samedi soir à Gaza et que des corridors humanitaires seraient mis en place pour les convois des Nations Unies, dans la foulée de la multiplication des cas de décès liés à la famine.

Cette déclaration, publiée samedi soir, faisait suite à des mois d'avertissements d'experts concernant la famine, dans un contexte de restrictions israéliennes sur les vivres. Les critiques internationales, y compris de la part de proches alliés, se sont intensifiées alors que plusieurs centaines de Palestiniens ont été tués ces dernières semaines en tentant d'atteindre les sites de distribution de nourriture.

Le communiqué militaire n'a pas précisé où se situeraient les largages aériens ni les corridors humanitaires. Il a également indiqué que l'armée était prête à mettre en œuvre des pauses humanitaires dans les zones densément peuplées. Le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré samedi soir que les pauses humanitaires commenceraient dimanche dans les «centres civils» et les corridors humanitaires.

L'armée «souligne que les opérations de combat contre le Hamas n'ont pas cessé» à Gaza et a affirmé qu'il n'y avait «pas de famine» dans le territoire, où la majeure partie de la population, soit plus de 2 millions d'habitants, a été déplacée vers une zone en déclin et dépourvue d'infrastructures. La majorité de la population dépend de l'aide humanitaire.

Les témoignages à Gaza sont sombres. Certains soignants sont tellement affaiblis par la faim qu'ils se mettent sous perfusion pour continuer à soigner les personnes gravement malnutries. Des parents ont montré leurs enfants flasques et émaciés. Des blessés ont décrit des courses désespérées pour obtenir des ressources sous les tirs.

Le communiqué militaire indiquait que les largages aériens seraient effectués en coordination avec les organisations humanitaires internationales. Le lieu de ces opérations n'était pas précisé. Le rôle que pourrait jouer la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), récemment créée et soutenue par Israël, censée servir d'alternative au système d'aide de l'ONU, n'était pas encore connu. Le président de la Fondation, Johnnie Moore, a déclaré dans un communiqué que l'organisation se tenait prête à apporter son aide.

 

Au moins 53 morts

Les frappes aériennes et les coups de feu israéliens ont tué au moins 53 personnes à Gaza dans la nuit de vendredi à samedi, la plupart abattues alors qu'elles cherchaient de la nourriture, selon les responsables de la santé palestiniens et les services ambulanciers locaux.

Des tirs israéliens meurtriers ont été signalés à deux reprises près du point de passage de Zikim avec Israël, dans le nord. Lors du premier incident, au moins une douzaine de personnes attendant des camions d'aide ont été tuées, a indiqué le personnel de l'hôpital Shifa, où les corps ont été transportés. L'armée israélienne a affirmé avoir tiré des coups de semonce pour éloigner la foule «en réponse à une menace immédiate».

Selon Sherif Abu Aisha, un témoin de la scène, les gens se sont mis à courir en voyant une lumière qu'ils pensaient provenir de camions d'aide, mais en s'approchant, ils ont réalisé qu'il s'agissait des chars israéliens. C'est alors que l'armée a commencé à tirer, a-t-il raconté à l'Associated Press. Il a ajouté que son oncle figurait parmi les victimes.

«Nous sommes partis parce qu'il n'y avait pas de nourriture (...) et rien n'a été distribué », a-t-il déclaré.

Samedi soir, les forces israéliennes ont tué au moins 11 personnes et en ont blessé 120 autres en tirant sur la foule qui tentait d'obtenir de la nourriture d'un convoi de l'ONU, a rapporté à l'AP le Dr Mohamed Abu Selmiyah, directeur de l'hôpital Shifa.

Dans la ville de Khan Younis, dans le sud du pays, les forces israéliennes ont abattu au moins neuf personnes qui tentaient d'acheminer de l'aide par le couloir de Morag, selon les registres de la morgue de l'hôpital. L'armée n'a pas fait de commentaire immédiat.

Largages aériens, avec précaution

Ces largages ont été demandés par la Jordanie voisine, et un responsable jordanien a déclaré qu'ils porteraient principalement sur de la nourriture et du lait maternisé. 

Les Émirats arabes unis ont annoncé que les largages commenceraient «immédiatement». La Grande-Bretagne a indiqué qu'elle prévoyait de travailler avec ses partenaires pour larguer de l'aide et évacuer les enfants nécessitant une assistance médicale.

Mais le directeur général de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, a averti que les parachutages étaient «coûteux, inefficaces et pouvaient même tuer des civils affamés» et qu'ils ne permettraient pas d'inverser la famine croissante ni d'empêcher le détournement de l'aide.

Israël a annoncé samedi que plus de 250 camions transportant de l'aide de l'ONU et d'autres organisations étaient entrés à Gaza cette semaine. Environ 600 camions entraient chaque jour pendant le dernier cessez-le-feu, rompu par Israël en mars.

L'État hébreu fait face à une pression internationale croissante. Plus d'une vingtaine de pays proches de l'Occident et plus de 100 organisations caritatives et de défense des droits de la personne ont appelé à la fin de la guerre, critiquant sévèrement le blocus israélien et le nouveau modèle d'acheminement de l'aide mis en place par ce pays. 

Plus de 1000 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes depuis mai alors qu'ils tentaient d'obtenir de la nourriture, principalement à proximité des nouveaux sites d'aide gérés par le GHF, un prestataire américain, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.