Politique

Demandeurs d'asile: Legault somme Carney d'intervenir auprès de sa ministre

«Au-delà de l'argent, on a un gros problème à Montréal. On a plus de 100 000 demandeurs d'asile. On a presque la moitié des demandeurs d'asile du Canada.»

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dbbc77225e207e79a2da0227d564f4016781d44da3597bd8547333e29984af30.jpg Le premier ministre François Legault en compagnie de son ministre responsable de la Capitale nationale, Jean-François Simard, devant l'hôtel de ville de Québec, le 2 décembre 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jacques Boissinot (Jacques Boissinot/Jacques Boissinot / La Presse Canadienne)

François Legault monte le ton face au premier ministre du Canada, Mark Carney, le sommant «d'intervenir» auprès de sa ministre de l'Immigration dans le dossier des demandeurs d'asile.

Dans une déclaration transmise à Radio-Canada mardi, le cabinet de la ministre Lena Diab a plaidé qu'Ottawa en faisait déjà assez pour le Québec. La somme transférée atteindrait plus de 1,5 milliard $ pour l'année 2024-2025.

«Au-delà de l'argent, on a un gros problème à Montréal. On a plus de 100 000 demandeurs d'asile. On a presque la moitié des demandeurs d'asile du Canada», a déclaré M. Legault en mêlée de presse à Québec. 

«Ce n'est pas seulement une question d'argent; c'est une question d'intégration au français. À 43 % de francophones sur l'île de Montréal, on doit réduire le nombre de demandeurs d'asile à Montréal.

«Je demande à Mark Carney d'intervenir auprès de sa ministre de l'Immigration pour lui expliquer qu'on doit réduire le nombre de demandeurs d'asile à Montréal», a-t-il martelé. 

D'Ottawa, le premier ministre Carney a fait savoir que l'immigration au Canada était «sous contrôle».

«Les demandeurs d'asile ont fortement baissé d'un tiers (...) et on va défendre la langue française avec les plus grands investissements dans le secteur culturel de l'histoire du Canada», a-t-il affirmé lors de la période des questions.

 

Le mois dernier, le ministre québécois de l'Immigration, Jean-François Roberge, menaçait toujours de couper l'aide sociale aux demandeurs d'asile si Ottawa n'en faisait pas plus. 

«À terme, le gouvernement québécois réduira de manière importante l'aide sociale pour que ces personnes-là soient incitées à aller dans une autre province», avait-il déclaré.

Ses propos faisaient suite à l'idée lancée en 2024 par M. Legault de forcer le déménagement de quelque 80 000 demandeurs d'asile. 

Le premier ministre québécois avait alors eu maille à partir avec le ministre fédéral de l'Immigration de l'époque, Marc Miller, qui jugeait l'approche de François Legault «insensée, pas raisonnable».

D'ailleurs, M. Legault a envoyé à M. Miller une autre volée de bois vert mardi, accusant le nouveau ministre responsable des Langues officielles de dire des «conneries» concernant le français au Québec.

M. Miller avait affirmé, plus tôt dans la journée, qu’il en avait assez du débat sur le déclin du français, trop politisé à son goût. «Comme Québécois, je suis assez tanné de ce débat qui est généralement identitaire, qui est électoraliste», a-t-il dit.

«Depuis deux ans, de 2022 à 2024, le pourcentage de francophones à Montréal est passé de 48 % à 43 %. Pis là, Marc Miller, le nouveau ministre fédéral de la Culture, vient dire qu'il est tanné du débat sur le déclin du français. Quelle honte!», a fulminé M. Legault.

«Marc Miller, c'est une honte pour tous les Québécois», a-t-il renchéri.

François Legault avait d'abord refusé de commenter la nomination de Marc Miller, mardi matin. «Écoutez, c'est le choix de Mark Carney», s'était-il limité à dire.

- Avec les informations d'Émilie Bergeron, à Ottawa

Caroline Plante

Caroline Plante

Journaliste