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Des manifestants lancent des pierres au président argentin Javier Milei

M. Milei s'en est sorti indemne, mais l'attaque contre son cortège a interrompu ce rassemblement très médiatisé.

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2c25c347be9b69cc74cb283c967fd535d77f5b7148209affbbee7ba0db843fb2.jpg La police protège le président argentin Javier Milei et sa sœur, la secrétaire du cabinet de la présidence Karina Milei, d'objets lancés par des manifestants lors d'une caravane de campagne à Lomas de Zamora, en Argentine, le 27 août 2025. (Photo AP/Natacha Pisarenko)

Des manifestants ont lancé des pierres sur un convoi transportant le président argentin Javier Mieli mercredi, alors que sa caravane de campagne traversait la province de Buenos Aires, berceau national du mouvement d'opposition de gauche.

M. Milei s'en est sorti indemne, a indiqué son porte-parole, mais l'attaque contre son cortège a interrompu ce rassemblement très médiatisé et a ravivé les tensions à quelques jours des élections provinciales importantes à Buenos Aires, où vivent plus d'un tiers des Argentins.

L'incident survient alors qu'un scandale de corruption menace d'envahir le cercle intime du président Milei, notamment sa sœur et directrice de cabinet, Karina Milei, qui se trouvait mercredi à bord du véhicule aux côtés du président et des principaux candidats de leur parti au pouvoir, La liberté avance. 

Ils ont reçu des pierres, des bouteilles et d'autres objets. Panique et confusion régnaient alors que partisans et manifestants se pressaient autour de la caravane présidentielle à Lomas de Zamora, bastion historique du péronisme, le mouvement d'opposition populiste axé sur les droits des travailleurs qui domine la politique argentine depuis huit décennies.

Pris au dépourvu, M. Milei s'est réfugié dans le véhicule tandis que ses agents de sécurité se précipitaient pour le protéger des pierres qui sifflaient juste au-dessus de leurs têtes.

Le parti de M. Milei cherche à prendre l'avantage sur les péronistes lors des élections législatives du 7 septembre dans la province de Buenos Aires et d'accroître sa minorité au Congrès, contrôlé par l'opposition, lors des élections de mi-mandat du 26 octobre.

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Ces élections sont considérées par plusieurs comme un test de la popularité et des performances économiques de M. Milei, deux ans après son élection. Il avait promis d'éliminer les déficits budgétaires chroniques du pays et de mettre fin à la spirale inflationniste.

La semaine dernière, les députés de l'opposition ont adopté diverses mesures de dépenses qui menacent de compromettre l'excédent budgétaire durement acquis par le président Milei, soulignant déjà les enjeux des prochaines élections de mi-mandat.

M. Milei a tenu sa promesse phare de réduire l'inflation, ramenant le taux mensuel de hausse des prix de 25 % en décembre 2023 à seulement 1,9 % le mois dernier grâce à son programme de choc budgétaire. Mais il fait toujours face à de nombreux obstacles: baisse du pouvoir d'achat et hausse du chômage.

Les jets de pierres ont rapidement mis fin à la caravane électorale de M. Milei, organisée mercredi comme une démonstration de force politique dans la province de Buenos Aires. Un député de La liberté avance, José Luis Espert, a même enfourché une moto, apparemment fournie par un partisan, et a pris la fuite sans casque.

Christina Fernández accusée

M. Milei et le reste de son entourage ont été emmenés dans un véhicule sécurisé sous la pluie d'objets. Manuel Adorni, porte-parole du président, a imputé l'attaque aux ennemis de toujours de ce dernier: les partisans de la puissante ancienne présidente Cristina Fernández de Kirchner, qui occupait le pouvoir jusqu'en 2015. Il a décrit les manifestants présents au rassemblement comme des «militants de l'ancienne politique» avec «un modèle de violence que seuls les hommes des cavernes du passé souhaitent».

La ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich, a fait écho à ce sentiment, affirmant que le mouvement politique de Mme Fernández «a organisé une attaque contre le président à Lomas de Zamora, mettant en danger les personnes et les familles qui l'accompagnaient».

Malgré son interdiction de politique à vie et son assignation à résidence à la suite d'une condamnation pour corruption en juin, Mme Fernández reste la figure la plus influente du péronisme actuel. Elle est poursuivie en justice dans plusieurs autres affaires de corruption.

La colère de l'opinion publique face à la corruption qui gangrène l'élite politique argentine a contribué à l'ascension fulgurante de M. Milei fin 2023, accentuant le choc provoqué par le dernier scandale.

Dans des messages audio divulgués la semaine dernière, on entendrait le président de l'agence argentine pour les personnes handicapées discuter des pots-de-vin versés à Karina Milei et à son principal conseiller.

L'un des manifestants présents au rassemblement de Lomas de Zamora a cité le scandale, ainsi que les mesures d'austérité draconiennes imposées par le président, comme les raisons de sa décision de manifester contre la caravane.

«On ne veut jamais de violence, mais il y a tellement d'injustice et d'hypocrisie, a expliqué Joel Domínguez. J'ai une fille handicapée, et il nous frappe directement. Il n'y a ni réflexion ni autocritique, car il s'en fiche.»