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Une porte-parole d'Hydro-Québec a indiqué que la société suivait la situation de près.
Des manifestants ont bloqué un chantier d'Hydro-Québec sur le territoire traditionnel innu du Labrador, obligeant l'entreprise à suspendre ses activités dans la région.
Jerome Jack était parmi les manifestants rassemblés sur le site de Gull Island jeudi après-midi. Les Innus du Labrador, a-t-il déclaré, n'ont pas été consultés adéquatement par la Nation innue ni par Hydro-Québec au sujet du projet de centrale.
Il a également affirmé qu'Hydro-Québec offrait trop peu aux Innus pour réparer les torts causés par le passé.
«Ils inspectent les arbres, surveillent la rivière, prélèvent des échantillons, etc., et nous n'avons même pas encore donné notre feu vert, a indiqué M. Jack lors d'une entrevue jeudi au sujet des travaux préliminaires en cours sur le site. (Hydro-Québec) devrait se rendre dans les communautés innues du Labrador pour discuter de la situation, d'homme à homme, et leur demander : 'Comment pouvons-nous vous aider ? Comment pouvons-nous régler ce problème ?'»
La porte-parole d'Hydro-Québec, Lynn St-Laurent, a indiqué que la société suivait la situation de près et s'engageait à comprendre les préoccupations des manifestants.
«Nous reconnaissons l'importance culturelle, historique et spirituelle du territoire de Gull Island pour les communautés innues, a expliqué Mme St-Laurent dans un courriel. Nous respectons le droit des membres de la communauté d'exprimer leurs préoccupations.»
Par ailleurs, la Nation innue indique que des rencontres publiques ont eu lieu avec les communautés et les aînés, et que d'autres sont prévues.
«La Nation innue tient à assurer au public innu qu'aucun accord final ne sera conclu sans un vote de ratification ; son consentement est requis, a indiqué le Grand Chef Simon Pokue dans un courriel. La Nation innue invite également tous les membres innus à assister aux rencontres et à poser des questions.»
Hydro-Québec a annoncé plus tôt cette semaine le début d'études géotechniques et environnementales dans la région, en prévision de futurs travaux de construction. L'année dernière, le service public a annoncé une entente de principe avec Newfoundland and Labrador Hydro, qui prévoit la construction d'une centrale hydroélectrique à Gull Island, le long du fleuve Churchill, au Labrador.
Les compagnies d'électricité négocient encore des accords contraignants, et Hydro-Québec a expliqué dans un communiqué que ces études sont «nécessaires à la signature de l'entente finale».
Le fleuve Churchill traverse la région traditionnelle innue du Nitassinan, qui comprend des parties de l'est du Québec et une grande partie du sud du Labrador. Les Innus du Québec et du Labrador se rassemblent chaque année en septembre dans la région de Gull Island, a expliqué M. Jack. Ils installent des centaines de tentes et y vivent ensemble pendant environ une semaine.
«Il y a des jeux, des repas, des concours, a-t-il dit. Nous tissons des liens et nous restons forts.»
Hydro-Québec a annoncé le mois dernier la signature d'une entente de principe mettant fin à une poursuite intentée en 2020 par la Nation innue du Labrador, qui demandait une indemnisation de la part du service public pour sa participation à la construction et à l'exploitation de la centrale hydroélectrique de Churchill Falls, sur le fleuve Churchill. La centrale est détenue et exploitée conjointement par Hydro-Québec et Terre-Neuve-et-Labrador.
Dans le cadre du projet d'entente, Hydro-Québec a indiqué qu'elle verserait des versements annuels sur 16 ans totalisant 87 millions $ à un fonds de réconciliation pour les Innus du Labrador, selon un communiqué de presse. Les versements s'élèvent à environ 5,4 millions $ par année, répartis entre les deux communautés innues de Sheshatshiu, au centre du Labrador, et de Natuashish, sur la côte nord-est du Labrador.
L'entente de réconciliation définit également les modalités de la collaboration d'Hydro-Québec avec la Nation innue sur les développements futurs, notamment le projet de centrale électrique à Gull Island.
Jerome Jack a expliqué que l'argent ne suffirait pas à couvrir, entre autres, les frais de santé de son peuple.
«Cela ne couvrirait aucun aspect de la communauté», a-t-il dit. Il a également accusé la Nation innue de tenter de précipiter l'accord de principe jusqu'à la conclusion d'une entente définitive sans consulter adéquatement les membres des communautés.
Hydro-Québec n'a pas précisé jeudi quand les travaux à Gull Island pourraient reprendre.
«Nous poursuivrons le dialogue entamé avec les représentants de la communauté afin de mieux comprendre leurs préoccupations et de discuter des prochaines étapes dans un esprit de respect mutuel», a expliqué Mme St-Laurent.