Des étudiants de l'Université Concordia ont réalisé ce qu'ils appellent la première tentative de lancement spatial au Canada depuis le début du siècle.
Tôt vendredi matin, ils ont lancé une fusée depuis un site isolé du Nord-du-Québec, soit l'aboutissement d'un projet en préparation depuis sept ans.
«Nous essayons de prouver que les étudiants peuvent aussi accomplir des choses difficiles, a souligné le président du Club spatial de Concordia, Simon Randy. Il ne s'agit pas seulement d'entreprises ou de grandes organisations gouvernementales. Ce sont vraiment des gens qui ont la motivation et le courage de travailler sur ces grands projets.»
Starsailor, la fusée à combustible liquide de treize mètres, a décollé peu après 5 h 30, mais le lancement ne s'est pas déroulé comme prévu. Selon M. Randy, la fusée s'est brisée peu après le décollage et n'a pas atteint l'espace. L'objectif était de lancer la fusée dans l'espace et de la faire retomber sur Terre grâce à un parachute, où les étudiants auraient pu la récupérer.
Malgré tout, M. Randy estime que le projet est une réussite. «Nous avons franchi la tour de lancement. Notre vol était stable et notre télémétrie fonctionnait normalement. Nous avons donc énormément appris grâce à cette mission.»
M. Randy a souligné que cette mission était la première tentative de lancement spatial depuis le sol canadien depuis plus de 25 ans, et que Starsailor était la plus grande fusée construite par des étudiants à n’avoir jamais volé. À ses yeux, cette expérience était l'occasion de «montrer au monde que l'espace peut encore être passionnant, même dans un pays où nous ne nous y intéressons peut-être pas».
Il estime que le Canada devrait s'intéresser davantage à la possibilité de posséder sa propre capacité de lancement de fusées. «Dans un monde où les tensions entre les pays pourraient s'accroître, on souhaiterait probablement pouvoir être aussi indépendant que possible dans un large éventail de technologies», a-t-il fait valoir.
L'aboutissement de nombreux efforts
Le projet est né en 2018 dans le cadre d'un concours américain qui offrait 1 million $ US à une équipe universitaire dirigée par des étudiants qui réussirait à lancer une fusée à combustible liquide dans l'espace. Le concours a été bouleversé par la pandémie de COVID-19, mais le Club spatial de Concordia a persévéré.
M. Randy, qui a choisi Concordia il y a trois ans spécifiquement pour rejoindre le club, dit avoir probablement passé plus de temps sur Starsailor que sur les bancs d'école. «C'est comme si toute mon existence était consacrée à ce projet», a-t-il mentionné.
L'équipe espère maintenant récupérer une partie des débris de la fusée avant de rentrer à Montréal. Le lancement a eu lieu à environ 250 kilomètres au nord de la communauté crie de Mistissini, et M. Randy a soutenu que les membres de l'équipe avaient sensibilisé les jeunes de la région pour les intéresser à l'espace. Certains membres de la communauté ont également visité le site de lancement, a-t-il ajouté.
Plus de 700 étudiants de l'université montréalaise ont contribué au programme Starsailor depuis ses débuts, il y a sept ans.
Selon M. Randy, maintenant que tout est terminé, les étudiants sont un peu désemparés et tentent de déterminer ce qu'ils vont faire ensuite.
«Chaque jour, la fusée était là. C'était comme une personne dans la pièce. Il y avait toujours quelqu'un qui travaillait dessus», a-t-il dit.
«Et maintenant, elle n'est plus là.»
