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Le zoo avait ramassé des œufs de tortues et les avait couvés.
Le bébé tortue, âgé de quelques semaines, remue les pattes tandis qu'on le ramasse dans un contenant en plastique bleu et qu'on le place délicatement dans une rivière au sud de Montréal. En un coup de vent, il s'envole, nageant habilement dans l'eau trouble avant de disparaître de la vue.
La petite créature entre le vert et le brun et deux fois plus grosse qu'une pièce de un dollar est l'un des 140 bébés tortues molles à épines, en voie de disparition, qui sont relâchées dans une rivière près du lac Champlain, à deux pas de la frontière américaine, dans le cadre d'un projet pour aider à sauver l'espèce.
En se dirigeant vers la nature, le bébé tortue va se retrouver confronté à une gamme de prédateurs; des ratons laveurs aux poissons, aux oiseaux et aux autres tortues. Au final, seulement une à cinq tortues sur cent vivront jusqu'à l'âge adulte.
Le zoo de Granby, à l'est de Montréal, espère qu'en collectant les œufs de tortue et en les faisant éclore dans un incubateur, loin des prédateurs affamés et des inondations, ces petits auront au moins un peu d'avance.
Chelsey Paquette, coordonnatrice de la conservation, explique que la plupart des tortues sont relâchées à l'âge de quelques semaines, même si le zoo en garde quelques-unes pour les relâcher à un ou deux ans.
«Nous aidons donc ces individus à devenir aussi grands que possible avant qu'ils ne sortent dans le monde réel.»
Mme Paquette était présente samedi à un festival de tortues dans la municipalité de Pike River, où les familles locales ont eu la chance de récupérer les bébés tortues et de les glisser dans l'eau.
La région du lac Champlain est le dernier endroit au Québec où vit la tortue molle à épines, qui doit son nom à sa carapace souple et à ses projections épineuses près de sa tête. Le gouvernement canadien estime que le nombre de femelles adultes dans la région ne se compte que par dizaines.
Le zoo a relâché environ 2 500 bébés tortues depuis 2009, mais espère accélérer le rythme à mesure que son objectif passe de plus en plus de la captivité à la libération des animaux.
Patrick Paré, biologiste au Zoo de Granby, affirme que le zoo espère contribuer à réintroduire quelque 5 000 individus dans la nature d'ici 2030, dont davantage d'espèces de tortues, de chauves-souris et d'oiseaux, dans le cadre d'une mission de conservation annoncée plus tôt cette année.
Ces efforts comprennent également une collaboration avec des zoos d'autres pays, notamment un programme de libération de grenouilles au Panama, et un partenariat avec des groupes de conservation locaux pour protéger l'habitat des tortues et d'autres espèces, a-t-il déclaré.
M. Paré affirme que la tortue molle à épines est une «espèce parapluie», ce qui signifie que la protection de son habitat aidera également à la survie d'autres espèces de tortues, d'oiseaux, de grenouilles et de poissons.
«La tortue molle à épines, dans notre projet, contribue à la protection de dizaines d'autres espèces animales», a-t-il déclaré.
Le mandat du zoo comprend également l'éducation et le travail avec le public. Samedi, sous un ciel ensoleillé, le long de la rivière à vu naître une longue file d'attente de personnes qui avaient gagné leur billet pour libérer une tortue au festival des tortues de Mikinak.
Carole Ménard et Sabrina Leduc, deux voisines, ont relâché leur tortue ensemble. Elles vivent toutes les deux près de l'eau, où elles se sont attachées aux tortues qu'elles voient traîner sur les berges de la rivière. Le fait d'en tenir une dans leurs mains n'a fait que renforcer ce lien, ont-elles déclaré.
«Elle sait où aller», a dit Mme Leduc à propos de la petite tortue. «Elle veut aller dans l'eau.»
Mme Paquette a avancé que certains signes indiquent que les efforts de remise en liberté de tortues molles à épines du zoo pourraient porter leurs fruits. Bien que les chiffres soient difficiles à mesurer, des observateurs ont vu des femelles avec des marques qu'elles ne reconnaissent pas et des nids d'œufs plus petits, ce qui suggère que de nouvelles femelles pourraient se reproduire.
Cependant, l'augmentation de leurs effectifs est un processus lent, étant donné que les tortues ne se reproduisent pas avant l'âge de 12 à 15 ans, a-t-elle déclaré. Mme Paquette a affirmé que certaines des tortues que le zoo relâchera seront équipées de dispositifs de suivi, ce qui, espérons-le, donnera de meilleurs chiffres.
«Normalement, pour les tortues, c'est environ 1% des individus qui survivent réellement jusqu'à l'âge adulte, a-t-elle déclaré. La plupart d’entre eux ne survivront pas, mais c’est vraiment ce 1% que nous voulons aider».