Justice

Affaire des viols de Gisèle Pelicot: son mari enfonce un accusé au procès en appel

«Je n’ai jamais forcé qui que ce soit, ils n’ont jamais eu besoin de moi.»

Mis à jour

Publié

Husamettin Dogan est assis dans une cour d’appel qui doit entendre sa cause contestant sa condamnation pour viol aggravé par l’administration de substances altérant le jugement ou le contrôle de soi, dans l’affaire Gisele Pelicot, le lundi 6 octobre 2025, à Nîmes, dans le sud de la France. (AP Photo)

Dominique Pelicot, condamné à 20 ans de prison dans un procès retentissant pour avoir fait violer sa femme qu’il droguait, a raconté mardi avoir trouvé en Husamettin Dogan, seul accusé rejugé en appel dans cette affaire, une personne pour abuser de son épouse Gisèle.

Gisèle Pelicot, mère de famille devenue une icône féministe mondiale à l’occasion du premier procès des ses agresseurs il y a un an, a été violée pendant des années chez elle par des dizaines d’inconnus à l’instigation de son mari, Dominique, qui la droguait préalablement et filmait les abus.

Lors de ce procès fleuve, 51 accusés ont été jugés et de lourdes peines ont été prononcées.

Condamné alors à neuf ans de prison, Husamettin Dogan, ex-ouvrier du bâtiment de 44 ans qui comparaît libre, notamment pour raisons de santé, est seul à avoir maintenu son appel et encourt à nouveau 20 ans de réclusion.

Veste grise, chemise blanche, jetant un regard à son ex-femme, Dominique Pelicot, 72 ans, a été sorti de l’isolement de sa prison, où il purge une peine de 20 ans, pour témoigner. Il a affirmé que l’accusé savait qu’il cherchait une personne pour abuser de son épouse «endormie à son insu».

Ce 28 juin 2019, celui qui ce présentait comme «Karim BM» (Karim bien monté, ndlr) sur le forum de rencontres sexuelles Coco.fr, fermé depuis, arrive à Mazan (Vaucluse). Dominique Pelicot lui demande de se déshabiller, de ne pas fumer, de se laver les mains à l’eau chaude: «des obligations qui ne laissaient aucun doute quant à l’état de mon épouse lors de sa venue».

«Il voit un appareil sur un trépied, il n’a aucun doute, on voit bien que c’est filmé» et pendant deux heures, il se livre à toutes formes de pénétrations: «tout un ensemble de choses à l’insu de mon épouse».

Ce deuxième jour de procès se fait donc plus pressant autour de l’accusé, ex-ouvrier de 44 ans pour qui l’«étiquette de violeur» est trop lourde à porter. Affalé sur sa chaise, bras croisés, il ne semble toutefois pas réagir à cette nouvelle salve contre lui.

Un peu plus tôt dans la journée le commissaire divisionnaire Jérémie Bosse-Platière, qui a dirigé l’enquête de ce dossier hors-norme a lui aussi dit n’avoir «aucun doute du fait qu’il ait eu pleinement conscience de l’état de la victime», sédatée préalablement par son ex-mari. «Toute personne qui voit les vidéos le comprend immédiatement».

Lundi, à l’ouverture des débats, couverts par une centaine de journalistes du monde entier, Husamettin Dogan avait clamé: «je suis là car je n’ai jamais voulu violer cette dame, que je respecte».

Il assure avoir cru participer au jeu consenti d’un couple libertin et affirme n’avoir «jamais su qu’elle était droguée», que son mari ne lui a «jamais dit ça». Il n’a cessé de répéter avoir été «piégé» par le «manipulateur» Dominique Pelicot.

Qui a répondu mercredi: «Je n’ai jamais forcé qui que ce soit, ils n’ont jamais eu besoin de moi», en parlant des hommes ayant abusé de son épouse.

Ne pas la réveiller

Dominique Pelicot a reconnu avoir régulièrement drogué aux anxiolytiques son épouse, entre 2011 et 2020, avant de la violer et la faire violer par des dizaines d’inconnus recrutés sur internet.

Le tout en filmant et archivant méticuleusement les actes commis sur celle-ci dans leur maison.

 

Au total, 107 photos et 14 vidéos de cette soirée du 28 juin 2019, lors de laquelle Husamettin Dogan s’était rendu à Mazan, ont été retrouvés sur un disque dur de Dominique Pelicot, selon le chef d’enquête.

Sur plusieurs d’entre elles, dont certaines seront finalement diffusées dans l’après-midi, l’accusé, âgé aujourd’hui de 44 ans, apparaît en compagnie de Dominique Pelicot en train d’effectuer des pénétrations vaginales mais aussi des fellations forcées à une Gisèle Pelicot totalement «inerte et ronflante».

«Il est clair que les deux hommes agissent de manière très prudente, minutieuse, de manière à ne pas faire de bruit», a martelé M. Bosse-Platière.

Gisèle Pelicot, 72 ans, avait été érigée en icône féministe il y a un an pour avoir refusé que le procès en première instance se déroule à huis clos, estiamnt que la honte devait «changer de camp».