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Québec trouve les fonds pour lancer les travaux à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont

Le gouvernement Legault a l'intention de revoir son «Plan québécois des infrastructures».

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Québec trouve les fonds pour lancer les travaux à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont MTLNI-HOPITAL REACTIONS HMR

Sous forte pression, le gouvernement Legault débloque des fonds pour lancer la reconstruction de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) dès cette année.

«On a l'argent nécessaire», a annoncé le ministre de la Santé, Christian Dubé, en mêlée de presse tout juste avant le début de l'étude des crédits budgétaires de son ministère où il allait être sur le grill.

HMR fait les manchettes depuis des mois en raison de sa vétusté alarmante. Mardi dernier, des vents violents ont provoqué une panne d'électricité, y compris dans le bloc opératoire, et des bris de vitres.

Le personnel a aussi dénoncé la présence de rongeurs, de chauve-souris et de fourmis à l'intérieur des murs de l'hôpital. 

M. Dubé avait promis en 2021, puis à nouveau en 2023, de lancer les travaux à HMR, avant d'admettre, en mars dernier, avoir donné le feu vert à l'agrandissement de l'hôpital de façon «précipitée».

Face à la pression populaire, son gouvernement annonce qu'il reverra le Plan québécois des infrastructures (PQI) afin de permettre le début des travaux à HMR, mais aussi de lancer d'autres chantiers.

Les sommes dégagées permettront d'amorcer la construction du nouveau stationnement étagé, qui doit être réalisé en premier pour que les travaux puissent commencer sur l'espace occupé par le stationnement actuel.

Cette étape devrait prendre 18 mois, après quoi les sommes pour la réfection de l'hôpital «seront complètement là», a juré M. Dubé, en se gardant toutefois de confirmer des montants précis.

Le conseil des ministres doit approuver les changements permettant le début des travaux lors de sa rencontre de mercredi. «Je pense que j'en ai dit assez pour rassurer tout le monde», a-t-il plaidé.

«C'est de la frime»

Lors d'une conférence de presse commune, les partis d'opposition et la Coalition HMR se sont toutefois montrés insatisfaits de l'annonce de M. Dubé, qui ne règle pas le cœur du problème, selon eux. 

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Le chirurgien Pierre Dubé a résumé l'humeur du groupe en déclarant: «Il n'y a personne de content de l'annonce d'un stationnement, point final. On n'est pas ici pour un stationnement, on est ici pour un hôpital. (...) La nouvelle de ce matin, pour nous, c'est de la frime.»

Ils ont réclamé un échéancier et un budget clairs, en plus d'un engagement formel du gouvernement qu'il n'y aura pas de période d'arrêt des travaux après le stationnement.

«On ne sent pas le sentiment d'urgence (...) avec ce qui semble être annoncé. Ça ne répond pas à l'urgence de ce qu'on a vu dans les dernières semaines», a déploré le Dr Marc Brosseau, président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens de HMR.

«Il y a une somme qui est mise un peu pour sauver les meubles, mais (pour l'hôpital), on ne peut pas dire: "On verra dans 10 ans". C'est maintenant qu'il faut que ça se fasse», a acquiescé la mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui était au Sommet Climat Montréal.

«Il va falloir continuer de talonner le gouvernement», a-t-elle ajouté.

Les partis d'opposition ont noté que le ministre en a aussi profité mardi pour annoncer le redémarrage du chantier de l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska, à Victoriaville, qui ne devait pas recevoir de financement en 2025-2026.

Coïncidence ou non: il y aura une élection partielle dans la circonscription d'Arthabaska dans moins de six mois. Une course à trois se profile entre la Coalition avenir Québec, le Parti québécois et les conservateurs d'Éric Duhaime.

«Ce gouvernement-là gouverne au gré des sondages internes puis des circonstances, et ça a des conséquences sur le Québec en entier», a dénoncé le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.

«On ne fait aucun projet d'hôpital pour des raisons politiques», s'est défendu le ministre Dubé lors de l'étude des crédits.

«Cri du cœur national»

Les informations à propos du lancement des travaux à HMR ont commencé à circuler alors que, dans une lettre ouverte, des patients issus des quatre coins du Québec ont imploré le premier ministre François Legault d'entamer au plus vite la reconstruction de l'hôpital.

Dans cette missive, dont La Presse Canadienne a obtenu copie, les quelque 45 signataires font appel au sens des responsabilités du premier ministre, disant lancer un «cri du cœur national». 

«L'hôpital Maisonneuve-Rosemont, vous le savez, n'est pas un hôpital parmi d'autres», commencent-ils. 

«Chaque année, des milliers de Québécois y sont traités: des bébés prématurés venus d'Estrie, des patients atteints de cancers venus des Laurentides, des receveurs de greffes venus d'Abitibi.» 

«Nous sommes ces patients, ces familles, ces survivants. (...) Nous avons espéré, pleuré, guéri dans ses murs fatigués, mais porteurs de miracles.» 

S'il reporte la reconstruction de HMR, le premier ministre passera à l'histoire comme celui qui a «hypothéqué la santé non pas d'un quartier, mais d'un peuple», selon eux. 

«Vous avez le pouvoir d'éviter cette catastrophe annoncée», écrivent-ils au premier ministre. 

«Et si rien ne change, c'est pour cet abandon que vous passerez à l'histoire dans le cœur des Québécois. Pas en tant que bâtisseur, mais en tant que celui qui a laissé tomber un fleuron de notre système de santé.»  

Les signataires assurent qu'ils ne cherchent pas à «accuser», mais à rappeler qu'ils sont «de Mauricie, des Laurentides, de Lanaudière, d'Estrie et d'autres régions du Québec».

Ils demandent au premier ministre de reconnaître que la reconstruction de HMR n'est pas une demande «locale», mais bien une priorité «nationale».

— Avec la collaboration de Thomas Laberge et de Mathieu Paquette