Les commerçants québécois disent être frustrés par ce qu’ils considèrent comme une invasion du marché de la mode par des concurrents étrangers qui ne jouent pas selon les mêmes règles.
L'une de ces plateformes est Shein, un vendeur chinois qui n'est généralement présent qu'en ligne.
Ce texte est une traduction d'un article de CTV News.
Cet été, le détaillant en ligne a ouvert un magasin éphémère de trois étages dans le centre-ville de Montréal.
La boutique en ligne, ainsi qu'une autre boutique similaire appelée Temu, également originaire de Chine, lancent chaque jour des milliers de nouveaux produits en ligne.
Comme ces entreprises sont basées à l'extérieur du Canada et ne sont présentes qu'en ligne, elles ne paient pas d'impôts au Canada ni au Québec.
«Quand on regarde Zara ou H&M, par exemple, ils lancent entre 100 et 200 nouveaux produits chaque jour. Mais quand on regarde Shein, on parle de 7000 par jour. Ce n'est donc pas le même terrain de jeu», explique Damien Siles, directeur général du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD).
L'ouverture de la boutique éphémère de Shein intervient alors que le CQCD publie une étude auprès de ses membres qui révèle que 58% d'entre eux ont constaté une baisse de leurs ventes depuis l'émergence de ces marques dites fast fashion.
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Selon l'enquête, 17% d'entre eux estiment que cette baisse est importante.
L'enquête porte sur les réponses de 37 membres du CQCD, représentant 1 500 points de vente et magasins au Canada.
Près d'un tiers (30%) disent avoir modifié leur stratégie commerciale et 13% ont dû réduire leurs effectifs en raison de la concurrence des détaillants en ligne étrangers.
Dans un mémoire préparé en vue des consultations sur le prochain budget fédéral, le CQCD accuse l'industrie de la mode éphémère de bafouer les normes environnementales, d'encourager la «consommation opportuniste» et de contourner les lois canadiennes en matière de fiscalité, de sécurité des produits et de travail.
«En matière de sécurité des produits, les entreprises québécoises doivent se conformer à des normes claires et contrôlées. Par exemple, les jouets destinés aux bébés doivent répondre à des critères stricts de non-toxicité, d'absence de petites pièces détachables et de résistance mécanique», souligne le mémoire.
«Plusieurs enquêtes journalistiques et études indépendantes ont mis en évidence des cas récurrents de non-conformité des jouets pour jeunes enfants vendus sur Temu, notamment la présence de substances interdites telles que les phtalates et les risques d'étouffement», poursuit-on. «Les détaillants locaux supportent les coûts de conformité et de sécurité, tandis que ces produits circulent librement sur ces plateformes sans certification préalable ni responsabilité quant à leur sécurité.»
Selon le rapport NETendances du CEFRIO (2024), 55 % des acheteurs en ligne canadiens ont effectué au moins un achat sur une plateforme chinoise entre 2023 et 2024.
Au Québec, ce chiffre était de 40%, ce qui place ces plateformes juste derrière Amazon en termes de popularité, de nombreux articles sur Shein et Temu étant vendus jusqu'à 40 % moins cher que leurs concurrents directs.
«Le prix suggère un changement durable des habitudes de consommation, avec des effets directs sur le commerce de détail local», a déclaré le Conseil québécois du commerce de détail. «Cette tendance appelle à la vigilance, car elle s'inscrit dans un changement structurel qui pourrait accroître la pression sur les détaillants québécois, déjà affaiblis par un environnement économique incertain et une concurrence numérique de plus en plus agressive.»



