Début du contenu principal.
Il s'agit ni plus ni moins que d'une cassure avec «la façon de faire du Parti libéral des 100 dernières années», pensent les conservateurs.
La décision des militants libéraux d'écarter une résolution enjoignant leur parti à se doter d'une proposition de retour à l'équilibre budgétaire dans sa prochaine plateforme électorale démontre le «virage à gauche, très à gauche» des troupes de Justin Trudeau, estime le lieutenant conservateur pour le Québec, Pierre Paul-Hus.
«C'est sûr qu'avec l'alliance avec les néo-démocrates, puis maintenant avec la façon de dépenser l'argent sans égard aux contribuables, c'est clairement un virage très à gauche de la part du Parti libéral du Canada», a déclaré le lieutenant québécois de Pierre Poilievre dans une entrevue avec La Presse Canadienne en marge du congrès libéral.
Il juge «très inquiétant» le signal envoyé par les militants que «non, l'équilibre budgétaire n'est pas important, on continue comme ça». Il s'agit ni plus ni moins que d'une cassure avec «la façon de faire du Parti libéral des 100 dernières années».
La résolution, qui émanait de l'aile québécoise du parti, a été défaite durant un vote à main levée où 76 délégués étaient en faveur et 97 contre.
Son préambule plaidait que la dette fédérale est passée de 30 % du PIB en 2015-2016 – lors de l'arrivée au pouvoir des libéraux – à près de 50 % en 2021-2022, ce qui «inquiète plusieurs Canadiens».
Il mentionne également que la présence d'un programme de réduction de la dette et de retour à l'équilibre budgétaire aura «sans doute une importance significative» dans l'esprit des électeurs au moment de choisir un parti pour gouverner le pays.
Vendredi, le premier ministre Trudeau avait dévoilé ses couleurs en refusant de s'engager à adopter un tel plan bien qu'il juge «essentielle» la «responsabilité fiscale». Il avait insisté devant les journalistes sur le fait que le Canada a le plus bas déficit au G7, le plus bas ratio de la dette au PIB du G7 et qu'il est l'un des trois plus grands pays du monde avec une cote de crédit AAA.
Après le vote, des libéraux ont expliqué que les militants veulent offrir «un peu de flexibilité» au gouvernement et que «la rigueur budgétaire, ça fait partie de l'ADN du Parti libéral».
Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a aussi appelé à distinguer «dépenses et investissements» en citant la nouvelle usine de batteries de Volkswagen pour laquelle Ottawa a allongé jusqu'à 13 milliards $ de subventions, mais qui «va payer des dividendes sur des générations».
L'argument est loin de convaincre M. Paul-Hus. «En 2015, quand Justin Trudeau s'est fait élire, a joué dans ce terrain-là en disant: “Écoutez, je vais faire un petit déficit de 10 milliards $ la première année, la deuxième année pour investir massivement dans nos infrastructures”. Tu regardes ça, tu dis: “non, ça peut avoir du sens". Mais finalement, on a vu 100 milliards de déficit supplémentaire en quatre ans avec peu d'investissements en infrastructures.»
Et bien qu'il reconnaisse que le gouvernement fédéral devait venir en aide à la population durant la pandémie, M. Paul-Hus estime qu'il y a eu une «perte de contrôle» des finances publiques.
Dans son plus récent budget, qui a été déposé en mars dernier, le gouvernement Trudeau renonçait à sa projection d’un retour à l’équilibre budgétaire dans cinq ans. Pour l’année financière 2023-2024, le gouvernement fédéral projetait que le déficit devrait s’établir à 40,1 milliards $.
Le document budgétaire annonçait toutefois qu'Ottawa accorderait près de 80 milliards $ d’ici 2034-2035 pour soutenir la transition énergétique par le biais de cinq crédits d’impôt, une réplique au plan du gouvernement américain de Joe Biden. Il précisait aussi que la mise sur pied d'un régime de soins dentaires — engagement clé envers le Nouveau Parti démocratique (NPD) — coûterait 13 milliards $ sur cinq ans et 4,4 milliards $ annuellement par la suite.
L'ancien premier ministre Jean Chrétien a été l'une des têtes d'affiche du congrès libéral des derniers jours. Celui qui a dirigé le pays de 1993 à 2003, ayant remporté trois mandats majoritaires, a abordé le thème des finances publiques lors d'un discours qui lui a valu plusieurs tonnerres d'applaudissements. «Depuis 60 ans, il n’y a eu que dix surplus budgétaires dans les finances canadiennes et, M. Poilievre, c’était toujours (sous) des gouvernements libéraux», a-t-il déclaré.
Les délégués libéraux ont adopté un total de 24 résolutions qui sont ainsi devenues des politiques officielles du parti pour les huit prochaines années. Parmi elles, forcer les employeurs de compétence fédérale à offrir quatre semaines de congé payé dès l'embauche, et établir un revenu de base garanti.