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Paul St-Pierre Plamondon affirme que le gouvernement Legault manque de transparence dans ce dossier.
Alors que les difficultés s'accumulent pour le fabricant de batteries Northvolt, le Parti québécois (PQ) demande un débat d’urgence dès mardi à l’Assemblée nationale afin d’en savoir plus sur l’entente entre le gouvernement du Québec et la multinationale suédoise.
Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, affirme que le gouvernement Legault manque de transparence dans ce dossier.
Northvolt a annoncé lundi son intention de licencier 1600 employés en Suède, soit le cinquième de sa main-d’œuvre.
La multinationale suédoise, qui doit construire une usine sur la Rive-Sud de Montréal avec le soutien financier des gouvernements québécois et fédéral, est aux prises avec des difficultés et doit réduire ses activités.
«On souhaiterait que les investissements au Québec fonctionnent dans l’intérêt de tous les Québécois, mais on ne peut pas s'aveugler non plus lorsque le contexte change de manière radicale», a lancé M. Paul St-Pierre Plamondon en point de presse à l’Assemblée nationale lundi.
Le projet d’usine de Northvolt au Québec est évalué à 7 milliards $.
«En 2023, Québec a promis 1,37 milliard de dollars au projet d'usine de batteries de l'entreprise Northvolt. Près de 710 millions de dollars ont été engagés jusqu'à présent, incluant un investissement de 200 millions de dollars par la CDPQ, le bas de laine des Québécois», a écrit le député péquiste Pascal Bérubé dans une lettre envoyée à la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, pour justifier la tenue d’un débat.
C’est la présidente qui décidera si la demande de débat du PQ est recevable en déterminant si l’urgence est effectivement justifiée.
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Admettant qu’il y a «un ralentissement mondial qui touche la filière batterie», le cabinet de la ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Christine Fréchette, a dit que c’était un «risque contrôlé» de «positionner le Québec dans cette industrie».
Le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a, lui aussi, voulu se faire rassurant, rappelant que des entreprises comme Tesla avaient mis 17 ans avant d’être rentables. «C’est sûr qu’on suit ça de près mais, moi, j’ai confiance parce que les investisseurs voient l’intérêt d’avoir une usine en Amérique du Nord», a-t-il affirmé.
Le PQ n’est pas prêt à dire qu’il faudrait que le gouvernement retire ses billes du projet, du moins pour l'instant. «On veut regarder l'entente et voir quelles sont les options dans la mesure où tout indique que Northvolt n'est pas prête à procéder à une expansion», a affirmé le chef péquiste.
Paul St-Pierre Plamondon s’est toutefois dit «estomaqué» de la demande du Parti libéral (PLQ) de «rapatrier le bloc d’électricité qui est promis à Northvolt». «Le Québec doit respecter ses engagements et rester un milieu d'affaires stable et fiable», a dit le chef péquiste.
La députée libérale Marwah Rizqy a tenu à préciser sa position sur le sujet: elle demande que les 354 mégawatts réservés pour Northvolt soient «réattribués» à des entreprises déjà établies, tout en affirmant qu’il y aura de l’électricité en réserve au moment où l’usine en aura besoin.
«On sait que le projet de Northvolt ne verra pas le jour avant 2028. Or, le gouvernement a dit que dès 2027 il y aurait 1500 nouveaux mégawatts. (...) On n'a pas besoin de déchirer l'entente. On va honorer notre obligation en 2028 lorsque l'usine, si jamais elle ouvre, voudra des mégawatts. Ils seront disponibles en 2028», a-t-elle expliqué, ajoutant que son parti appuie la demande du PQ sur le débat d’urgence.
Pour sa part, le député solidaire Haroun Bouazzi demande «au premier ministre de ne plus mettre un sou dans Northvolt avant de tout perdre».
«La CAQ a déjà injecté 700 millions $ d’argent public dans ce projet qui a de l'eau dans le gaz et qui inquiète de plus en plus la population», a-t-il indiqué par écrit.
Questionnée en marge d'un événement du Cercle canadien de Montréal, la PDG d'Investissement Québec, Bicha Ngo, a voulu se montrer optimiste quant à la situation de Northvolt, assurant être en contact régulier avec l’entreprise. «L'intérêt et les raisons pour lesquels ils sont au Québec sont encore là. Donc le fondamental ne change pas, mais est-ce qu'il va y avoir des enjeux en termes d'échéancier, peut-être», a-t-elle dit.
L’ancien superministre Pierre Fitzgibbon a déjà indiqué que l’usine de Northvolt pourrait avoir un retard de 12 à 18 mois.