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Intelligence artificielle en musique: symphonie d'inquiétude

Chanteurs décédés ramenés à la «vie», «deepfakes» et mélodies créées par des robots: l'intelligence artificielle transforme la musique.

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Des exemples récents de chansons utilisant l'intelligence artificielle pour imiter la voix d'artistes connus provoquent le débat. Des exemples récents de chansons utilisant l'intelligence artificielle pour imiter la voix d'artistes connus provoquent le débat. (Ron Harris/La Presse canadienne)

Au cœur des récents débats sur l'intelligence artificielle et la musique, les questions de droits d'auteur et de deepfake inquiètent. Le paysage musical a récemment été secoué par l'apparition d'une chanson inédite des Beatles, recréée avec l'aide de l'intelligence artificielle (IA), plus de 50 ans après la séparation du groupe légendaire. Cette chanson, conçue à partir d'algorithmes et de robots, s'est hissée au sommet des palmarès britanniques.

«Ce qui suscite des craintes, c'est la croyance selon laquelle l'IA sera utilisée pour remplacer les artistes, au lieu d'être considérée comme un outil au service des artistes», souligne l’avocate spécialisée en droit de la propriété intellectuelle Eliane Ellbogen, rencontrée en marge d’une conférence sur l’IA au festival M pour Montréal.

L’avocate dit craindre que l'IA en vienne à altérer la relation entre le public et les artistes. «La voix d'une personne ne peut pas être prise sans son consentement. C'est illégal, mais c’est surtout immoral», dit-elle en faisant allusion à l'outil d'intelligence artificielle qui reprend des voix de chanteurs connus.

Pour Miranda Mulholland, violoniste et chanteuse canadienne, une intégration réussie de l'IA dans la musique passe par les «3 C»: consentement, compensation, crédit. Ces trois éléments sont cruciaux pour garantir une utilisation éthique de l'IA dans le domaine artistique.

«Il n’y a aucun scénario, à mon avis, où l'intelligence artificielle pourrait remplacer le processus créatif d’un artiste», affirme quant à lui Sean Power, fondateur d'une startup axée sur l'intelligence artificielle. Il voit toutefois l'intelligence artificielle comme un outil dont peuvent se servir les artistes. L'IA peut libérer du temps pour les artistes en automatisant certaines tâches, leur permettant ainsi de se concentrer davantage sur leur créativité.

La conférence organisée par M pour Montréal s'inscrit dans un contexte où le débat sur le rôle de l'IA dans la musique est en constante évolution. Certains estiment que l'IA ne pourra jamais reproduire la sensibilité et la créativité humaines, tandis que d'autres prédisent qu'elle pourrait un jour créer des œuvres exceptionnelles.

L'expert en intelligence artificielle Sean Powers, lui, est néanmoins catégorique sur un point: «il ne faut jamais céder vos droits à une compagnie IA».