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Le ministre était de passage au bulletin «Noovo Info 17» afin d'en présenter les grandes lignes.
Tandis que s’épaissit le dossier de donneurs de sperme en série qui ont engendré plus de 650 enfants au Québec, le ministère de la Santé a décidé de lancer un plan d’action pour tenter d’encadrer l’accès sécuritaire aux dons de sperme, a appris Noovo Info.
Le ministre Christian Dubé en a dévoilé les grandes lignes en compagnie de la Dre Amélie Bourassa, de la direction nationale de santé publique, dans une entrevue avec la cheffe d’antenne Marie-Christine Bergeron au bulletin Noovo Info 17, jeudi.
La Dre Bourassa a indiqué que son service travaillerait avec plusieurs comités d'experts afin de tenter d'encadrer davantage le don de sperme artisanal.
M. Dubé a quant à lui avancé qu'un registre de donneurs aurait pu aider à réguler la situation et a invité les personnes concernées à se tourner vers son ministère.
«On veut que les gens nous contactent. On veut être capable d'aider à encadrer, mais surtout à soutenir. S'il y avait un registre pour les dons de sperme artisanaux, on pourrait, nous, contacter les gens», a-t-il soutenu.
La Dre Bourassa a aussi invité la population à s'informer, notamment via les ressources gouvernementales en ligne, avant de recourir au don de sperme et de privilégier les centres de procréation assistée.
Le ministre a avoué que le visionnement de la série documentaire Père 100 enfants avait provoqué plusieurs émotions chez lui, dont du dégoût. «Je m'imagine si ça arrivait à ma famille ou à des gens proches de moi...», a-t-il lancé.
Questionné sur ce qui empêche le gouvernement d'empêcher les donneurs en série de poursuivre leurs activités, le ministre a mentionné que la question allait être étudiée par les comités impliqués dans le plan d'action.
Il aura fallu des mois avant que le gouvernement Legault ne propose des solutions en réaction à la sortie de la série documentaire Père 100 enfants, dans laquelle les journalistes Marie-Christine Bergeron et Maxime Landry révèlent que trois donneurs issus de la même famille sont les géniteurs de centaines d’enfants de façon artisanale par le biais d’annonces sur le web, mais aussi par l’entremise d’une clinique de procréation assistée.
Face à ces révélations, le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique, avait indiqué à Noovo Info qu’il se penchait sur une façon de minimiser les risques liés aux dons de sperme artisanaux. Le Dr Boileau a évoqué la possibilité de limiter le nombre de dons possibles par personne.
Selon l’information obtenue par Noovo Info, le plan d’action du ministère de la Santé ne précise pas si une telle limite sera imposée.
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Voilà qui, au bas mot, exaspère Laurie*, une des centaines de mères impliquées bien malgré elles dans toute cette histoire qui est devenue la grande messagère de ce groupe de femmes lésées. Pour cette mère, annonce du gouvernement Legault vient d’abord trop tard, puis ne contient pas les mesures nécessaires pour enrayer le fléau.
«Ça fait déjà un an que le documentaire est sorti et ça fait un an que les mères, moi ainsi que les autres, nous sommes laissées à nous-mêmes», a déploré Laurie en entrevue avec Noovo Info, jeudi. «On doit nous-mêmes trouver des solutions pour être capable de faire arrêter ces hommes-là.»
Laurie est une des meneuses d’une poursuite judiciaire entamée au nom des victimes – des centaines de mères d’enfants qui partageant le même patrimoine génétique. Une campagne de sociofinancement est en cours.
La première étape du processus judiciaire vise à obtenir une injonction interlocutoire, visant à stopper immédiatement les dons de sperme des donneurs impliqués. Une telle procédure judiciaire a déjà eu lieu dans les Pays-Bas contre un donneur de sperme en série qui a donné pour plus de 500 enfants. Le groupe espère pouvoir se servir de cette cause afin de faire jurisprudence au Québec.
En attendant, les donneurs de sperme artisanal de Père 100 enfants sont toujours actifs à ce jour, a récemment constaté Noovo Info dans le cadre d’un suivi de cette enquête. «En date d'aujourd'hui, les donneurs continuent de donner (du sperme), (le nombre d’enfants engendrés) continue à augmenter», a ajouté Laurie. Elle voit donc que le problème s’aggrave et s’indigne que le gouvernement Legault ne se dépêche pas d’informer les mères concernées de la situation.
Au lieu d’un plan d’action que Laurie perçoit comme vague, il faudrait plutôt «arrêter» immédiatement les donneurs, pour ensuite «s'asseoir et discuter de ce qui pourrait nous être apporté au niveau du soutien psychologique pour nous et pour nos enfants qui vont devoir vivre avec ces conséquences-là pour le reste de leur vie».
*Nom fictif