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Face à la colère populaire, le président indonésien met fin aux allocations des élus

Une allocation de logement mensuelle de 4224$ offerte aux parlementaires est au centre des manifestations qui ont débuté lundi.

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Un manifestant lance une pierre sur la police lors d'une manifestation contre les généreuses indemnités accordées aux membres du Parlement, devant le Parlement à Jakarta, en Indonésie, le dimanche 31 août 2025. Un manifestant lance une pierre sur la police lors d'une manifestation contre les généreuses indemnités accordées aux membres du Parlement, devant le Parlement à Jakarta, en Indonésie, le dimanche 31 août 2025. (Dita Alangkara/Associated Press)

Le président indonésien Prabowo Subianto s'est engagé dimanche à supprimer les avantages et privilèges des parlementaires, notamment une allocation de logement controversée de 4000 $, afin d'apaiser la colère populaire après des manifestations nationales qui ont fait six morts.

Entouré des dirigeants de huit partis politiques indonésiens, M. Subianto a annoncé lors d'une conférence de presse télévisée dans la capitale, Jakarta, qu'ils avaient accepté de réduire l'allocation de logement et de suspendre les voyages à l'étranger des parlementaires. Il s'agissait d'une concession rare face à la colère croissante de la population.

D'ici lundi, «les parlementaires verront certaines allocations supprimées et les voyages de travail à l'étranger suspendus en vertu d'un nouveau moratoire», a indiqué M. Subianto.

Alors que les manifestations nationales se sont intensifiées la semaine dernière dans la troisième plus grande démocratie du monde, M. Subianto a convoqué ce week-end les personnalités les plus influentes du pays et annulé un voyage prestigieux en Chine. Il a rencontré 16 personnalités religieuses et huit dirigeants politiques, dont l'ancienne présidente Megawati Sukarnopurti, présidente du seul parti d'opposition officiel du pays, le Parti démocratique indonésien de lutte.

Cinq jours de manifestations ont débuté lundi à Jakarta, déclenchées par des informations rapportant que les 580 législateurs percevraient une allocation de logement mensuelle de 50 millions de roupies (4224 $CAN) en plus de leur salaire. Cette allocation, introduite l'année dernière, représente près de dix fois le salaire minimum de Jakarta.

Ses détracteurs affirment que cette nouvelle allocation est non seulement excessive, mais aussi insensible à un moment où la plupart des gens sont confrontés à la flambée du coût de la vie, des impôts et à la hausse du chômage.

Les manifestations ont pris de l'ampleur et sont devenues plus violentes après la mort d'Affan Kurniawan, chauffeur de voiture de 21 ans. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montrant apparemment sa mort lors d'un rassemblement à Jakarta jeudi a choqué la nation et suscité un tollé contre les forces de sécurité.

 

M. Kurniawan aurait terminé une commande de livraison de nourriture lorsqu'il a été pris dans l'affrontement. Des témoins ont déclaré à la télévision locale que le véhicule blindé de la Brigade mobile de la police nationale avait soudainement foncé dans la foule des manifestants et percuté le jeune homme, le faisant tomber. Au lieu de s'arrêter, le véhicule l'a écrasé.

Le président Subianto a indiqué que la police enquêtait sur sept policiers impliqués dans l'incident.

Le bilan des émeutes qui ont éclaté dans plusieurs villes s'est alourdi à six morts après que les autorités de Yogyakarta ont confirmé dimanche que les affrontements de vendredi entre manifestants jetant des pierres et policiers anti-émeutes avaient tué un étudiant de 21 ans.

M. Subianto a réaffirmé que son gouvernement respectait la liberté d'expression garantie par la Constitution indonésienne et les conventions internationales.

«Mais lorsque les manifestations tournent à l'anarchie, détruisant des installations publiques, mettant en danger des vies humaines et attaquant des domiciles privés ou des institutions publiques, cela constitue une grave violation de la loi», a-t-il déclaré.

Il a mis en garde contre les actes de violence qui peuvent se transformer en trahison et en terrorisme, et a averti que «l'État ne tolérerait aucune tentative de déstabilisation du pays». 

L'ancien général a également appelé la population à s'exprimer de manière pacifique et constructive, et a promis d'entendre la voix des citoyens. «J'appelle sincèrement tous les citoyens à faire confiance au gouvernement et à rester calmes», a soutenu M. Subianto, ajoutant que son gouvernement «est déterminé à toujours défendre les intérêts du peuple et de la nation».