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Démission de Bayrou, appels au départ de Macron: que se passe-t-il en France?

Voici un résumé des derniers développements politiques en France.

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Crise politique en France: Lecornu succède à Bayrou au poste de premier ministre Le président français Emmanuel Macron a nommé mardi le ministre des Armées Sébastien Lecornu, son homme de confiance venu de la droite, au poste à haut risque de premier ministre.

En démissionnant mardi, François Bayrou est devenu le sixième premier ministre français à quitter ses fonctions sous la présidence d’Emmanuel Macron et le cinquième depuis que celui-ci a été réélu en avril 2022.

Le gouvernement de Bayrou, qui était entré en poste en décembre 2024, avait préalablement été renversé lundi. Un total de 364 députés ont voté contre la confiance au premier ministre (194 pour).

C’est notamment le projet de budget de Bayrou, qui prévoyait 44 milliards d'économies pour 2026 pour tenter de réduire la colossale dette publique (114% du PIB) qui a mené à sa chute, alors que les partis campaient mardi sur leurs positions.

Après l’éphémère gouvernement de Michel Barnier (99 jours), le destin de celui de François Bayrou, qui lui avait succédé en décembre, était connu. Depuis plusieurs semaines, les partis d’opposition, de l’extrême gauche à l’extrême droite, avaient affiché leurs couleurs.

Se sachant condamné, François Bayrou avait lancé lundi devant l’Assemblée nationale un ultime cri d’alarme sur la situation économique de la France, deuxième économie de l’Union européenne.

Évoquant une «épreuve de vérité», il a répété que le «pronostic vital» du pays était «engagé» en raison de son «surendettement», qui atteint 114% du PIB.

«Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, mais vous n’avez pas le pouvoir d’effacer le réel», a-t-il lancé à des parlementaires majoritairement hostiles.

Lecornu pour remplacer Bayrou

Pour remplacer François Bayrou, Emmanuel Macron a nommé le ministre des Armées Sébastien Lecornu, son homme de confiance venu de la droite, à Matignon, en le chargeant dans un premier temps de «consulter» les partis en vue de «bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois», a annoncé l'Elysée.

«Il l’a chargé de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois», a indiqué la présidence. «À la suite de ces discussions, il appartiendra au nouveau premier ministre de proposer un gouvernement au président de la République», a-t-elle ajouté.

Les élus réclament le départ de Macron…

Emmanuel Macron a pour l’instant écarté la possibilité d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, réclamée à cor et à cri par l’extrême droite.

La tenue de nouvelles législatives n’est «pas une option, mais une obligation», a affirmé lundi sa cheffe de file Marine Le Pen, dont le parti Rassemblement national et ses alliés sont donnés en tête du premier tour avec 33% des suffrages, devant la gauche et le camp présidentiel, en cas d’élections anticipées.

Le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a quant à lui réitéré lundi soir son appel au «départ» d’Emmanuel Macron.

«Bayrou est tombé. Victoire et soulagement populaire. Macron est désormais en première ligne face au peuple. Lui aussi doit partir», a écrit sur X le triple candidat à la présidentielle, dont le parti La France insoumise doit déposer mardi à l’Assemblée une motion de destitution du président.

Le Parti socialiste a, lui, répété ces derniers jours que la gauche, arrivée en tête aux dernières législatives, devait prendre la tête du gouvernement.

«Nous sommes prêts, qu’il vienne nous chercher», a lancé lundi le président du groupe socialiste à l’Assemblée, Boris Vallaud. Les socialistes ont toutefois prévenu qu’ils n’envisageaient qu’un gouvernement de gauche, sans les macronistes.

Le président pourrait plutôt tenter d’élargir son bloc central et chercher une personnalité de droite ou du centre qui serait acceptée par le Parti socialiste, selon son entourage.

…et la population aussi

On retrouve un son de cloche similaire auprès de la population. La semaine dernière, on apprenait que près de deux-tiers des Français faisaient de moins en moins confiance au duo Macron-Bayrou pour résoudre la crise politique qui secoue le pays et souhaitaient la démission du président de la République.

Selon un sondage Odoxa-Backbone pour le quotidien conservateur Le Figaro, ils étaient 64% à souhaiter un nouveau locataire à l’Élysée et l’organisation d’une élection présidentielle anticipée, plutôt que la nomination d’un cinquième premier ministre en moins de deux ans.

56% d’entre eux réclamaient une nouvelle dissolution et la tenue d’élections législatives anticipées, pour trouver une issue à la crise.

Dans un autre sondage de Verian pour Le Figaro Magazine, seulement 15% des Français déclaraient faire confiance au président, soit une chute brutale et inédite de six points par rapport à juillet 2025.

M. Macron perdait également la confiance de ses électeurs du premier tour en 2022 qui ne sont plus que 45% à lui être favorable (-14 points sur un mois), soit le plus bas niveau observé depuis sa première élection en 2017, selon un second sondage Elabe pour le quotidien économique Les Échos.

Mouvements sociaux

«Le problème actuel en France, c’est que chacun (des partis) a des lignes rouges (qui) rendent totalement impossible la formation d’une coalition. Il n’y a pas de coalition majoritaire qui puisse tenir durablement», estime pour l’AFP Mathieu Gallard, de l’Institut de sondage Ipsos.

Dans un contexte de défiance généralisée envers Emmanuel Macron, dont la cote de popularité est au plus bas depuis son arrivée au pouvoir en 2017 (environ 77% de mécontents selon un récent sondage), plusieurs échéances plaident pour une vacance courte.

Un mouvement «citoyen», né durant l’été sur les réseaux sociaux sous le slogan «Bloquons tout», soutenu par certains syndicats et la gauche radicale, a appelé à paralyser le pays mercredi. Mais la portée réelle de la mobilisation — qui rappelle à certains égards celui des «gilets jaunes» qui a secoué la France en 2018-2019 — reste incertaine.

Toutes les organisations syndicales ont par ailleurs appelé à la grève et aux manifestations le 18 septembre.

Vendredi, l’agence Fitch doit, elle, annoncer la note de la dette française, avec une possible dégradation dans le contexte actuel d’incertitude, faisant redouter des répercussions sur les marchés financiers.