Justice

Une cour d'appel réexamine l'affaire Gisèle Pelicot

Husamettin Dogan, condamné à neuf ans de prison en décembre dernier, nie avoir eu l'intention de violer Mme Pelicot.

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ed78f9a13a3ca7b602b96dc5076e0a213ec018e0677eebb78a5f46091f334207.jpg FILE - Gisele Pelicot exits the Avignon courthouse, in southern France, Dec. 19, 2024. (AP Photo/Lewis Joly, File) (Photo AP/Lewis Joly)

Moins d'un an après le verdict historique rendu dans un procès pour viol qui a secoué la France et fait de Gisèle Pelicot une icône mondiale, elle a été accueillie par des applaudissements lundi à son arrivée au tribunal pour l'appel d'un homme contestant sa condamnation. 

Husamettin Dogan, condamné à neuf ans de prison en décembre dernier, nie avoir eu l'intention de violer Mme Pelicot. Il affirme avoir été trompé par Dominique Pelicot, l'ex-mari de Gisèle Pelicot, qui a drogué sa femme et l'a offerte à des inconnus en ligne avant de filmer les agressions.

L'ouvrier du bâtiment de 44 ans a comparu lundi à Nîmes, dans le sud de la France, pour «viol aggravé» par l'administration de substances altérant le jugement ou la maîtrise de soi, une infraction passible d'une peine maximale de 20 ans de prison.

Il demeure libre dans l'attente du verdict. Lors de son premier procès, l'accusation avait requis 12 ans de prison, mais le tribunal lui en a infligé neuf.

Vêtue d'une veste rose, Gisèle Pelicot est entrée au tribunal sous escorte policière, souriante et serrant la main de ses sympathisants qui criaient «Merci!» et lançaient d'autres mots d'encouragement.

Lors de la procédure initiale, l'ex-mari de Gisèle Pelicot et 50 autres hommes avaient été reconnus coupables d'agressions sexuelles sur elle entre 2011 et 2020, alors qu'elle était soumise à une substance chimique. Dominique Pelicot a été condamné à 20 ans de prison, tandis que les peines prononcées pour les autres accusés allaient de trois à quinze ans de prison.

Le procès a attiré l'attention internationale après que Gisèle Pelicot se soit opposée à un huis clos, une demande formulée par plusieurs accusés. Le tribunal lui a donné raison. Les preuves comprenaient des vidéos maison bouleversantes des agressions filmées par Dominique Pelicot au domicile du couple, à Mazan, petite ville provençale, et ailleurs.

«Je n'ai rien à me reprocher. La honte doit changer de camp», a clamé Mme Pelicot lors de l'ouverture du procès. Après le verdict, elle a déclaré n'avoir «jamais regretté cette décision» et a remercié ses sympathisants qui lui ont donné la «force» de revenir au tribunal chaque jour.

Mme Pelicot est depuis devenue un symbole de la lutte contre les violences sexuelles, et cette affaire choquante a suscité une prise de conscience nationale sur la culture du viol en France.

Dominique Pelicot a reconnu son rôle et n'a pas fait appel de sa condamnation à 20 ans de prison, désormais définitive. Il devrait témoigner lors de l'audience d'appel, après avoir été mis en cause par le dernier accusé.

Sur les 51 hommes condamnés, 17 ont initialement interjeté appel. La plupart ont été retirés, et seul Dogan a maintenu son appel.

Alors que le procès de l'année dernière avait duré quatre mois, le nouveau procès ne devrait pas dépasser quatre jours, le verdict étant attendu jeudi.

Une procédure civile doit avoir lieu à Avignon en novembre pour régler les dommages et intérêts dus à la principale victime et à sa famille, à charge conjointe des condamnés.