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Le directeur national de santé publique, Luc Boileau, rejette l’idée de la vaccination obligatoire, mais refuse de se prononcer sur la taxe santé.
Voyez le reportage de notre journaliste Simon Bourassa
« Toutes les mesures qui peuvent être prises pour accentuer l’élan vers la vaccination sont les bienvenues. Maintenant il s’agit (la taxe santé) de mesures économiques et je préfère ne pas commenter sur les mesures économiques. Ça ne relève pas de l’expertise de la santé publique », a-t-il dit lorsqu’interrogé sur l’intention du gouvernement Legault d’imposer une taxe aux non-vaccinés.
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Quant à l’idée d’imposer la vaccination obligatoire, il l’a écartée du revers de la main: « Ce n’est pas le moment de proposer ça. Actuellement, ce n’est pas dans les cartons. »
Dans sa première conférence de presse « en solo », c’est-à-dire exempte de ses patrons politiques, le docteur Boileau avait un message d’espoir à livrer aux Québécois: « On a des signaux — de l’OMS en particulier — qui disent qu’à l’échelle mondiale, on est en train de passer vers un stade endémique. »
Il n’a par ailleurs pas semblé inquiété outre mesure par l’apparition du sous-variant d’Omicron, le BA.2, qui prend de l’ampleur en Europe et qui s’est manifesté au Canada et au Québec. « On ne croit pas que ça va faire basculer les plans de déconfinement. (…) Probablement qu’il est plus contagieux. Les données jusqu’à maintenant ne montrent pas qu’il serait plus dangereux en termes d’hospitalisations ou plus mortel. »
Les indices d’amélioration sont d’ailleurs visibles au Québec puisque la conférence de presse, qui visait à faire le point sur la situation de la COVID-19, a permis de présenter les dernières données de l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) qui laissent entrevoir une baisse marquée des nouvelles hospitalisations au Québec dans les deux prochaines semaines.
Ainsi, le docteur Boileauestime que ces indices permettent d’entrevoir certains autres assouplissements, mais une semaine à la fois. Il a dit croire que d’autres annonces pourraient suivre après les assouplissements annoncés par le gouvernement pour le 31 janvier — comme la réouverture des restaurants et des activités sportives pour les jeunes — et le 7 février - pour les cinémas et les salles de spectacle.
La santé mentale des jeunes a été invoquée pour permettre la reprise des sports et des loisirs chez les jeunes, mais pour ce qui est des adultes, il n’a pas laissé entrevoir d’assouplissement à court terme. « Les sports d’équipe en particulier et même les sports individuels dans des endroits comme des gyms ont été reconnus jusqu’à maintenant comme des endroits où on avait quand même beaucoup d’éclosions », a-t-il rappelé.
Pour accélérer les assouplissements, il faut accélérer la vaccination, a-t-il martelé à répétition, déplorant que moins de 80 % des personnes de plus de 60 ans aient eu leur troisième dose de rappel alors qu’elles sont les plus à risque de conséquences graves, et que moins de 50 % des 40 à 60 ans l’aient obtenue.
« Plus vous allez vous faire vacciner, plus vous allez chercher votre troisième dose, plus on va s’en sortir », a-t-il affirmé, ajoutant que cette dose de rappel était aussi cruciale pour éviter la COVID longue. « On estime à des pourcentages très élevés ceux qui vont l’avoir, ceux qui ne bénéficieront pas de cette troisième dose et vous ne voulez pas avoir ça. C’est dur, c’est long d’avoir une COVID longue. »
Quant à ceux qui auraient contracté le virus après avoir reçu deux doses d’un vaccin, M. Boileau a dit qu’ils pourraient attendre de huit semaines à trois mois avant une dose de rappel. Toutefois, avec certains symptômes et un simple test rapide, « dans le doute (sur une réelle contamination), allez chercher la vaccination », a suggéré M. Boileau, disant qu’il n’y voyait pas de risque important.
À ceux qui se demandent pourquoi l’Angleterre peut passer à une levée des mesures sanitaires et pas le Québec, le docteur Boileau donne une réponse sans appel. D’une part, l’Angleterre est bien en avance pour la troisième dose, mais surtout: « La capacité du système de santé au Québec est moindre en termes de nombre de lits que ce qu’on va retrouver en Angleterre. Le nombre de lits et le nombre de personnels aussi est inférieur, toutes proportions gardées, à ce qu’on va retrouver dans d’autres juridictions, notamment en Angleterre. »
Le retour en classe des élèves, qui a soulevé bien des inquiétudes, « est sécuritaire », dit-il, tout en rejetant l’idée d’installer des purificateurs d’air dans les classes. « On n’a pas besoin d’ajouter des appareils qui ne sont pas démontrés dans un contexte scolaire d’être un facteur d’amélioration pour la COVID en particulier. Il n’y a aucune démonstration scientifique de ce côté-là », a-t-il tranché.
Du côté des projections rendues publiques par l’INESSS jeudi, la baisse marquée des hospitalisations qu’il prévoit d'ici deux semaines ne suffira pas à sortir le réseau du niveau 4 de délestage, le niveau maximum où il se trouve présentement.
Ces projections sont basées sur les données en date du 21 janvier, soit vendredi dernier, et l’organisme prévient donc que « les intervalles de confiance de ces projections sont assez larges », ce qui signifie que la marge d’erreur est grande, et ce, dans les deux sens.
De plus l’Institut note que ces projections ne tiennent pas compte de la rentrée scolaire qui a eu lieu le 17 janvier et dont l’impact sur la pandémie à terme n’est pas encore connu, d’où son avertissement que ses projections « doivent être interprétées avec prudence ».
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En détail, l’INESSS s’attend, d’ici à deux semaines, à ce que le nombre d’hospitalisations diminue d’environ 170 par jour, ce qui devrait se traduire par une occupation de lits réguliers occupés par des patients COVID d’environ 2500, comparativement à 3153 en date de jeudi.
Du côté des soins intensifs, l’organisme entrevoit une occupation d’environ 250 lits, alors que ce nombre était de 235 jeudi à la suite d’une baisse de 17 par rapport à mercredi.
Par ailleurs, le portrait de la situation durant la semaine du 15 au 21 janvier présenté par l’INESSS souligne à grands traits que « pour la première fois depuis plus de deux mois, le nombre d’hospitalisations était en baisse de 23 % par rapport à la semaine précédente » et que cette baisse « s’observe dans tous les groupes d’âge et dans toutes les régions ».
Le pourcentage des personnes hospitalisées qui nécessitaient un séjour aux soins intensifs (11 %) est demeuré stable.
Enfin, l’INESSS précise que « plusieurs personnes sont hospitalisées pour une raison autre que la COVID, mais sont ensuite déclarées positives (diagnostic secondaire) lors de leur admission ou durant leur séjour. Cette proportion pourrait représenter près de 50 % des lits réguliers et plus de 25 % des lits aux soins intensifs ».