Le survivant d'une frappe américaine contre un submersible accusé par l'administration Trump de transporter de la drogue dans les Caraïbes a été libéré par les autorités équatoriennes, les procureurs ayant déclaré ne disposer d'aucune preuve qu'il ait commis un crime dans ce pays sud-américain, a expliqué lundi un responsable gouvernemental.
Ce responsable, qui a requis l'anonymat car il n'était pas autorisé à s'exprimer sur le sujet, a indiqué à l'Associated Press (AP) que l'Équatorien, identifié comme Andrés Fernando Tufiño, était en bonne santé après examen médical.
Un document du gouvernement équatorien obtenu par l'AP indique qu'«il n'existe aucune preuve ni indication permettant aux procureurs ou aux autorités judiciaires d'établir avec certitude» une quelconque violation des lois en vigueur par M. Tufiño.
L'AP a sollicité les commentaires du bureau du procureur général, mais n'a pas reçu de réponse immédiate.
L'homme a été rapatrié par les États-Unis cette fin de semaine après une attaque militaire américaine contre un submersible soupçonné de transporter de la drogue dans les Caraïbes. Un citoyen colombien a également survécu à l'attaque et est toujours hospitalisé après avoir été rapatrié dans son pays.
Des militaires américains ont secouru les deux hommes après la destruction du submersible jeudi. Donald Trump a déclaré sur les réseaux sociaux que les services de renseignement américains avaient confirmé que le navire transportait «principalement du fentanyl et d'autres drogues illicites».
Il existe peu d'éléments indiquant que le fentanyl soit produit dans les Andes, la grande majorité de ce produit entrant aux États-Unis via le Mexique.
Donald Trump a expliqué que deux personnes à bord avaient été tuées et que les deux survivants étaient rapatriés dans leurs pays d'origine «pour y être détenus et poursuivis».
L'attaque contre le submersible était au moins la sixième du genre depuis septembre. Une septième, survenue vendredi, a été signalée cette fin de semaine, portant le nombre total de victimes à au moins 32.
L'ambassadeur colombien rapatrié
Ces frappes ont ravivé les tensions dans la région, notamment entre Donald Trump, le Venezuela et la Colombie, autrefois l'un des alliés les plus proches du gouvernement américain dans l'hémisphère occidental. Le gouvernement colombien a déclaré que le survivant «sera poursuivi conformément à la loi» pour trafic de drogue présumé. Il a précisé que l'homme avait été grièvement blessé.
Le gouvernement colombien a annoncé lundi avoir rappelé son ambassadeur aux États-Unis après des échanges de plus en plus houleux entre son président, Gustavo Petro, et Donald Trump au sujet des frappes.
La tension s'est accrue dimanche lorsque Donald Trump a qualifié Gustavo Petro de «chef du trafic de drogues illégal» et de «fou», après que le président Petro a accusé le gouvernement américain d'avoir tué un citoyen colombien lors d'une frappe le 16 septembre contre un bateau qui, selon les États-Unis, transportait de la drogue.
Par ailleurs, le président conservateur équatorien, Daniel Noboa, a déclaré lundi dans une publication sur X adressé à son homologue américain: «Président Trump, l'Équateur reste ferme dans la lutte mondiale contre le trafic de drogues». Il a ajouté que de tels défis «requièrent l'unité des nations engagées dans la paix et la prospérité».
Donald Trump a justifié ces actions en affirmant que les États-Unis étaient engagés dans un «conflit armé» contre les cartels de la drogue.
Il s'est appuyé sur le même raisonnement juridique que celui utilisé par l'administration de George W. Bush lorsqu'elle a déclaré la guerre au terrorisme après les attentats du 11 septembre 2001. Ce raisonnement inclut le pouvoir de capturer et de détenir des combattants et d'utiliser la force meurtrière pour éliminer leurs chefs.
