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Devenues un outil incontournable pour rejoindre un public qui achète de moins en moins d’albums, les plateformes d’écoute en ligne comme Spotify sont toutefois loin d’enrichir la plupart des artistes québécois. Face à un système de redevances «inéquitable», des acteurs de l’industrie musicale rêvent d’une alternative plus juste.
«Pour un million de streams sur Spotify, un artiste touchera entre 4 000 et 5 000$», avance d'entrée de jeu Steven Leblanc, responsable A&R chez Symphonic Distribution. Dans le cadre d’une conférence sur les redevances des plateformes d’écoute organisée par le festival M pour Montréal, il a mis en lumière les limites de plateformes comme Spotify pour les artistes moins établis.
«Il y a moyen de faire de l'argent avec Spotify, mais cela nécessite l'appui d'une équipe solide, estime M. Leblanc. Je doute sérieusement qu'une personne puisse réussir, seule, à créer un revenu substantiel avec Spotify.»
Mais Steven Leblanc souligne un paradoxe. Malgré les redevances relativement modestes offertes par Spotify, les artistes ne peuvent ignorer l'ampleur de cette plateforme. Le groupe québécois 2Frères, par exemple, s’est finalement résigné à rejoindre la plateforme récemment, après avoir longtemps résisté par principe, explique-t-il.
M. Leblanc avance cependant l'idée qu'unis, des artistes populaires pourraient forger une coalition, exigeant des redevances plus avantageuses de la part de Spotify. Mais il croit qu'il est peu probable qu'un tel événement se produise, puisque les gros artistes sont ceux qui bénéficient le plus des redevances de Spotify parce qu’ils sont souvent ajoutés sur des listes de lecture populaires.
«Les nouvelles tendances en musique partent souvent des artistes émergents, qui, malheureusement, sont les mêmes qui touchent le moins de redevances sur les plateformes de streaming», mentionne Jennifer Yoon, cofondatrice et présidente de Venice Music. Elle plaide en faveur d'une meilleure compensation pour ces artistes.
Aaron Lightstone, fondateur et directeur de Music Therapy Toronto, a formulé le vœu d'une plateforme de streaming plus équitable. «J'imagine une plateforme où, par exemple, si vous écoutez deux artistes et payez 10$ par mois, ces deux artistes toucheront chacun 5$, évitant ainsi l'enrichissement disproportionné des artistes multimillionnaires», mentionne-t-il.
«L'industrie musicale évolue tellement rapidement que même moi, je peine à suivre», souligne Kyria Kilakos, à la tête d'Indica Records, mentionnant les défis perpétuels auxquels l'industrie est confrontée.
Les cinq panélistes présents à M pour Montréal semblaient s'accorder pour dire que Spotify était source de nombreuses inégalités, puisqu'il favorise les artistes les plus écoutés et les majors.
Il a été question des alternatives comme Bandcamp et Deezer qui explorent des modèles centrés sur le client, mais leur efficacité reste à démontrer. Mieux vaut envisager Spotify comme un outil promotionnel qui sert à installer son image en ligne; séduire son audience, ont conclu les invités. Pour vivre de sa musique, les avenues les plus efficaces demeurent la vente de billets de concert et de produits dérivés.
Le festival M pour Montréal se poursuit jusqu’à samedi à la place des Festivals.