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De l’extérieur, il semblait toujours que les membres du groupe partageaient un lien particulier.
La mort du chanteur des Tragically Hip, Gord Downie, a uni ses admirateurs dans leur deuil, mais a aussi été à la source de l'éloignement des membres du groupe canadien.
La nouvelle série documentaire The Tragically Hip: No Dress Rehearsal de Prime Video révèle que les quatre musiciens survivants du groupe rock de Kingston, en Ontario, ont pris des chemins différents dans les années qui ont suivi leur dernière tournée. Ils se parlaient à peine alors qu’ils luttaient avec une perte partagée.
«Nous étions tous en train de passer à travers le processus (...) Nous avions une belle carrière, mais nous avons perdu notre compagnon, notre ami», explique le batteur Johnny Fay en entrevue.
«Personne n'a tendu la main aux autres pour vérifier ''Hey, comment vas-tu à travers tout ça?'', a renchéri le guitariste Paul Langlois. Nous aurions pu faire plus de vérifications.»
De l’extérieur, il semblait toujours que les membres du groupe partageaient un lien particulier.
Comme le décrit Langlois, cette fraternité se joue comme elle le fait souvent pour les musiciens en dehors de la scène. Quand ils se réunissaient, ils jouaient de la musique tout simplement.
Ainsi, lorsque le groupe a perdu son pilier central, tout semblait perdu.
Gord Downie est mort d’un cancer du cerveau incurable en octobre 2017.
«J’ai perdu la tête, bu beaucoup d’alcool et fui de chez moi», a déclaré le guitariste Rob Baker dans This Is Our Life, dans un livre à paraître sur la carrière des Tragically Hip.
«On pense qu'on a tout perdu, mais ensuite on réalise tout ce qu'il reste encore», a-t-il reconnu.
Sept ans après le décès de Downie, le groupe sort d’une période de réflexion, voire de guérison, stimulée par la série documentaire No Dress Rehearsal, qui a gagné le cœur du public plus tôt ce mois-ci, étant même élue Choix du public pour le documentaire au Festival international du film de Toronto.
Les quatre heures de documentaires, dirigés par le frère de Gord, Mike Downie, s’appuient sur la mémoire collective du groupe pour retracer comment quelques camarades de classe sont devenus l’un des groupes les plus populaires du pays avec un album de grands succès surpassant seulement les Beatles au Canada.
Il y a cinq ans, la réalisation d’une série documentaire sur les Tragically Hip n’était pas dans leurs plans. Les membres du groupe luttaient encore avec leur perte et étaient à peine en contact.
Vers la mi-2019, des rapports ont cependant fait surface selon lesquels un important incendie aux studios Universal d’Hollywood en 2008 avait détruit les bandes originales de nombreux artistes populaires. Sur la liste des enregistrements potentiellement touchés, il y avait des œuvres du groupe.
«C'est l’étincelle qui nous a ramenés ensemble», se souvient Baker dans leur nouveau livre.
Au cours de l’année suivante, le groupe a renoué ses liens et établi des priorités. Ils ont réembauché Jake Gold, un ancien cogestionnaire qu’ils ont congédié en 2003, pour mieux gérer leur héritage et préserver leur histoire. Puis, d’autres projets ont pris naissance.
Mike Downie a approché Gold pour lui suggérer un documentaire sur le groupe, dont il serait le réalisateur. Son CV était déjà riche de décennies d’expérience documentaire — et il avait un accès sans égal aux Tragically Hip.
«Je voulais vraiment raconter l’histoire de mon frère, raconter l’histoire du groupe, raconter l’histoire de Kingston, raconter l’histoire canadienne», a-t-il affirmé en entrevue.
«C’était le bon moment pour s’asseoir et parler de choses vraiment intimes. Je pense que cela a été l’occasion de nous libérer un peu du fardeau que l'on portait».
Ce qui s’est passé au cours des heures d’entrevues entre Mike Downie et ses interlocuteurs était une connexion plus profonde que prévu, a suggéré Gold, qui a été producteur exécutif du projet.
La docusérie ne portait pas seulement sur la tristesse, mais aussi sur le succès, la lutte et le tumulte qui définissent un groupe de rock.
Mike Downie a même retracé un ancien membre du groupe qui a été poussé vers la sortie avant les grands succès du groupe
«Je pense que c’était très difficile pour lui de faire ce film», a affirmé le batteur Johnny Fay.
En plus des histoires personnelles, des archives illustrent l’incroyable ascension du groupe, depuis son premier album de 1989 Up to Here jusqu’à la tournée finale en 2016.
Fay a dit que Prime Video lui avait offert d'enregistrer quatre épisodes.
«Prime était très intéressé de nous laisser raconter notre histoire. Ils n’ont pas interféré. Je ne sais pas si cela se serait produit avec d’autres personnes», a-t-il souligné.
Une question qui reste toutefois sans réponse est de savoir si les membres du Tragically Hip pourraient se réunir?
Ils ont flirté avec l’idée à plusieurs reprises, notamment lors de la cérémonie des prix Juno de 2021 lorsque Leslie Feist s’est jointe à eux pour interpréter It’s a Good Life If You Don’t Weaken au Massey Hall de Toronto.
La question est aussi abordée dans le prochain livre à paraître.
«Gord a essayé de me convaincre environ un an avant sa mort que nous devrions avoir un autre chanteur, mais j’ai dit que nous n’allions pas faire ça», souligne Langlois.
Même s’ils ne suivent pas la voie de Queen ou d’INXS, qui ont remplacé leurs chanteurs défunts, les musiciens des Tragically Hip n’ont pas renoncé à une autre version d’eux-mêmes.
«Nous pourrions faire un disque instrumental plus tard. Qui sait?», a suggéré Langlois en entrevue.