L'Iran a lancé lundi une attaque de missiles contre une base militaire américaine au Qatar, en représailles aux bombardements américains de ses sites nucléaires et à l'escalade des tensions dans cette région instable.
Les responsables américains n'ont fait état d'aucune victime.
Le Qatar a condamné l'attaque contre la base aérienne d'Al-Udeid, mais a mentionné avoir intercepté avec succès les missiles balistiques à courte et moyenne portée.
L'Iran a indiqué que cette attaque correspondait au nombre de bombes larguées par les États-Unis sur les sites nucléaires iraniens au cours de la fin de semaine. L'Iran a également déclaré avoir ciblé la base, car elle se trouvait hors de zones peuplées.
Ces commentaires, tenus immédiatement après l'attaque, laissaient entendre que l'Iran souhaitait une désescalade avec les États-Unis, une déclaration que le président Donald Trump a lui-même faite après les frappes de dimanche matin contre l'Iran.
Cependant, la guerre d'Israël contre l'Iran se poursuit, l'armée israélienne ayant étendu lundi sa campagne à des sites symboliques de la théocratie du pays.
Peu après l'attaque au missile, Bahreïn, pays du Golfe où se trouve le quartier général de la 5e flotte américaine, a temporairement suspendu les vols dans son espace aérien, une mesure similaire à celle prise auparavant par le Qatar.

L'Iran a annoncé à la télévision d'État lundi soir, heure locale, avoir attaqué les forces américaines stationnées sur la base aérienne qatarie d'Al-Udeid.
Une légende à l'écran qualifiait cette attaque de «réponse puissante et réussie» à «l'agression américaine», sur fond de musique martiale.
Des Irakiens ont déclaré avoir été informés par des responsables américains que des missiles avaient été tirés en direction de la base d'Aïn al-Assad, abritant des troupes américaines dans l'ouest de l'Irak, mais que les missiles n'étaient jamais arrivés, a indiqué à l'Associated Press un responsable de la sécurité irakien, non autorisé à commenter publiquement, sous couvert d'anonymat.
Un responsable militaire américain a affirmé qu'aucune attaque n'avait été confirmée contre la base en Irak. Il s'est également exprimé sous couvert d'anonymat, n'étant pas autorisé à commenter.
À LIRE AUSSI | Conflit Iran-Israël: mise en garde pour les Canadiens au Qatar
Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a affirmé que l'attaque des Gardiens de la révolution islamique constituait «une violation flagrante de la souveraineté du Qatar, de son espace aérien et du droit international».
Al-Udeid abrite également le Centre combiné d'opérations aériennes, qui assure le commandement et le contrôle de la puissance aérienne dans la région, ainsi que la 379e escadre expéditionnaire aérienne, la plus grande escadre expéditionnaire au monde.
Juste avant les explosions, le président iranien Massoud Pezeshkian a écrit sur la plateforme X que «nous n’avons ni déclenché la guerre ni cherché la guerre. Mais nous ne laisserons pas l’invasion du grand Iran sans réponse».
Ces représailles sont intervenues au lendemain d'une attaque surprise américaine lancée dimanche matin contre trois sites nucléaires iraniens.
Israël continue de frapper
Plus tôt dans la journée, Israël a étendu sa guerre contre l’Iran à des cibles liées à la théocratie en difficulté du pays, frappant la porte d’une prison de Téhéran, tristement célèbre pour la détention de militants politiques, et le quartier général de la force militaire, qui a réprimé les récentes manifestations.
Alors que d'épaisses fumées s'élevaient au-dessus de Téhéran, Israël a été attaqué par une nouvelle salve de missiles et de drones iraniens.
Ces tirs persistants sont devenus une réalité pour les civils des deux pays depuis qu'Israël a déclenché la guerre contre le programme nucléaire de Téhéran.
Au 11e jour du conflit, Israël a indiqué avoir attaqué «des cibles du régime et des organes de répression gouvernementaux au cœur de Téhéran», mais les responsables israéliens ont insisté sur le fait qu'ils ne cherchaient pas à renverser le gouvernement iranien, leur ennemi juré depuis la révolution islamique de 1979.
Ces dernières frappes ont eu lieu quelques heures seulement après que le président Donald Trump a ouvertement évoqué cette possibilité, après avoir, la veille, impliqué les États-Unis dans la guerre avec une frappe de bombardier furtif sans précédent sur trois sites nucléaires iraniens.
«Si le régime iranien actuel est incapable de RENDRE À L'IRAN SA GRANDEUR, pourquoi n'y aurait-il pas de changement de régime?», s'est-il interrogé sur son site web Truth Social.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a ensuite indiqué que le président Trump «soulevait simplement une question».
Les suggestions de renversement du gouvernement iranien ont cependant suscité une nouvelle colère de Téhéran, qui maintient son refus de négocier pour le moment et menace de riposter directement contre les troupes américaines ou contre les intérêts américains au Moyen-Orient, déjà enflammé par la guerre qui fait toujours rage entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
L'armée israélienne a averti les Iraniens qu'elle continuerait d'attaquer des sites militaires autour de Téhéran «dans les prochains jours», son attention se portant désormais également sur des cibles symboliques. L'armée a publié cet avertissement sur X, bien que les Iraniens peinent à accéder au monde extérieur en raison d'une coupure d'internet qui paralyse le pays.
Un nouveau chapitre de la guerre
Lors des frappes à Téhéran, Israël a fait sauter une porte de la prison d'Evin. La télévision d'État iranienne a diffusé des images de surveillance en noir et blanc de la frappe dans ce centre connu pour détenir des binationaux et des Occidentaux, souvent utilisés par l'Iran comme monnaie d'échange dans ses négociations avec l'Occident.
Evin dispose également d'unités spécialisées pour les prisonniers politiques, gérées par les Gardiens de la révolution, une force paramilitaire composée exclusivement de volontaires et placée sous l'autorité exclusive du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Le centre est visé par des sanctions américaines et européennes.
Aucune victime ni dommage significatif n'ont été signalés dans l'immédiat en Iran, bien que l'agence de presse semi-officielle Tasnim ait indiqué qu'une coupure de courant avait été signalée à l'extérieur de Téhéran à la suite des frappes israéliennes.
La télévision d'État iranienne a également diffusé des images qu'elle a décrites comme ayant été tournées à Evin, où les prisonniers étaient contrôlés. Cependant, le Centre Abdorrahman Boroumand pour les droits de la personne en Iran, établi à Washington, s'est dit préoccupé par la situation des prisonniers.
Le général iranien Abdolrahim Mousavi, chef d'état-major interarmées, a averti Washington que ses frappes avaient donné «carte blanche» aux forces iraniennes pour «agir contre les intérêts américains et son armée».
Des dizaines de milliers de soldats américains sont basés au Moyen-Orient, dont beaucoup se trouvent à portée de missiles iraniens à courte portée.
L'armée israélienne a confirmé avoir frappé des routes autour du site d'enrichissement iranien de Fordo afin d'en bloquer l'accès. Ce site souterrain est l'un de ceux qui ont été touchés lors de l'attaque menée par les États-Unis contre trois installations nucléaires en Iran. L'armée israélienne n'a pas fourni plus de détails.
«Le dictateur iranien sera puni avec toute la force nécessaire pour avoir attaqué le front intérieur israélien», a prévenu le ministère.
