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Deux ans après la diffusion de «Père 100 enfants» sur Crave, le ministère de la Santé pourrait implanter un registre national.
Conséquence directe de la diffusion de Père 100 enfants sur Crave, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) se penchera sur l'instauration d'un registre national de donneurs de sperme, d’ovules ou d’embryons, ainsi que sur une contribution limite à 10 familles en centre de procréation assistée, a appris Noovo Info.
Deux ans après la sortie du documentaire des journalistes Marie-Christine Bergeron et Maxime Landry, le MSSS prend finalement acte des recommandations formulées par le Comité central d’éthique clinique en procréation médicalement assistée: il faut prévenir les situations préjudiciables comme celles qu’on a pu voir dans Père 100 enfants.
En entrevue avec Noovo Info, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a indiqué vouloir appliquer les recommandations du Comité. Certaines seront mises en place prochainement et d'autres «un peu plus tard», a précisé le ministre.
En apprenant la nouvelle, une mère qui a eu trois enfants issus des donneurs de sperme en série et qui a participé au documentaire Père 100 enfants, a indiqué avoir maintenant de «l'espoir», mais que le gouvernement doit aussi se concentrer sur les donneurs artisanaux.
«De ce que j’ai pu comprendre ça touche que les donneurs en clinique. Bien évidemment il va falloir que le gouvernement se penche sur les donneurs artisanaux, c’est une urgence», a-t-elle déclaré en entrevue avec Noovo Info.
Elle confirme que des donneurs de sperme en série du documentaire Père 100 enfants sont toujours actifs et qu'il y a encore de nouvelles victimes.
«Le donneur Y s'est même donné une fausse identité pour continuer à berner des mères», a-t-elle affirmé.
Père 100 enfants lève le voile ce phénomène méconnu qu’est le don de sperme artisanal. Des femmes ont découvert qu’elles s’étaient tournées vers les mêmes donneurs de sperme, un père et son fils, et que leurs enfants faisaient donc partie d’une fratrie insoupçonnée.
Après enquête, un troisième donneur de sperme en série a été dévoilé par l’enquête des journalistes de Noovo Info. Cet homme faisait partie de la même famille que les deux autres.
À ce jour, les trois hommes ont engendré des centaines d’enfants. Ils sont Philippe Normand (donneur X), père biologique de Dominik Seelos (donneur Y) et du donneur Z, Raphaël Normand
En plus de semer des souffrances psychologiques, les gestes de ce père et ses fils augmenteraient les risques d’inceste et de consanguinité pour les enfants, et force la divulgation des origines biologiques aux futurs partenaires amoureux et sexuels, avec tous les risques d’intimidation et de moqueries qui en découlent.
En date de 2025, les donneurs X et Y, soit Philippe Normand et Dominik Seelos, continuent de donner leur sperme à outrance et de s’immiscer dans les projets parentaux de tiers. Le donneur Z, Raphaël Normand, a assuré à Noovo info qu'il n'a pas donné du sperme depuis 2020 et n'a aucune intention d'en donner dans le futur.
Christian Dubé, a soutenu en entrevue au Noovo Info 17 vouloir travailler sur un projet de loi qui pourrait permettre de donner des amendes aux hommes qui donneraient davantage que la limite de 10 contributions à des familles.
«Il faudrait faire des changements législatifs dans lesquels il pourrait y avoir des amendes, mais ça, c'est quelque chose qui prend un peu plus de temps. Mais en attendant, si j'avais un conseil à donner aux femmes, c'est de passer par un centre don», a indiqué le ministre.
En vertu de l'éventuel règlement, le ministère de la Santé espère mieux encadrer les dons de sperme artisanaux. En plus du registre national et de la limite de dons de gamètes, le MSSS entend renforcer ses efforts de sensibilisation et d’information auprès des personnes qui envisagent de recourir à un donneur de gamètes, comme l’a recommandé le Comité central d’éthique en procréation médicalement assistée.
Ces efforts incluent la diffusion de capsules vidéo sur les possibilités offertes aux parents pour le don de sperme et la mise sur pied d’un nouvel atelier d’information rendu disponible à l’hiver dernier, notamment.
Mais pour le gynécologue et spécialiste de la fertilité, Dr Pierre Miron, le gouvernement doit négocier directement avec les banques de spermes qui sont approuvés par Santé Canada.
«Le gouvernement, c'est pas avec les centres de procréation qui doit négocier ça, c'est avec les banques de sperme», a-t-il déclaré en entrevue avec Noovo Info.
À la lumière des révélations de Père 100 enfants, le gouvernement du Québec avait ouvert une enquête sur le phénomène de don de sperme artisanal. Dans la foulée de cette enquête, le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait admis combien le phénomène était «préoccupant» et avait lancé un plan d’action pour tenter d’encadrer l’accès sécuritaire aux dons de sperme.
Le Collège des médecins du Québec avait aussi réagi au dossier en effectuant en décembre 2023 une mise en garde pour la population. Dans une courte vidéo, le Collège a souligné les risques associés avec cette pratique, incluant les risques infectieux, génétiques et d’inefficacité de conception.
Avec la collaboration de Laurie Gervais pour Noovo Info
Note de la rédaction: la version initiale de cet article indiquait qu'un éventuel règlement allait imposer une limite de 10 dons par donneur de gamètes, et que les donneurs X, Y et Z continuent de donner du sperme à ce jour. Or, l'éventuel règlement imposerait plutôt une limite de 10 contributions à des familles, et seuls les donneurs X et Y continuent de donner du sperme à ce jour, selon l'information de Noovo Info. Pour plus d’information, consultez les normes éditoriales de Noovo Info.