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L’exposition Nature vive, une expérience immersive actuellement présentée au Palais des congrès de Montréal, se termine par une vidéo où l’environnementaliste discute de l'état de la planète avec sa fille et son petit-fils.
Des politiciens qui croient au changement climatique et qui souhaiteraient protéger l’environnement ne le font pas, car ils sont piégés dans un système politique qui n’accorde pas de valeur à la nature. C'est entre autres ce que dénonce l'environnementaliste David Suzuki, qui était de passage à Montréal cette semaine.
L’exposition Nature vive, une expérience immersive actuellement présentée au Palais des congrès de Montréal, se termine par une vidéo où l’environnementaliste discute de l'état de la planète avec sa fille et son petit-fils.
Celui-ci fait remarquer à son aîné que si la nature est en crise, c’est parce qu’il semble que «les leaders du monde ont oublié ce que signifie que d’être humain».
Le militant écologiste lui répond qu’il y a toutefois «une lueur d’espoir et que le changement est en train de se produire», car «on voit de plus en plus d’engagements pour protéger la nature».
Lors d'une entrevue La Presse canadienne a demandé à David Suzuki s’il craignait que les élections possibles de Donald Trump aux États-Unis et de Pierre Poilievre au Canada mettent en péril de nombreux engagements pris dans les dernières années pour protéger la biodiversité et lutter contre les changements climatiques.
«Franchement, Poilievre va entrer, et oui, il va détruire tout ça», a lancé M. Suzuki, attablé dans un café du Palais des congrès.
Si l’homme de 88 ans ne tient pas en estime le politicien conservateur, il n’est pas pour autant satisfait, et c’est le moins qu’on puisse dire, du travail de Justin Trudeau.
Il a raconté avoir appelé le premier ministre en 2015 pour le féliciter d’avoir signé l’Accord de Paris et d’avoir fixé des cibles ambitieuses pour le Canada.
«J’ai célébré et je me suis dit qu’enfin, on a un premier ministre qui comprend ce qui se passe, mais deux ans plus tard, il a acheté le pipeline Trans Mountain.»
M. Suzuki a raconté avoir envoyé un courriel au premier ministre pour lui expliquer que «ses propres enfants paieront la note de cette décision» et en lui demandant de réfléchir aux raisons pour lesquelles il avait voulu être premier ministre.
«Vous savez ce qu’il m’a répondu? Rien. Il ne répond plus à mes courriels depuis», a confié David Suzuki.
«Trudeau comprend les changements climatiques, mais c’est la politique qui le tient en otage», a-t-il ajouté.
À ce moment de l’entrevue avec La Presse canadienne, le ton de l’environnementaliste a monté, il s’est même permis quelques jurons, ce qui a semblé étonner, mais aussi inspirer les quelques personnes qui écoutaient la discussion, dans le café du Palais des congrès.
Peu importe qui est au pouvoir, notre système politique ne permet pas de protéger l’environnement, selon M. Suzuki.
«Le travail du ministre des Pêches et des Océans n’est pas de protéger les poissons, mais plutôt les gens qui veulent utiliser le poisson ou les océans. Le ministre des Ressources naturelles ne protège pas les forêts, mais les gens qui les exploitent. Les humains ont cet état d'esprit maintenant qu’ils sont aux commandes de tout et qu’ils peuvent disposer de la nature comme ils le veulent, mais on sait à quel point cette façon de penser est devenue destructrice. Les lions disparaissent? On va se dire "oh, mon dieu, on va les sauver". Les baleines à bosses disparaissent? Alors on se dit qu’on devrait faire quelque chose. Mais on ne règle pas le fond du problème», a dénoncé l’homme de 88 ans.
«Depuis le début de ma vie, la moitié des espèces de la planète ont disparu et un million d’autres sont maintenant sur le point de disparaître», a rappelé David Suzuki.
«On fait partie de cette nature, alors quand on la détruit, on se détruit.»
Pour illustrer comment les humains ont perdu le contact avec la nature et sa valeur, David Suzuki a fait référence à un passage du livre Value(s) – Building a Better World for All, de Mark Carney.
«La société Amazon de Jeff Bezos est valorisée par l'économie à plus de 100 milliards de dollars. Mais l’Amazone, le plus grand écosystème de la planète, n'a aucune valeur économique jusqu'à ce que quelqu'un exploite un gisement minier, récolte ses arbres ou y cultive du maïs.» C’est une autre preuve «que ce système est foutu», a-t-il indiqué en ajoutant que «nous sommes piégés par un système économique, juridique et politique qui ne tient pas compte de la nature» et de sa valeur réelle, qui est inestimable.
David Suzuki était de passage à Montréal notamment pour visiter l'exposition immersive Nature vive, à laquelle il a contribué avec sa famille et qu’il visitait pour la première fois.
Cette exposition utilise les arts numériques immersifs et vise à «inspirer les visiteurs de tous âges vers l’action positive face aux grands enjeux liés à la biodiversité».
En sortant de l’exposition, l’environnementaliste a qualifié l’expérience de «très émotionnelle» et l’a recommandée à «tous les gens, particulièrement ceux qui ont des enfants et des petits-enfants».
Toutefois, il aurait aimé que l’œuvre, dans son ensemble, porte un message plus audacieux.
«Les humains sont là depuis 200 000 ans, ce qui est très récent.» Mais «ces derniers temps, nous nous sommes éloignés de la nature» et «très soudainement, nous sommes devenus cet incroyable prédateur, car nous disposons désormais de technologies qui nous permettent de faire des choses qu'aucun animal n'a jamais faites» et «nous avons pris le contrôle de la planète, nous sommes devenus très destructeurs» et «j’aurais aimé que cette réalité soit transmise» dans cette expérience immersive.
Malgré sa colère et son indignation face aux comportements destructeurs des humains et de leurs dirigeants, David Suzuki dit garder espoir.
L’humain, a-t-il expliqué, est passé d’un animal qui était en symbiose avec la nature à un animal destructeur en une très courte période, d’environ 200 ans.
L’inverse, selon lui, peut aussi se produire.
C’est-à-dire de passer, en très peu de temps, d’un mode de vie destructeur à un mode de vie plus harmonieux.
C'est ce que l'écologiste a expliqué en indiquant qu'il a espoir que ses «critiques aient un effet et puissent se transformer en action».