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«Il y a un manque d'équité.»
Le gouvernement fédéral a défavorisé le Québec par rapport à l'Ontario dans la filière batterie, a déclaré le premier ministre François Legault jeudi matin.
«Ce n'est pas vrai que le Québec va rester sur les lignes de côté et qu'on va regarder le train passé», a-t-il lancé en mêlée de presse.
Ottawa a financé trois usines de la filière batterie en Ontario, mais seulement une au Québec, soit Northvolt, ce qui fait dire à l'opposition officielle que le gouvernement Legault a conclu une mauvaise entente. «On n'a pas eu notre part», a-t-il lâché jeudi matin. «Il y a un manque d'équité.»
Le premier ministre a fait cette sortie au lendemain d'un avertissement lancé par le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne. Il a mis en garde Québec contre la redistribution à d'autres entreprises d'un bloc d'énergie réservé à l'entreprise suédoise Northvolt pour son projet d'usine de batteries en Montérégie.
«Il n’est pas question de retirer l’énergie de Northvolt», a dit le premier ministre à la période des questions, en ajoutant que le projet de Northvolt sera retardé d'un an et qu'il sera peut-être possible de le prêter à une autre entreprise entre temps.
Ottawa, qui, comme Québec, a investi dans le projet qui totalisera 7 milliards $, laisse entendre que de retirer en partie l'approvisionnement électrique pourtant garanti ne serait pas de bon augure pour la réalisation de l'usine.
M. Legault soutient que son gouvernement a fait des avancées «importantes» concernant la filière batterie dans la province. «C'est un risque calculé. C'est évidemment une nouvelle industrie», a-t-il dit en mêlée de presse jeudi. «Il n’y a jamais rien de sûr en économie.»
«Je continue à avoir espoir que l'usine va se construire au Québec par Northvolt. Northvolt a un produit extraordinaire», a-t-il ajouté pour se montrer rassurant, en empruntant ensuite une métaphore au baseball.
«Ce qui est important, c'est la moyenne au bâton», a-t-il laissé entendre, en suggérant que l'Histoire lui donnera raison.
À l'Assemblée nationale, le premier ministre québécois a également réitéré sa volonté d'«optimiser l’énergie pour les Québécois» et de «créer des emplois pour les Québécois» en amenant ce projet.
Le chef de l'opposition officielle, Marc Tanguay, a affirmé que c'était François Legautl qui a «négocié et signé (l'entente)». «Il n'a que lui-même à blâmer s'il n'aime plus son entente», a souligné M. Tanguay. «François Legault est-il en train de dire que Northvolt est un mauvais 'deal' pour le Québec?»
L'an dernier, le directeur parlementaire du budget à Ottawa avait évalué à plus de 28 milliards $ l'appui accordé par le fédéral et l'Ontario à deux grandes usines de batteries, Stellantis et Volkswagen - soit 18,8 milliards $ du fédéral et 9,4 milliards $ de l'Ontario.
Au Québec, le fédéral pourrait verser jusqu'aux deux tiers de 4,6 milliards $ en incitatifs financiers à Northvolt pour la fabrication de cellules, en s'alignant ainsi sur les dispositions du Inflation Reduction Act mis en place aux États-Unis.
Ottawa a également attribué 322 millions $ à Ford pour une usine de cathodes à Bécancour.
Le gouvernement Legault se targue d'avoir généré plus de 16 milliards $ d'investissements jusqu'à présent dans la filière batterie, un secteur où les États rivalisent avec des montants astronomiques pour attirer des joueurs, même si la demande en véhicules électriques semble ralentir.
Sur ce montant, 10,9 milliards $ sont des investissements privés des entreprises, a fait valoir la ministre Christine Fréchette dans un débat mercredi. Le nombre d'emplois total dans le secteur de la batterie pourrait atteindre environ 10 000 emplois d'ici à 10 ans, a-t-elle estimé.
Le Québec demeure toutefois un petit joueur. Elle a rappelé que la Chine «domine l'écosystème de la batterie» actuellement: elle possède 90 % de la production de cathodes, 97 % de la production d'anodes, et les entreprises chinoises contrôlent près de 75 % de la production de cellules, selon les données qu'elle a citées.
Cependant, le gouvernement Legault voit dans la filière batterie un autre atout dans sa stratégie pour mettre fin à la dépendance au pétrole et réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les transports, conformément aux engagements internationaux d'en arriver à la neutralité carbone d'ici à 2050.
Pas moins de 43 % des émissions de GES du Québec proviennent du secteur des transports.
Mme Fréchette a rappelé que le Québec importe pour plus de 10 milliards $ en hydrocarbures chaque année, ce qui creuse le déficit commercial, alors que l'électricité qui alimente les véhicules à batterie est produite ici.
«La filière batterie nous permet de profiter des retombées économiques et permet de réduire les dépenses des ménages québécois, a-t-elle plaidé. Les véhicules électriques nous permettent de mettre fin à la dépendance des automobilistes à l'égard des pétrolières.»
Avec des informations de Noovo Info