C’est officiel, le gouvernement Legault a annoncé la fin du financement de Northvolt et la fin du projet de construction de l’usine à batterie pour les voitures électriques à Saint-Basile-le-Grand et à McMasterville, en Montérégie.
«Aujourd'hui, nous mettons fin au financement de Northvolt au Québec. L'entreprise n'ayant pas présenté de plan satisfaisant à l'égard des intérêts québécois, nous faisons valoir nos droits afin de récupérer le maximum de notre investissement», a rapporté la ministre de l’Innovation et de l’Énergie Christine Fréchette.
Le gouvernement indique être «évidemment déçu» de la fin de cette «aventure».
Les sommes déboursées par le gouvernement du Québec dans le projet sont de 510 millions $, soit un prêt garanti de 240 millions $ pour l'achat du terrain et une souscription de 270 millions $ dans la maison mère de l'entreprise, en Suède.
Selon la ministre, les sommes perdues s'élèvent à 270 millions $; le prêt de 240 millions $ bénéficie de garanties pour son remboursement.
Elle a fait savoir par le biais de son attachée de presse, Catherine Pelletier, que le gouvernement invoquera la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) pour récupérer la valeur de sa créance.
«Dès mercredi, nous devrions être en mesure de faire entendre nos demandes devant les tribunaux», a écrit Mme Pelletier dans un message transmis à La Presse Canadienne.
«Étant donné nos sûretés en vigueur sur notre créance, nous sommes bien positionnés pour récupérer l'ensemble de la valeur de notre créance au terme de ce processus», a-t-elle ajouté.
Rappelons que le projet de 7 milliards $ avait été présenté par le premier ministre François Legault en 2023 comme «le plus grand investissement manufacturier de toute l'histoire du Québec».
L'entreprise suédoise a commenté en fin de journée mardi que la décision de Québec est «regrettable», mais Northvolt prend acte de la décision.
«Notre priorité est désormais d’assurer une transition ordonnée et d’accompagner nos employés ainsi que nos partenaires au cours de cette période difficile», indique l'entreprise par voie de communiqué, ajoutant que Northvolt n'est pas en faillite et dispose encore de ressource financière pour relancer le projet.
«C’était un beau projet et notre équipe y croyait toujours, plusieurs propositions ont été déposées et des discussions et échanges avec des repreneurs potentiels ont eu lieu jusqu’à hier», a souligné Northvolt.
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Le maire de McMasterville, Martin Dulac, est lui aussi déçu que le projet Northvolt tombe à l'eau.
«La nouvelle d’aujourd’hui vient confirmer l’échec du projet Northvolt, donc c’est une déception pour la municipalité de McMasterville, qui voyait une opportunité de développement économique importante», a-t-il confié en entrevue avec Noovo Info.
Il indique toutefois que la municipalité était dans l'incertitude depuis l'annonce de la faillite de la maison mère de Northvolt, en Suède.
Le comité citoyen contre le projet Northvolt et quelques résidents de McMasterville ont toutefois rapporté que la fin du projet était une bonne nouvelle.
«J’ai été surprise, mais quand même contente et en même temps déçu, c’est un mélange d’émotions parce que je me dis que si le projet avait été planifié comme il faut dès le départ, probablement qu’on aurait évité tout ça», a commenté Jacinthe Villeneuve, porte-parole du comité citoyen contre le projet Northvolt.
Une citoyenne rencontrée par Noovo Info a quant à elle indiqué que c'était une «bonne nouvelle» et d'autres citoyens ont plutôt raconté être déçus que le gouvernement ait perdu beaucoup d'argent dans cet investissement qui n'a pas porté fruit.
La ministre Fréchette souligne toutefois que la fin du projet Northvolt en Montérégie de signifie pas la fin de la filière batterie dans le secteur.
«Notre filière est bien vivante avec plusieurs entreprises actives dans cet écosystème. Nous demeurons convaincus qu'elle est promise à un bel avenir, notamment à Bécancour, où près de 3000 personnes travaillent à la construction des usines», soutient Mme Fréchette.
Le gouvernement mènera une analyse concernant l'utilisation des 352 mégawatts d'énergie qui étaient réservés à Northvolt.
Un échec, martèle Pablo Rodriguez
Réagissant à la nouvelle mardi, le chef du Parti libéral du Québec, Pablo Rodriguez, a critiqué le gouvernement Legault, qualifiant son projet Northvolt «d'échec».
«On a mis toutes nos billes à la même place», a-t-il dénoncé lors d'une mêlée de presse à Sainte-Foy en marge d'un dîner-conférence donné par l'ex-premier ministre Jean Charest.
«C'est un échec à la fois au niveau de la planification et au niveau de l'exécution», a-t-il ajouté.
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À ses côtés, le député libéral Frédéric Beauchemin a ajouté soupçonner le gouvernement de vouloir faire passer cette mauvaise nouvelle économique sous le radar.
M. Beauchemin a souligné le fait que l'annonce de la fin de l'entente avec Northvolt survenait le jour même du témoignage fort médiatisé de M. Legault à la commission Gallant sur le fiasco SAAQclic.
«Ça adonne donc bien qu'une grosse, grosse nouvelle, qui, isolée de tout le reste, aurait été une nouvelle qui aurait roulé pendant plusieurs jours, va être perdue dans tout le message actuel», a-t-il dit d'un ton sarcastique.
«Avec Northvolt, François Legault nous avait promis le projet du siècle. On est plutôt devant un fiasco signé CAQ. Un autre», a dénoncé sur X la porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal.
Au final, c'est une journée «désastreuse pour la confiance des Québécois envers le gouvernement» Legault, a également conclu le député péquiste Pascal Paradis.
«Le gouvernement de la CAQ en est réduit à tenter de cacher son fiasco Northvolt derrière son fiasco SAAQclic. (...) La mauvaise gestion (...) coûte des milliards aux Québécois», a-t-il déploré sur les réseaux sociaux.
Avec des informations de La Presse canadienne
