Alors que les feux de forêt font rage dans deux provinces de l'Atlantique, le mécontentement grandit face aux décisions prises par les gouvernements de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick d'interdire l'accès aux forêts sèches comme de l'amadou sur les terres fédérales.
Cette interdiction empêche les gens de se promener dans les bois, de camper, de pêcher ou de conduire leurs VTT sur les sentiers, dans le cadre des efforts visant à empêcher que l'activité humaine ne déclenche des feux de forêt dangereux.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Depuis que la Nouvelle-Écosse a restreint les activités il y a une semaine, le ministère provincial des Ressources naturelles (DNR) a infligé des amendes à six personnes qui ont enfreint l'interdiction. S'aventurer dans les bois est passible d'une amende de 25 000$ en Nouvelle-Écosse.

Désobéir aux restrictions
Certaines personnes qualifient cette mesure d'abus de pouvoir de la part du gouvernement, et au moins un homme proteste en enfreignant délibérément l'interdiction.
«Je commence à avoir l'impression de vivre dans une société autoritaire.»
Au cours du week-end, M. Evely a publié une vidéo dans laquelle on le voit se faire verbaliser par des agents de conservation.
Cet ancien soldat à la retraite s'est rendu au bureau provincial des ressources naturelles de sa région et a informé les agents qu'il allait se promener dans les bois.
Il a indiqué au personnel qu'il ne voulait pas «créer de conflit» et qu'il agissait «de manière professionnelle», précisant qu'il participait à un acte de «désobéissance civile».
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Le personnel du ministère des Ressources naturelles a averti ce vétéran de la guerre d’Afghanistan qu’il écoperait d’une amende, puis l’a suivi alors qu’il s’aventurait dans les bois derrière l’édifice provincial, avant de lui remettre un constat d’infraction de 28 872,50 $.
M. Evely estime que l’interdiction viole ses droits constitutionnels et qu’elle constitue une «punition collective».
«La mesure doit nuire le moins possible et avoir un lien logique avec l’objectif. Mes espadrilles ne produisent pas d’étincelles quand je marche en forêt», a-t-il dit en entrevue avec CTV News. «Je trouve assez insultant pour mon intelligence que (le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston) ait décidé que je ne peux pas promener mon chien dans le parc près de chez moi, simplement parce qu’un autre individu aime jouer avec le feu.»

Jeff Evely compte contester son amende devant les tribunaux et que le Justice Centre for Constitutional Freedoms a proposé de le défendre gratuitement.
L'activité humaine, un facteur de risque d'incendie
C'est la septième fois que le gouvernement de la Nouvelle-Écosse interdit aux gens de traverser les bois sur les terres publiques.
Lorsqu'il a annoncé l'interdiction mardi dernier, M. Houston a dit qu'il n'y avait «aucune fin en vue» à la sécheresse. «Cela ravive les souvenirs et les craintes de ce que cette province a vécu il y a seulement deux ans», a-t-il soutenu.
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Scott Tingley, responsable de la protection des forêts au ministère des Ressources naturelles, affirme que les conditions dans toute la province sont similaires à celles du printemps 2023, lorsque des incendies de forêt ont ravagé certaines parties de la banlieue d'Halifax, forçant l'évacuation de plusieurs quartiers, déplaçant plus de 16 000 personnes et détruisant plus de 150 maisons.
M. Tingley a expliqué à CTV News que les prévisions ne prévoyaient pas de précipitations importantes et que la province ne voulait pas «risquer un incendie incontrôlable de grande ampleur».
«C'est tellement sec en ce moment. Plus il y a de gens dans les bois, plus il y a de risques d'incendie.»
«En Nouvelle-Écosse, presque tous les incendies sont causés par l'activité humaine, et nous savons que nous pouvons avoir un impact en limitant l'activité humaine dans les bois dans ces conditions», a-t-il ajouté.
Ressources d'urgence limitées
À Fredericton, la première ministre du Nouveau-Brunswick a répondu à la frustration des habitants de la région de l'Atlantique qui ont perdu l'accès à leurs activités récréatives préférées, en leur expliquant que cette restriction permettait de garantir que les ressources d'urgence limitées soient acheminées là où elles sont le plus nécessaires.
«Je comprends que les gens trouvent ridicule l'idée que le simple fait d'aller me promener dans les bois puisse provoquer un incendie», a mentionné Susan Holt. «Mais la réalité est que si vous vous promenez dans les bois et que vous vous cassez une jambe, nous ne viendrons pas vous chercher, car nos services d'urgence sont mobilisés pour lutter contre un incendie qui menace la vie des habitants du Nouveau-Brunswick.»
Mme Holt a fait ces remarques lors d'une conférence de presse lundi, où elle a informé les journalistes que trois incendies faisaient rage dans la province.
«Nous vous demandons de faire un choix sûr pour nos premiers intervenants, pour vos voisins et pour nos bois», a-t-elle ajouté.



