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Décès dans la construction: le Bureau du coroner annonce une enquête publique

Les dates d'audiences ne sont pas encore connues.

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Décès dans la construction: le Bureau du coroner annonce une enquête publique Décès dans la construction: le Bureau du coroner annonce une enquête publique

Le Bureau du coroner annonce une enquête publique sur trois décès survenus, ces derniers mois, dans l'industrie de la construction.

L'enquête du coroner portera plus spécifiquement sur les décès de Médrik Lincourt, survenu le 4 août 2025 à Terrebonne, celui de Mario Ross, survenu le 4 avril 2025 à Drummondville, et celui de Vito Fundaro, survenu le 19 juin 2024 à Montréal.

La coroner Andrée Kronström veillera à trouver les causes et les circonstances entourant ces décès et à élaborer une réflexion élargie sur les pratiques de sécurité en vigueur dans l'industrie. Le Bureau du coroner indique qu'«au besoin», la coroner formulera des recommandations dans le but d'éviter que d'autres décès se produisent dans des circonstances similaires.

Les dates d'audiences et leur durée ne sont pas encore connues.

L'industrie de la construction est reconnue pour être particulièrement visée par les accidents du travail, qu'il s'agisse de mortalité ou de lésions professionnelles.

Un travailleur de la construction a confié à Noovo Info que l'enquête publique était bienvenue.

«Les chantiers plus ça va, plus ça va vite, plus les délais sont serrés et moins qu'on a de monde», dit-il.

De son côté, Jean-François Dionne, ex-président de l’Association des signaleurs routiers du Québec, pense qu'il faut élargir l'enquête aux routes qui entourent les chantiers.

Il espère aussi d'ailleurs que le coroner va se pencher sur la formation, sur la signalisation, il interpelle aussi le ministre du Travail, Jean Boulet à ce sujet.

À voir dans la vidéo liée à l'article.

La FTQ-Construction, qui représente près de 90 000 travailleurs dans l'industrie, se réjouit, pour sa part, du fait qu'une enquête publique soit enfin annoncée sur le sujet. Plusieurs de ses syndicats affiliés avaient déjà demandé une telle enquête, en raison du nombre d'accidents de travail causant soit des décès, soit des blessures.

En entrevue mardi, le président de la FTQ-Construction, Alexandre Ricard, a d'ailleurs «dénoncé les coupures à la CNESST», commandées par le Conseil du trésor pour des raisons budgétaires. La Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail veille justement à faire de la prévention, inspecte les chantiers, veille au respect de la réglementation en matière de santé et de sécurité au travail, rappelle-t-il. «On a de quoi s'inquiéter.»

«On a encore trop de décès dans l'industrie de la construction. C'est pratiquement un tiers des décès dans la force de la main-d'oeuvre. Et sachez que, dans l'industrie de la construction, on ne représente pas plus que sept à huit pour cent de la force de la main-d'oeuvre au Québec, mais, pourtant, on représente 33 pour cent des décès», a dénoncé M. Ricard.

Qui plus est, à cause de la pénurie de travailleurs dans l'industrie, les autorités cherchent à faciliter l'entrée d'un plus grand nombre de candidats dans l'industrie, sans qu'ils aient toujours suivi une formation dans une des écoles des métiers de la construction.

 

Cela peut poser problème, note M. Ricard. «On a mis tous les ingrédients pour rentrer dans le mur, avoir des situations tragiques. Par contre, il n'est jamais trop tard pour bien faire», en faisant davantage de prévention, de formation, en améliorant les mesures de protection, en inspectant les chantiers.

Des syndicats de la FTQ-Construction «avaient dénoncé le manque d'inspection sur les chantiers pour stopper les entrepreneurs fautifs et demander des correctifs immédiats pour améliorer la santé et la sécurité. Faut bien se comprendre: on a de bons entrepreneurs et on en a des mauvais. On veut que ceux qui sont délinquants, qu'ils soient punis, pour que ceux qui ont de bons résultats et qui travaillent de la bonne façon continuent à exercer leur travail de la bonne façon», a résumé M. Ricard.

La CNESST a précisé qu'en 2024, 68 décès ont été enregistrés dans l'industrie de la construction — ce qui inclut les maladies professionnelles et les accidents du travail. Dans l'ensemble, 246 décès en milieu de travail ont été enregistrés au Québec.

À son tour, le syndicat des Métallos, qui est aussi affilié à la FTQ, s'est réjoui de l'annonce d'une enquête publique, lui qui représente plus d'un millier de signaleurs routiers.

« Les morts s’accumulent depuis des années dans l’indifférence totale. Chacun des décès est traité comme un fait divers, sans lendemain. Enfin, on a espoir que cette enquête du coroner permettra de mettre en lumière les problèmes structurels sur les chantiers de construction et dans le secteur de la signalisation routière », a commenté la présidente de la section locale concernée des Métallos, Nathalie Perron.

Lia Lévesque

Lia Lévesque

Journaliste