International

Guerre au Soudan: les paramilitaires attaquent la région de Khartoum avec des drones

Les attaques ont visé le complexe militaire de Yarmouk, la raffinerie de Khartoum et une centrale électrique.

Publié

Le Musée national du Soudan est visible après près de deux ans de guerre entre l'armée et les Forces de soutien rapide (RSF) paramilitaires, à Khartoum, au Soudan, le jeudi 3 avril 2025. Le Musée national du Soudan est visible après près de deux ans de guerre entre l'armée et les Forces de soutien rapide (RSF) paramilitaires, à Khartoum, au Soudan, le jeudi 3 avril 2025. (AP Photo)

Des attaques de drones des forces paramilitaires ont visé mardi des installations militaires, une raffinerie et une centrale électrique dans la région de Khartoum qui vivait une accalmie depuis sa reprise de contrôle en mai par l’armée régulière soudanaise.

Les autorités civiles alignées sur les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont revendiqué dans un communiqué ces «frappes aériennes précises et ciblées», sans faire état de victimes.

Ce regain de violence dans une région en cours de reconstruction survient quatre mois après la reprise de la capitale par l’armée, aux dépens de ses rivaux paramilitaires.

La coalition Tasis — qui a formé en août un «gouvernement» dans les zones contrôlées par les FSR — s’est félicitée des frappes de drones «menées par son armée de l’air à Khartoum et dans d’autres villes (…) sur des sites militaires et logistiques».

Les attaques, menées mardi vers 5h , ont visé le complexe militaire de Yarmouk, la raffinerie de Khartoum et une centrale électrique, selon des témoins.

De puissantes explosions avaient été entendues avant les frappes sur le complexe de Yarmouk, dans le sud de Khartoum, selon des témoins joints par l’AFP.

Quatre drones ont visé la station électrique d’al-Markhiyat située à Omdourman, ville voisine de Khartoum située sur l’autre rive du Nil, et provoqué un incendie mardi avant l’aube, selon les témoins joints par l’AFP.

L’attaque a provoqué des dégâts mineurs, a indiqué à l’AFP une source au sein de la compagnie nationale électrique qui a requis l’anonymat. Mais des coupures de courant ont suivi ces frappes, selon d’autres témoins.

Par ailleurs, trois drones venus de l’ouest ont visé la raffinerie située à Bahri, la ville du nord de l’État de Khartoum, selon un autre témoin.

La base aérienne de Wadi Seidna, dans le nord-ouest de la capitale, a également été visée, selon une source militaire jointe par l’AFP. «La défense au sol a intercepté et abattu les drones qui visaient la base», a déclaré cette source.

Une autre attaque de drone a touché un bâtiment de l’armée à Kafouri, près de Bahri, faisant des blessés dans les rangs de l’armée et des dégâts, selon une autre source militaire jointe par l’AFP, sous couvert d’anonymat.

Offensives

L’armée a repris cette année, lors d’une série d’offensives, le centre du pays, repoussant les FSR vers le Darfour, vaste région de l’ouest du pays, et certaines zones du Kordofan-Sud.

Le gouvernement formé par les militaires a lancé ces dernières semaines un vaste programme de reconstruction de la capitale où plus de 600.0000 Soudanais ont commencé à revenir après avoir fui les combats, selon les chiffres de l’ONU. Le but des autorités est de revenir le plus vite possible à la situation qui prévalait avant la guerre, avant que le pouvoir ne se replie à Port-Soudan, grand port situé au bord de la mer Rouge.

Si la situation semblait stabilisée dans la région de Khartoum et de Port-Soudan, les combats sont restés féroces au Kordofan et au Darfour.

Dans son communiqué, la coalition pro-FSR affirme que les frappes de mardi visent à répondre «aux crimes' de l’armée et de ses milices «qui sèment la corruption et tuent des innocents au Kordofan, au Darfour et dans d’autres régions du Soudan».

La coalition «n’abandonnera pas avant d’atteindre ses objectifs légitimes de (....) mener à terme le projet fondateur pour construire une nation libre imprégnée des valeurs de paix et de véritable justice»,affirme son communiqué.

En août, le chef de l’armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, avait affirmé qu’il n’y aurait «ni compromis, ni réconciliation» avec les paramilitaires.

La guerre, déclenchée en avril 2023, a tué des dizaines de milliers de personnes et déraciné plus de 14 millions d’autres, à l’intérieur du territoire et au-delà des frontières.

Le conflit a plongé le troisième plus vaste pays d’Afrique dans «la pire crise humanitaire au monde», selon l’ONU. Toutes les tentatives de pourparlers ont échoué jusqu’à présent.