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«Une agression non provoquée contre l'Iran (qui) n'a aucun fondement et aucune justification.»
Le président russe Vladimir Poutine a condamné lundi les frappes contre l'Iran, proche allié du Kremlin, en recevant le chef de la diplomatie iranienne à Moscou, sans toutefois offrir publiquement d'aide militaire à Téhéran à ce stade.
Ces déclarations interviennent après les frappes américaines ce weekend, qui ont visé des sites nucléaires iraniens, et les attaques israéliennes, qui se multiplient depuis une dizaine de jours.
«Une agression non provoquée contre l'Iran (qui) n'a aucun fondement et aucune justification», a déclaré Vladimir Poutine auprès du ministre iranien Abbas Araghchi, lors d'une prise de parole au Kremlin diffusée à la télévision russe.
«Nous nous employons à apporter notre aide au peuple iranien», a-t-il ajouté, se disant «heureux» d'accueillir M. Araghchi pour «discuter de tous ces sujets brûlants et de réfléchir ensemble à la manière de sortir de la situation actuelle».
Mais le dirigeant russe n'a pas indiqué, lors de cette intervention publique, si Moscou était prêt à proposer à Téhéran une aide militaire dans la guerre avec Israël, alors que, selon Kiev et ses alliés, l'Iran a fourni des drones explosifs à la Russie utilisés lors de son offensive à grande échelle contre l'Ukraine.
De son côté, le chef de la diplomatie iranienne a salué les relations « très étroites » avec Moscou, dénoncé «l'agression injustifiée» d'Israël et des États-Unis contre son pays, qui exerce en retour son droit légitime «à la légitime défense».
S'exprimant devant la presse, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a, lui, minimisé la portée des pourparlers russo-iraniens de lundi : «Il était peu problable qu'ils aient des résultats. Personne ne s'attendait à des résultats. À un moment aussi chaud», a-t-il affirmé.
Interrogé sur une possible demande d'aide militaire de l'Iran, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov a estimé, pour sa part, qu'il serait «irresponsable» de révéler des détails de l'entretien entre MM. Poutine et Araghchi, ajoutant que Moscou et Téhéran travaillaient «sur de nombreuses dossiers».
Plus tôt, Abbas Araghchi avait, pour sa part, dit lundi s'attendre à des consultations d'«une grande importance» avec M. Poutine.
Dès le 13 juin, au premier jour des frappes israéliennes contre l'Iran, Vladimir Poutine s'était dit prêt à jouer un rôle de médiateur afin d'éviter une escalade.
Téhéran est l'allié principal de Moscou au Moyen-Orient, où la position de la Russie s'est affaiblie ces derniers mois.
En décembre, le Kremlin a perdu un autre soutien d'importance dans la région : l'ex-président syrien Bachar al-Assad, renversé par une coalition emmenée par des islamistes.
Avant cela, ses relations plutôt bonnes avec Israël, où vit une importante communauté russophone, ont été fragilisées par l'offensive russe en Ukraine et la guerre menée par Israël à Gaza, critiquée par Moscou.
À l'inverse, Moscou s'est rapproché de Téhéran. Les deux pays ont signé en janvier un traité de partenariat stratégique global, qui ne comprend néanmoins pas de pacte de défense mutuelle.
Selon Nikita Smaguine, expert des relations russo-iraniennes, il est probable que Abbas Araghchi ait demandé lundi un soutien militaire à la Russie.
«Je ne pense pas que le chef de la diplomatie iranienne se soit rendu en urgence à Moscou juste pour protester avec Poutine contre les actions de Washington», a affirmé M. Smaguine à l'AFP.
Alors que la Russie est accaparée depuis plus de trois ans par son attaque contre le territoire ukrainien, Nikita Smaguine pense que le Kremlin pourrait tenter d'obtenir des bénéfices de court-terme de la guerre entre Israël et l'Iran, comme une hausse du prix du pétrole, ou une baisse de l'attention occidentale concernant le conflit en Ukraine.