Politique

Fermetures de classes en francisation: le gouvernement Legault semoncé

Benoît Dubreuil se dit «préoccupé par les répercussions à court terme des ruptures de service sur les élèves».

Mis à jour

Publié

2024120416120-20241204151212-6750b7f907e1985e6e472c00jpeg.jpg Le commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, répond aux questions des journalistes à Québec, le 29 mai 2024. (Jacques Boissinot | La Presse canadienne)

Le commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, semonce le gouvernement Legault pour avoir mis fin aux services de francisation dans plusieurs centres de services scolaires (CSS). Il ne déclenchera toutefois pas d’enquête sur le sujet, comme le demandait le Parti libéral du Québec (PLQ). 

Dans une rare déclaration écrite envoyée aux médias, M. Dubreuil se dit «préoccupé par les répercussions à court terme des ruptures de service sur les élèves, notamment dans les régions où il n'existe pas d'autres prestataires que les CSS». 

Il souligne «l'importance de replacer rapidement les élèves dont les cours ont pris fin subitement».

«Mieux planifier»

Le commissaire attribue notamment les difficultés vécues dans les CSS aux enjeux de déploiement de Francisation Québec (FQ). Il considère qu'il est actuellement «très difficile» de planifier adéquatement le déploiement de l'offre de services en francisation.

«Francisation Québec, le ministère de l'Éducation et les CSS doivent mieux planifier en amont leur offre de cours de français et bien prévoir les ressources nécessaires pour donner ces cours.»
- Le commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil

À VOIR ÉGALEMENT | Coupes en francisation: le SPEQ se tourne vers les tribunaux pour bloquer la sous-traitance du gouvernement Legault

Les fermetures de classes de francisation au Québec ne cessent de faire les manchettes. «Le Devoir» rapportait encore mercredi que 1468 élèves en Beauce ont dû interrompre leurs cours de francisation en novembre.

Québec peine à faire face à la hausse fulgurante de la demande. Rappelons qu’il y a actuellement autour de 600 000 immigrants temporaires sur le territoire québécois. 

Il y a quelques semaines, le ministre de l’Immigration, Jean-François Roberge, avait rejeté la responsabilité de la fermeture de ces classes sur les centres de services scolaires, affirmant que son gouvernement avait augmenté les budgets de la francisation.

À la fin du mois d'octobre, le ministre avait laissé entendre qu’il y aurait bientôt plus de cours de français offerts aux nouveaux arrivants.

Déséquilibre entre l’offre et la demande

Benoît Dubreuil souligne qu'un «déséquilibre persiste entre l'offre de services en francisation et la demande pour ces services» découlant de la hausse du nombre de travailleurs étrangers temporaires ces dernières années.

Cela se traduit par des délais importants pour ceux qui souhaitent accéder aux cours de français gouvernementaux, dit-il.

Le gouvernement devra réfléchir, lors de la prochaine planification pluriannuelle de l'immigration, à rétablir l'équilibre entre le nombre de personnes qui souhaitent suivre des cours de français et la capacité de Francisation Québec à répondre à leur demande, selon lui.

Pas d’enquête 

En octobre, La Presse Canadienne rapportait que les députés libéraux André A. Morin et Madwa-Nika Cadet avaient fait parvenir une missive au commissaire Dubreuil l’enjoignant à investiguer les «bris de services» dans les classes de francisation dans plusieurs régions du Québec, arguant que le gouvernement «brise le contrat moral entre le Québec et les personnes qui viennent s’y établir».

Dans une lettre envoyée au PLQ et dont La Presse Canadienne a obtenu copie, le commissaire indique qu’il ne déclenchera pas d'enquête, arguant avoir déjà formulé des recommandations concernant la francisation dans son rapport de mai dernier.

Dans ce rapport, il suggère notamment de «développer un modèle de prévision de la demande robuste et renforcer les mécanismes de gestion des inscriptions, de manière à favoriser la réduction des délais de traitement» et de «prioriser, dans la poursuite du déploiement de FQ, les changements à la plateforme “Apprendre le français” qui améliorent l’expérience utilisateur et qui contribuent à accroître l’efficacité opérationnelle». 

«Comme ces recommandations nous semblent toujours pertinentes, et comme elles feront l'objet de suivis auprès du ministère, il ne nous semble pas nécessaire de déclencher une enquête», écrit le commissaire dans sa lettre au PLQ.  

Thomas Laberge

Thomas Laberge

Journaliste

Caroline Plante

Caroline Plante

Journaliste