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Irwin Cotler et des personnalités juives demandent à Israël de mettre fin à la guerre

«La politique et la rhétorique du gouvernement que vous dirigez portent un préjudice durable à Israël.»

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25b6d0eb6ec679cae140fdf3bb610af62d2b339bdd24c451c8807fce2a526575.jpg Irwin Cotler, ancien envoyé spécial pour la préservation de la mémoire de l'Holocauste et la lutte contre l'antisémitisme, à Ottawa le mardi 17 octobre 2023. LA PRESSE CANADIENNE/Justin Tang (Justin Tang / La Presse Canadienne)

L'ancien ministre libéral de la Justice Irwin Cotler s'est joint à des milliers de Juifs qui ont appelé le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou à mettre fin à la guerre et à la famine à Gaza.

Ce militant des droits de la personne de longue date est un fervent partisan d'Israël et a reçu des menaces de mort de la part de l'Iran en raison de son soutien à l'État juif ainsi qu'à la démocratie dans le monde. Il a signé une lettre ouverte affirmant que le premier ministre Nétanyahou met en péril la paix, tant au niveau national qu'international.

«La politique et la rhétorique du gouvernement que vous dirigez portent un préjudice durable à Israël, à sa réputation dans le monde et aux perspectives de paix pour tous les Israéliens et les Palestiniens», peut-on lire dans la lettre.

«Cela a de graves conséquences pour Israël, mais aussi pour le bien-être, la sécurité et l'unité des communautés juives du monde entier.»

La lettre, rédigée par un groupe appelé London Initiative, qualifie les restrictions d'aide israéliennes à Gaza de «désastre moral et stratégique», qui offre une «victoire de propagande au Hamas» et qui compromet l'important travail de lutte contre le Hamas et l'Iran.

«Nous ne nions pas le rôle méprisable du Hamas dans le vol de l'aide et l'entrave à sa distribution, mais nous ne pouvons pas non plus nier les preuves que nous avons vues et entendues quant à l'ampleur des souffrances humaines et au rôle des politiques de votre gouvernement dans celles-ci», affirment les signataires.

La lettre dénonce également l'incapacité d'Israël à réprimer la violence des colons, ce qui, selon le document, a contribué à alimenter le «tsunami diplomatique» actuel de critiques de la part de ses pairs historiques.

«Si l'armée israélienne, sur ordre audacieux de votre part, peut envoyer un missile à travers une fenêtre à Téhéran pour abattre un général iranien avec une précision infaillible, elle a assurément la capacité de maintenir l'ordre en Cisjordanie, de prévenir la violence extrémiste juive, de protéger les civils palestiniens et de faire respecter la loi», indique la lettre.

Le document dénonce également la rhétorique des ministres de M. Nétanyahou, qu'il désigne comme une «abomination morale et de hilloul hashem – une profanation des valeurs juives et des principes fondateurs d'Israël».

L'exemple du ministre israélien du Patrimoine, Amichai Eliyahu, est cité, lui qui a déclaré que son gouvernement «efface Gaza» et que le territoire serait entièrement juif.

M. Nétanyahou gouverne avec une coalition composée de partis suprémacistes juifs qui ont invoqué la religion pour défendre des politiques largement perçues comme un nettoyage ethnique.

«Des membres de votre gouvernement ont tenu un langage raciste, haineux et incitatif sans aucune censure, peut-on lire dans la lettre. Toute opportunité de libérer tous les otages doit être saisie et privilégiée, avant de chercher à apaiser les membres extrémistes de votre coalition.»

La lettre avertit que ce «langage incitatif» sape les efforts visant à renforcer les liens des Juifs avec Israël et «fragilise les communautés juives, alors que nous sommes confrontés à une montée de la haine antisémite et antisioniste». 

La lettre est également signée par le philanthrope canadien Charles Bronfman, l'un des fondateurs du programme Birthright, qui permet à de jeunes juifs de voyager en Israël.

Parmi les signataires répertoriés figurent également d'éminents professeurs et bénévoles canadiens impliqués dans des projets comme le New Israel Fund et le Herzl Project, bien que la lettre précise que les signataires s'expriment à titre individuel et non au nom de leurs institutions.

M. Nétanyahou ne semble pas avoir répondu directement à la lettre depuis sa publication il y a une semaine, bien qu'il ait défendu la guerre dimanche, soutenant que le seul choix d'Israël était de vaincre complètement le Hamas.

Dylan Robertson

Dylan Robertson

Journaliste