Les Blue Jays de Toronto ont donné à Robert Stanton une raison de se réjouir chaque jour.
«Une fois la Série mondiale terminée, je ne sais pas vraiment ce que je vais faire», a dit M. Stanton, assis sur un banc dans un parc du centre-ville de Toronto, tandis que quelques gouttes de pluie d'octobre tombaient sur sa casquette bleue brodée du logo vintage des Jays.
Ce gestionnaire de chaîne d'approvisionnement à la retraite, âgé de 70 ans, est fan de baseball depuis l'âge de cinq ans et il est fasciné par l'histoire digne d'un conte de fées de l'évolution récente des Jays, qui se sont qualifiés pour la Série mondiale contre les Dodgers de Los Angeles.
À des centaines de kilomètres de là, à St. John's, dans la province de Terre-Neuve-et-Labrador, Matthew Robbins, également grand fan de baseball, dit se sentir plein d'entrain depuis le début de la semaine, lorsque les Jays ont décroché leur première place en Série mondiale depuis 1993.
Regarder plus de 100 matchs de baseball par saison est généralement une activité solitaire pour Robbins. Mais dernièrement, son beau-frère et sa sœur se sont joints à lui et les forums de discussion en ligne sur le baseball auxquels il contribue sont très animés.
Ce sentiment que d'autres apprécient le sport qu'il aime est merveilleux, dit-il. Cela rompt la monotonie de la vie à cette période de l'année, alors que le froid s'intensifie et que le ciel s'assombrit plus tôt.
«Je me sens partie prenante de quelque chose.»
L'attrait fédérateur des fans des Jays s'étend d'un océan à l'autre, car il s'agit de la seule équipe canadienne du baseball majeur. Des experts affirment que c'est en fait très sain, malgré les Loonie Dogs – les hot-dogs géants qui se vendent pendant les matchs–, les bières et les nachos au fromage qui sont synonymes d'après-midi ou de soirée au stade.
Cette identité collective crée un sentiment d'appartenance qui peut atténuer l'isolement et la solitude à une époque où ces sentiments sont trop courants.
Même Hal Johnson, animateur et co-créateur des segments BodyBreak qui passaient fréquemment à la télévision canadienne dans les années 1990 et encourageaient les téléspectateurs à être actifs dans leur vie quotidienne, a déclaré qu'il mettait parfois sa santé de côté pour les Jays et achetait un sac de chips barbecue Ruffles.
«C'est un autre élément formidable qui nous unit en tant que Canadiens.»
«L'un des grands avantages des Jays, des événements sportifs et des rassemblements, ce n'est pas nécessairement d'un point de vue physique, mais d'un point de vue émotionnel et mental. C'est une façon de se sentir bien ensemble», a mentionné M. Johnson, aujourd'hui âgé de 69 ans, depuis Muskoka, où il vit avec sa femme et sa collègue Joanne McLeod, également animatrice de BodyBreak.
Lors d'un voyage la semaine dernière, M. Johnson a aperçu quelqu'un qui portait une casquette des Jays et s'est senti proche de cet inconnu.
Au-delà de ce sentiment chaleureux de connexion, la psychologue agréée Zarina Giannone a déclaré que des recherches montrent que le fait d'être immergé dans une communauté sportive peut réellement améliorer le sentiment de bien-être d'une personne.
«L'adoption d'une identité de groupe peut satisfaire notre besoin inné d'appartenance et de connexion sociale», a-t-elle soutenu.
Au début de l'année, une étude sur les fans de football en Italie a révélé un lien positif entre le fait d'être fan et le bien-être subjectif, résultant du développement d'une identité sociale avec d'autres fans. Cette étude s'ajoute à de nombreuses autres qui ont examiné si le fait d'être fan de sport était bon ou mauvais pour la santé.
Comme les Canadiens de Montréal
Parmi celles-ci, une étude réalisée en 2017 a révélé que le rythme cardiaque des fans des Canadiens de Montréal doublait pendant les matchs en direct, ce qui équivaut à un stress physique intense. Une étude japonaise réalisée en 2018 a également révélé un risque accru d'arrêts cardiaques hors milieu hospitalier les jours de matchs de baseball professionnel.

Dans le contexte de la santé mentale, la psychologue agréée a précisé que regarder un match aux côtés d'autres fans peut en fait être un moyen d'échapper aux facteurs de stress de la vie quotidienne, simplement en étant ensemble, immergés dans une expérience partagée, échappant ainsi à l'épidémie de solitude qui résulte du fait de vivre en vase clos plutôt qu'ensemble.
«Cela peut être une expérience psychologique très puissante. En s'éloignant du monde extérieur où règnent les pertes et les tragédies, je pense que cela peut être très enrichissant et réparateur», a dit Mme Giannone.
Quelques secondes après le coup de circuit de trois points de George Springer lundi soir, Michael Greer savait exactement où il voulait être. Il s'est précipité hors de son appartement et a pris le métro jusqu'au Rogers Centre, où une foule de fans sautait de joie en célébrant à l'extérieur du dôme. «Cela apporte un sentiment de communauté, c'est le mot qui convient», a-t-il dit.
